Assise dans le bureau du proviseur, je bouillonnais de colère.
Ça ne faisait que 15 minutes que j'étais là mais j'étais déjà à bout de patience. Et il semblait que l'homme en face de moi l'était également.
Se redressant sur son siège, il me regarda méchamment, agacé.- Mlle McCord, cessez donc ces enfantillages et répondez-moi sérieusement parce que je ne me répèterai pas... Pourquoi avez-vous frappé votre professeur ? Et comment vous êtes-vous procuré cette arme ?
- Mais puisque je te dis que je n'ai rien fait, espèce de vieux mal embouché ! T'es tellement sourd que t'entends pas la vérité ?! C'est sûrement pour ça que ta femme t'as quittée ! Mocheté va !
Ça c'est ce que j'ai pensé.- S'il-vous-plaît Monsieur, croyez-moi. Je vous assure que je n'ai rien fait !
Et ça, c'est que j'ai dit. Nette différence, n'est-ce pas ?Monsieur Jenkins, le proviseur était maintenant plus qu'exaspéré. Il s'affala sur son siège et soupira :
-Ce n'est pourtant pas ce que vos camarades et votre professeur affirment. Mlle McCord, au lieu de vous époumoner à me dire que vous êtes innocente, racontez-moi plutôt votre version des faits...
Pfff, comme si vous alliez me croire !
Cependant je pris une grande inspiration et commençai mon récit.
Seigneur, faites qu'il ne m'envoie pas à l'asile !-Ça c'est passé ce matin, en cours d'histoire...
Il était presque midi et j'avais une faim de loup. Notre prof, Monsieur Wellis essayait de calmer les ardeurs des adolescents boutonneux qu'étaient mes camarades.
Ce qui n'empêchait évidemment personne de faire ce qu'il voulait sans se soucier de ce professeur aussi vieux que les cours qu'il dispensait.
Et moi dans tout ça, j'essayais de tromper la faim en écoutant le dernier ragot que racontait Prisca, le moulin à paroles qui me sert de voisine et de "meilleure amie" par intermittence.
La routine quoi.Enfin, la routine, pas vraiment.
Je venais de battre un record !
Ça faisait exactement 28 jours 10 heures et 2 minutes que je n'avais pas été témoin d'une quelconque apparition surnaturelle.
Oui, j'ai compté !Depuis toute petite, je vis dans le paranormal. Dis comme ça, ça sonne louche mais c'est encore pire que tout ce que vous imaginez.
Se faire réveiller à 4 heures du mat' par une vingtaine de petites créatures ailées vertes et luisantes qui essayent d'emporter vos draps ça n'a rien d'enchantant, au contraire.
Le pire étant que personne ne m'avait cru, ma mère m'avait même interdit de Disney, elle disait que ces dessins animés avaient une mauvaise influence sur moi.Ne parlons même pas des fantômes qui hantent le manoir de grand-mère et qui ne se gênent absolument pas pour se placer devant votre lit et vous regarder toute la nuit de leurs yeux de gens morts comme s'ils allaient vous emmener avec eux dans les tréfonds des ténèbres...
(Notons que grand-mère est la plus effrayante parmi eux, et de loin).Sérieusement, qu'est-ce que vous auriez fait si vous aviez découvert que le jeune homme qui s'est occupé de l'installation de votre nouvelle (et veille) voisine n'en était pas un ? Bah oui, vous en avez déjà vu vous des déménageurs avec une auréole et des ailes blanches ?!
Bien évidemment, ma mère s'est encore imaginée des choses et s'est même plu à raconter à tout le monde que j'étais amoureuse ! Ça avait fait rire le voisinage... Jusqu'à ce que le jeune homme revienne pour emporter l'âme de cette chère voisine trois mois plus tard...
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GuesWende
RomanceCynique mais introvertie, Gueswende n'est pas très enthousiaste à l'idée de passer l'été chez sa tante la plus sévère. En Afrique qui plus est. Mais c'est sans compter sur les filles de Ouagadougou. Et les garçons bien sûr... En particulier ce pas...