Souvenirs post-apocalyptique

Premier souvenir

"J'aimais bien me ballader. Aller de tout les côtés à la seule force de mes jambes et de mes pieds. Dans le quartier, errer. Sentir me gagner un certain élan de liberté.
Ma simple vie de lycéen me permettait tout les matins de marcher, du moins jusqu'à mon lycée. Dans ce dernier je siègeais toute la journée, tantôt interessé, tantôt ennuyé par les idées que tentait de m'inculquer le fonctionnaire qui me faisait face. Puis, vers midi... Non, tout compte fait, je vous passerais les clichés inutiles concernant ces maudits midis. Après ceux-ci, ma graisse allait de nouveau se poser sur un de ces inconfortables sièges, d'où j'ouïssais de nouveau, en tentant de les intégrer bien qu'étant quelque peu endormi, les propos tuteurs tenus par l'un de mes professeurs. Enfin, la cloche sonnait et je rentrais chez moi. De la rue des Alouettes - j'aime le nom de cette rue, il me rappelle mes trois ans, durant lesquels je cherchais en vain dans cette rue les oiseaux éponymes de cette dernière-, je rejoignais la rue des Frères Lumière, en vue de me rendre aux alentours de la place. J'aimais cet itinéraire. Il me permettait de passer à chaque voyage devant une multitude de fleurs et d'utres végétaux, de voir leur évolution au fil des saisons. Après avoir croisé quelques fast-food et dix-huit coiffeurs sur mon chemin, j'atteignais mon logis. Il me serait aisé de vous conter mes loisirs journaliers mais hormis jouer, lire et végéter, je ne faisais rien dont je pourrais vous parler. Quoique...la seule autre activité que j'ai vraiment aimé est marcher. J'aimais partir de chez moi, remonter rapidement le cours Albert-Thomas pour gagner la place Ambroise-Courtois - celle avec le kiosque. Qu'est-ce que j'ai pu courir, chanter, crier dans celui-ci étant petit ! - et m'engager rue du Premier Film. Là était une entrée pour ma destination préférée, le parc Lumière. En y repensant, j'aurais pu en prendre une plus proche mais j'aimais les bacs de fleurs présents dans cette rue. Ce n'est pas tant le souvenir de sa luxuriante verdure -parcequ'on ne peut pas réellement dire qu'elle l'était, j'aime juste bien cet adjectif- qui me séduit quand j'y repense que celui des moments passés dans ce jardin public. Enfin, passons. Il m'arrivait de me promener de cette manière quand j'avais du temps à tuer. Quand j'étais en avance de quelques minutes au lycée, il m'arrivait de faire un détour par la sympathique enfleurie rue des Lilas. Je vous avoue que ce détour n'était pas tant le fruit de mon amour des ballades que celui de ma peur de la sollitude.
Enfin bon.
J'ai beaucoup parlé de moi et non des gens que j'aime, pardonnez moi ce subterfuge pour camoufler ma peine.
Le Boom les emporta, ainsi que tout les autres.
Mais dans ma bulle je reste en vie; vous m'êtes de bonne compagnie.
Ô! Feuilles, soyez sacrées. Et toi, Plume, je grâcie ta volupté."