1_La promotion

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     Luc goûta au bonheur d'enfin posséder le titre de commandeur tout en sirotant un verre de Sang de Merle, penché sur la balustrade de la magnifique demeure familiale. Il faut dire que commander une escouade telle que celle de Schamming était un honneur du plus haut rang. Ce détachement militaire était, par temps de paix, détaché du gros de l'armée et ne remplissait qu'une fonction, se renseigner et chercher tout les moyens possibles de prévenir un conflit.

     Pour en faire partie, il fallait posséder une vivacité physique à toute épreuve et un esprit décisif qui ne pouvait hésiter même face à certaines décisions. Le jeune promu était en réalité très étonné par son affectation, de nature assez modeste il ne comprenait pas pourquoi on lui confiait la charge de cet emblématique corps d'arme, alors qu'il ne touchait même pas ses vingt ans. Certains murmuraient que c'était pour redresser l'honneur de sa famille, d'autres au contraire, pour promulguer le courage de sa lignée. Il en résultait un jeune homme confus mais fier qui arborait son nouveau uniforme avec un air perdu. Ses pensées divaguaient et cela se voyait sur son visage. Sa physionomie traduisait à la fois son bonheur et sa perplexité. Ses cheveux d'un chaud roux voletaient autour de lui découvrant un visage pâle et aquilin et surtout, son long nez courbé et pointu, héritage de sa dynastie. Ses sombres yeux ressemblaient à ceux des chats tant ils étaient effilés et à cet instant, ils se perdaient dans le magnifique panorama qui s'offrait à lui. Malgré toute la joie accumulée lors de cette journée, une ombre persistait celle d'une figure maternelle. Qui était donc cette femme ? Pourquoi père n'en parlait-il jamais ? Était-elle seulement vivante ? Tant de questions et si peu de réponses ! Tantôt on adorait cette femme tantôt on la haïssait... « Luc ? » l'interpella une voix le tirant de sa complexe réflexion « oui, sire Ernest qu'y a-t-il ? » demanda-t-il à l'homme qui s'approchait de lui. Ledit Ernest était en réalité le patriarche de la famille, homme de faible constitution couturé de partout avec une propension  à la dépense. « Tu es en âge de comprendre à présent et il n'est pas bon de cacher des choses à sa progéniture, ceci sont les quelques lettres écrite par... ta mère, avait-il déclaré, lis les et viens me voir, je t'expliquerai tout ». Surpris par une telle déclaration, Luc ne fit qu'acquiescer et dû suivre son père aux mondanités qui allaient avec son rang.

    Plus tard, dès que son père l'eut promptement félicité, Luc se rua dans sa chambre, ouvrit le paquet et se mit à lire. Mais les écrits semblaient ... étranges. Ils dépeignaient une femme remplie de doutes et de craintes dans un scénario digne des drames romantiques vendus aux jeunes filles sur la place. Une enfance difficile, le grand amour venant la sauver au galop, la maladie, la mort de faiblesse. Les deux choses qui différaient de la platitude de ces romans étaient que le nom de sa mère n'était jamais prononcé et que c'était trop parfait pour être vrai. Une vague de désespoir déferla en lui. Son père cachait quelque chose .... mais jamais Luc n'oserait s'élever contre son père, il lui incombait donc de trouver par lui-même la vérité car personne ne lui viendrait en aide. Plus perdu que jamais, sachant qu'il ne pourrait dormir cette nuit là il s'attabla à son bureau pour réfléchir à un stratagème quand une serre se posa sur son bras. Malgré l'incongruité de la chose, il ressenti une énergie familière qui l'empêcha d'hurler. Un son, inqualifiable lui parvînt à ses oreilles « Oh Gaijin, tu es étonnement si peu perspicace ! Croyais tu que cet être que tu qualifies de géniteur allait te raconter la vérité ? Tu me déçois un peu tu sais ... Mais je t'offre une chance, des lettres aux papier racorni apparurent sur le bureau ce sont les vraies lettres d'Emmanuella elles te guideront sur ses pas... seulement si tu les interprètes correctement ! Fais attention à ce que la pourriture ne les voit pas ... »  Puis l'énergie sembla se distorde en un tourbillon. Hébété ne comprenant rien à cette journée qui avait commencé si étrangement, Luc vérifia chaque recoin de sa chambre à la recherche d'un quelconque indice témoignant la présence de la créature. Rien, le feu de sa chambre flambait, les fenêtres étaient toujours fermées, aucune brise a origine inconnue, rien. Le jeune homme se sentait spectateur de sa propre vie mais décida tout de même à lire les lettres. D'un pivotement de poignet, il attisa le feu et se mit à lire.

A son's wrath (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant