Chapitre 2

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"Rendez-vous dans 10 minutes, cour Rivoli "

La voix autoritaire d'un militaire résonnait dans le couloir, alors même que je finissais de chausser les énormes boots de mon uniforme. Je sortai hâtivement de ma chambre, comme une voleuse, sans attendre Laura et Nolwenn. J'avais sûrement l'air d'une enfant perdue et terrifiée, avec mon regard fuyant et ma mine affolée. Ce qui dans un sens était vrai. J'étais une enfant, j'étais complètement égarée dans cette foule des jeunes qui semblaient tous se connaitre, et l'idée qu'un militaire me reproche quoi que se soit me terrifiait. La peur d'arriver en retard dès le premier jour me fit presser le pas en descendant les escaliers. Arrivée dans le hall, je regardai ma montre, puis laissai échapper tout l'air de mes poumons, soulagée et essoufflée. Le rassemblement n'était pas près de commencer. Quelle idiote de m'être mis dans tous mes états pour si peu... Il me restait du temps et personne à qui parler. Je m'évadais alors dans l'enceinte du lycée, pour me familiariser avec ma nouvelle école, et pour, accessoirement, trouver cette fameuse cour Rivoli. En sortant du hall, je me retrouvai dans une grande place de gravier entourée par quatre imposantes facades, qui semblaient presque fières. J'avais pourtant l'étrange sensation d'être dans une vieille école primaire de campagne des années 60. J'étais complètement plongée dans la même cour de récréation qu'aimait créer mon imagination lorsque je lisais le Petit Nicolas. Je m'attendais à voir apparaitre "le Bouillon", le personnage du surveillant, sifflant frénétiquement sur tout ce qui bouge, plissant ses petit yeux ronds qui me faisaient rire quand j'étais enfant. Mais le sifflé du Bouillon ne retentit pas. J'entendis plutôt les rires enjoués de mes camarades qui passaient la porte du haul pour le rassemblement. J'en déduis que j'étais bien dans la cour Rivoli.

Je ne voyais personne tout seul. Autour de moi, pas un élève ne semblait stressé. Cela ne faisait que me sentir plus angoissée...
Puisque les militaires n'étaient pas encore arrivés, les élèves discutaient entre eux, éparpillés dans la cour.
Nolwenn n'étant pas dans mon champ de vision, je m'assis sur un banc sans vraiment de raison, peut-être attendais-je qu'on m'adresse la parole. Dans tous les cas, c'est ce qu'on fit. Un groupe de filles, toutes souriantes, m'accosta très naturellement. L'une d'elle, brune, jolie, une frange lui cachant le front, avait l'air d'animer la conversation en nous posant des questions. Elle s'appelait Salomé, classe 502. Une autre fille, Isabelle, typée asiatique, aux longs cheveux noirs, attira mon attention. Elle était mignonne, parlait peu, et je crois que j'espèrais qu'elle soit dans ma classe pour l'aborder un peu plus facilement. Elle était en 506. Aucune n'était dans ma classe.
Quand les militaires arrivèrent, ils nous demandèrent de nous rassembler par sections (c'est-à-dire par classes). Un peu perdue, je me dirigai vers la section qu'avais rejoins Nolwenn, qui elle, était dans ma classe. Notre chef de section, l'adjudant Sagrin, nous ordonna de nous ranger en 6 colonnes. A ma droite, une fille assez grande et aux magnifique cheveux blonds, qui même attachés lui arrivaient en bas du dos. A ma gauche, un garçon asiatique qui sifflait un air que je connaissais vaguement. L'adjudant Sagrin fit l'appel: ils s'appelaient Alexandre et Adélaïde. Après quelques informations du commandant Dali, chef de notre compagnie, on se dirigea vers le self, plus communément appelé la graille par les élèves. Sur le chemin de la graille se trouvait une « fontaine » , qui n'avait de fontaine que le nom. C'était une sorte de petit rond-point délabré rempli de plantes mortes, aux couleurs mordorés.

Arrivée au cercle, j'aperçus Nolwenn du coin de l'oeil, et soulagée de voir un visage vaguement familier, je me dirigeai vers elle pour m'assoir. A notre table mangeaient deux autres filles de ma classe: Laura, ainsi qu'une autre élève aux longs cheveux noirs et ondulés. J'avais du mal à me souvenir de son prénom (Sophia, Sophie ?). Une blonde vint poser son plateau sur notre table. Je la reconnaissais, c'était...

" Adélaïde, mais appelez-moi Adé. Je suis en 505 comme vous." dit-elle avec un grand sourire, dont elle semblait indéniablement très fière.

Adélaïde. Quel prénom. Pourquoi vouloir le raccourcir? J'aime beaucoup la résonnance de chacune ses syllabes. Adélaïde, donc, avait l'air sure d'elle. Elle me plaisait bien, elle me faisait me sentir à l'aise. On se présenta à elle, chacune notre tour, et j'en profitais pour me remémoriser leur nom (ah oui, c'est Saphia...). Je lui souris en la regardant dans les yeux, chose que j'avais très peu fait depuis mes quelques heures passées dans ce lycée. Elle me rendit mon sourire, puis discuta avec moi, sans gène, de son ancien collège et du dernier livre qu'elle avait lu. Oui, elle me plaisait bien. Et son prénom. Et ses cheveux, et son sourire. Et ses yeux bleus qui semblaient tout droit sortis d'un film disney. Je sentais déjà que nos routes allaient se suivre.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 15, 2020 ⏰

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