Chapitre 4

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Aurélien était quelqu'un de sensible. C'était un fait avéré. Que se soit sur le plan affectif ou dans la vie de tous le jours, il était ce que ses potes appelaient un fragile.

Bien sûr, cela ne venait pas de nulle part, petit, son côté rêveur l'avait éloignait des autres enfants, adolescent, son excentricité avait déplu à ses camarades et maintenant, c'était son côté gamin de trente ans que les gens n'aimait pas.

Il s'en voulait, à chaque moquerie, à chaque insulte, il aurait aimé être une autre personne pour ne plus avoir à les subir.
Alors il souriait, il souriait et repartait dans ses réflexions.
Mais quand il commençait à se laisser porter par le courant de ses pensées, généralement, ce n'était jamais bon pour lui.

Il était malade, ok, on était en hiver, beaucoup de gens chopaient la grippe, rien de grave en soit.
Cependant, il ne pouvait s'empêcher de se dire que ses producteurs n'en pouvaient plus, qu'il faisait l'enfant gâté, qu'il ne bossait pas. Pourtant, il en passait des nuits à écrire, à s'écorcher sur le papier, à concrétiser ses peurs, à s'avouer ses doutes, à extérioriser ses pensées les plus sombres.
Il avait horriblement peur qu'on lui dise que tout est fini, qu'il n'est pas à la hauteur, que ce qu'il fait est sans intérêt. Malgré ses amis et leurs soutiens...

- J'suis rentré ! Tu vas en bouffer des médocs, mon gars !

Gringe débarqua dans le salon, un sac en plastique blanc dans chaque main, l'air ravis sur le visage.
L'homme au bonnet déballa son butin sur la table basse, poussant les mouchoirs et le cendrier. Il sortit toute sorte de médicaments au nom tout plus bizarre les uns que les autres.

- T'aurais vu la pharmacienne mon pote ! Une déesse sur terre ! J'ai cru que sa blouse allait exploser tellement ses nichons... Orel ?

- Hein ?! Oui... Oui, c'est juste que tu me fais penser qu'il faut que j'appelle ma meuf, elle doit être rentré de Paris, je pense...

- Ah oui ! La femme de ta vie là, comment c'est déjà... Marie ?

- Manon, fit Orel, légèrement exaspéré. Elle est... Très gentille et elle m'aime.

- Avant elles te cassaient tout le temps les couilles ! T'as géchan mon petit Orel !

- Allé ferme... Ferme ta gueule et passe moi le doli... Doliprane, ma tête va ex...ploser...

Gringe lui lança la petite boîte en carton qu'il rata. Une fois ramassé et après avoir avalé un comprimé, le petit se tourna vers son ami et sourit en le voyant s'énerver contre la télécommande.

Il l'aimait beaucoup son Gringe. Il se trouvait chanceux, il n'y avait qu'un Guillaume Tranchant sur terre, un seul, avec ses défauts et ses grandes qualités, ses habitudes louches et ses principes à deux balles. Il n'y avait qu'un seul Gringe sur terre et s'était son ami à lui. SON meilleur ami.

- Pourquoi tu souris comme un con ?

Orelsan sursauta, il avait été pris en flagrant délit. Trouver une excuse :

- Orel ?

- Je pensais à Manon.

Ouais, bon, j'ai déjà fait mieux.

- En me matant ? J'avoue que je sais pas trop comment le prendre... Fit Guillaume, amusé par l'air perdu de son ami.

Après cet épisode, l'après-midi se passa tranquillement, le plus grand jouait aux jeux vidéo assis par terre pendant qu'Aurélien agonisait sur le canapé.
Il n'arrivait pas à s'endormir.
Malgré les médicaments, sa tête le faisait atrocement souffrir et il alternait entre le chaud et le froid, par conséquent sa polaire lui servait d'oreiller ce qui rendait l'observation de l'écran plus confortable malgré ses courbatures. Le pire était qu'à chaque fois que Morphée arrivait à l'attirer dans ses bras, il tombait dans un trou.
Cela commençait vraiment à l'énerver, il était épuisé. Tellement qu'il en avait les larmes aux yeux.

- Putain, lâcha-t-il péniblement en couvrant son visage de ses mains.

- Hey...

Une main fraîche se posa sur son front et une impression de déjà vu parcouru le rappeur. Écartant ses doigts pour voir ce qu'il se passait, il tomba sur le regard inquiet de Gringe.
Il mit toutes ses forces pour ne pas craquer. Ne pas montrer ses faiblesses, s'en foutre de tous.
Mais toutes ses efforts ne suffirent pas et deux larmes coulèrent de chaque côté de son visage.

- Orel... Merde ! Tu veux que je fasse un truc ? Paniqua le plus vieux.

Pour seule réponse, il eut droit à un misérable gémissement de douleur alors il sortit son téléphone pour chercher conseil sur internet.

- Ils disent qu'une douche tiède peut te faire du bien...

Son camarade soupira, se releva lentement et traîna son corps jusque dans la salle de bain.
Arrivé devant le miroir, après avoir essayé de fermer le verrou de la porte pour la énième fois et constaté que oui, il était encore cassé, les lutins ne sont pas venu le réparer, il observa son reflet dans le miroir. Il arborait un joli teint verdâtre et de profondes cernes logeait sous ses yeux, même ses lèvres étaient devenu blanchâtre.
C'est juste un peu plus moche que d'habitude...

Après s'être complètement dénudé, il entra dans le bac de douche et se détendit complètement en sentant l'eau chaude couler sur son corps.
Il en aurait presque joui sur le moment. Finalement, il baissa la température pour arrivée a quelque chose de plus frais, histoire de faire baisser la fièvre. Puis, il se frotta lentement avec le gel douche de son acolyte. Parce qu'il sent bon, et que ça le fais chier quand il l'utilise.

Il finit par sortir de la cabine pour s'enrouler dans une immense serviette rêche qui devait datait au moins de la seconde guerre mondiale.
Le rappeur sortit de la salle de bain les pieds mouillés.

Si je chope la lèpre en même temps que la grippe, on pourra dire que je suis un zoob... Son pied glissa et l'homme à la mèche blanche s'attendait à heurter violemment le sol quand il sentit deux bras l'entourer d'une chaleur agréable. Il calla sa tête contre le truc mou et chaud, une odeur bien connue lui montant dans les narines.

- Putain Orel, tu pourrai pas faire attention ?

C'était son colocataire. En même temps, il se doutait bien qu'il n'était pas tombé entre les deux seins de la voisine bonne. Mais il était bien là.

C'est à ce moment que la porte s'ouvrit dans un grand fracas.

- SALUT MES TAFIOLES PRÉFÉRÉ ! 

Oui, j'ai été longue et je m'en excuse mais bon, le chapitre est enfin là. Et non, ce n'est pas encore corrigé.

MaladeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant