Dépourvue d'Astre

2.'Menos que se pueda pedir a una escultura, el caso es que no mueve.'

'Le moins que l'on puisse demander à une sculpture, c'est qu'elle ne bouge pas.'

Salvador Dali. (1904-1989)

22 juin 2017

« Je te l'ai déjà dit Ava, arrête de te retourner la tête avec de telles bêtises ! Tout cela n'a aucun sens. » Rouspéta Chris une nouvelle fois en s'installant confortablement contre les coussins de son lit.

Je soufflais moi aussi, faisant les cents pas dans sa chambre, angoissée.

« Ah oui ? Alors comment expliques-tu ce message ? » Le défiais-je du regard en pointant à nouveau vers lui le livre qui se trouvait entre mes mains.

Celui-ci haussa les épaules, confus.

« C'est bien ce que j'essaie de te dire, tout ceci n'a aucun sens. »

Je m'énervais de plus belle, faisant valser par la même occasion l'ouvrage qui atterrit sur le matelas où se trouvait mon meilleur ami.
Une nouvelle énigme venait se rajouter à mes quêtes et cela ne faisait que m'épuiser davantage.
Mes cauchemars ne cessaient pas, j'avais refait le même cette nuit. Lorsque j'étais revenue hier soir à mon appartement, le livre à la main, je me suis d'abord interrogée de toutes les manières possibles au sujet de cet étrange poème.
Malheureusement, aucune d'elle n'arrivait à expliquer dans quel but il m'était destiné.

Comme le pensait et l'expliquait Chris, cela pourrait être tout simplement une farce de la part d'un lycéen ou autre, pourtant je n'arrivais pas à y croire.
Un abruti de ce genre ne ferait pas quelque chose d'aussi intelligent et réfléchi ; du moins je n'en voyais pas l'utilité.

Mes interrogations s'interrompirent lorsqu'un appui s'exerça délicatement sur mon épaule droite.
En relevant la tête, je découvris la main de Chris ; puis lui, son visage baigné d'inquiétude et de questionnements.
Tout en m'affolant, je transmettais la peur à mes proches qui eux, voulaient me rassurer. Etais-je normale ?

Machinalement, je la retirais de mon épaule puis l'enserrais de mes deux mains en le regardant droit dans les yeux.

Les pupilles de mon meilleur ami étaient dotées d'un bleu très étonnant ; variant entre le gris et le turquoise, j'étais souvent captivée par cette couleur que je n'avais vu nulle part ailleurs.

Avec ses cheveux châtain clair, coupés en un court dégradé, qui se transformaient en une couleur rouge ardente à l'apparition du soleil, Chris était beau et ne s'en cachait pas.
Sa barbe rasée de quelques jours laissait paraître divers piquots qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'atténuait en aucun cas son charme et sa beauté physique.

« Je... Je suis désolée d'avoir réagis comme ça... m'excusais-je. Je suis vraiment à cran en ce moment et... »

Pour toute réponse, il me prit dans ses bras et instinctivement, je calais ma tête contre son torse.
Ses caresses sur mon cuir chevelu m'apaisèrent quelques instants et j'expirai profondément.

« On trouvera la personne qui a écrit ces conneries, je t'en fais le serment Cheshire. »

Je souris à l'entente de mon surnom. En effet, j'étais plutôt souriante habituellement, j'avais cette capacité à toujours étirer mes lèvres d'un beau sourire ce qui m'avais valu ce nom débile mais que j'aimais tant venant de Chris : « cheshire cat », faisant référence au chat dans Alice aux pays des merveilles.
Personnellement, je trouvais ce personnage de film d'animation assez flippant...

« Bon, changeons de sujet : toutes tes affaires sont bien prêtes ? Il ne reste plus qu'à les récupérer chez toi pas vrai ? »

A ses paroles, mon visage s'illumina : j'étais tellement absorbée par mes pensées douteuses que j'en venais même à oublier la raison principale de ma venue chez Chris.
J'allais partir en vacances dès ce soir ! En effet, tout cela avait vraiment été très rapide.
Mon fantastique acolyte avait réussi à dénicher deux billets d'avions allers-retours pour New York à moitié prix ! Nous décollerons cette nuit, à 00h30. J'avais vaguement parlé de potentielles vacances à Helen la veille et dès que la vieille femme avait compris ce dont je voulais parler, ce fut presque elle qui m'eut obligé à prendre congés immédiatement.