La blonde, La brune Et le truand.

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Deux coups envahissants, pénétrants, résonnaient dans la forêt, que Ned entendit alors qu'il

n'aurait pas dû. Son corps n'avait pas bondit sur le côté, sa tête fracassée par les balles de l'arme

de guerre de Jacques. En fait il ne c'était rien passé d'autre qu'un bruit sourd sur sa droite. Il y

avait un truc qui clochait là. Il ouvrit les yeux qu'il avait fermés en attendant d'y passer et il vit

Suzanne devant lui, comme avant son exécution, mais elle était agenouillée maintenant, les bras

tendus devant elle, un revolver noir au bout fumant dans ses mains.

Il prit tout son temps pour comprendre, sachant seulement que le danger avait fui, son intuition

le lui disait. Enfin, il tourna légèrement la tête pour voir son assassin écroulé par terre, du sang

dégoulinant de son crâne. Sa position ne laissait aucun doute, il était mort, aussi mort que l'on

pouvait l'être.

Cette abruti c'était fait descendre par une femme, ça la foutait mal pour un guerrier averti, mais

d'un autre côté Ned pensait que c'était normal, à jeun comme il devait l'être, jamais il n'aurait

pu le surprendre, lui, qui n'avait tiré que sur du gibier et encore, que quand il avait faim.

Pendant quelques secondes il avait pensé que tout était fini et, ma foi, ce n'était pas plus mal,

mourir là, dans sa forêt, était ce qui pouvait lui arriver de mieux, débarrassé des contingences.

Mais il se sentait ressuscité, comme ce mec sur sa croix. A vrai dire il était soulagé de ne pas

être mort, sans savoir bien pourquoi puisque maintenant il avait un cadavre sur les bras.

N'aurait-il pas mieux valu que ce fut lui, là, allongé, la tête sanglante, sans plus aucun souci,

du moins à sa connaissance.

« Il m'avait dit qu'il voulait juste te casser la gueule... »

Suzanne reprenait ses esprits. Elle sanglotait. « Mais pourquoi donc ... ? », se demandait Ned

avec sincérité. Pour lui, des mecs comme ça ne devraient pas exister. Même sans penser qu'il

devait avoir tué des centaines de gens, c'était le genre à battre les femmes, sans raison le

justifiant. Même si lui, Petits-Pieds, en avait bien frappé quelques-unes, ça ne lui plaisait pas,

c'étaient des salopes qui lui avaient jouées des tours de salopes. Fallait bien qu'il réagisse, non ?

Et rapidement. Non, il n'avait rien à voir avec Jacques.

Ned pouvait se relever maintenant. La crise était passée, engloutie par la forêt. Il alla rejoindre

la meurtrière et s'accroupit devant elle. Tendrement il lui remonta ses cheveux, certains étaient

mouillés, derrière ses oreille, d'une main, et de l'autre tirait doucement sur le canon, encore

chaud, du revolver pour se l'approprier. On ne savait jamais, des fois qu'elle lui reprocherait de

l'avoir obligée à tirer sur son amant. C'était Suzanne quand même, il la connaissait. Il n'avait

La Blonde, la Brune et le truand.Where stories live. Discover now