LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE

14.

Le choc me saisit et me laissa interdite avec la bouche légèrement entrouverte, comme figée dans l'incrédulité.

Moi : Q... Quoi, Maman ?

Ma voix n'était qu'un souffle et une exhalation comme si les mots eux-mêmes refusaient de se former tant l'absurdité de la situation me frappait.

Maman : Pourquoi as-tu caché à ton père et à moi que tu fréquentais quelqu'un ? Tu sais pourtant que jamais nous ne nous y serions opposés. Tu as vingt ans, et...

Moi : Mais, Maman, je ne sais de quoi tu parles ! Je ne suis pas en relation avec Alex !

Mon interruption fut vive. L'incompréhension tissait son voile sur mes pensées et m'enveloppait dans une brume d'incertitude.

Pourquoi Alex aurait-il osé affirmer une chose aussi insensée à ma mère ?

Lui et moi n'avions jamais abordé, même dans les termes les plus anodins, l'éventualité d'un attachement de cette nature.

Certes, je devais admettre qu'il avait parfois eu des réactions singulières, des regards appuyés, des silences troublants que j'avais toujours mis sur le compte d'un simple tic ou d'un tempérament réservé.

Nous avions, à quelques occasions, participé ensemble à des séminaires de prière et d'évangélisation. Mais cela s'arrêtait là.

Rien de plus.

Ma mère, visiblement peu convaincue par mes protestations, répliqua avec cette douceur inflexible qui lui était propre :

Maman : Je comprends, ma chérie. Tu voulais que cela reste secret...

Moi : Maman, je ne suis point en couple.

Son rire cristallin résonna de l'autre côté de l'écran, comme si mes dénégations n'avaient pour elle qu'une valeur anecdotique.

Elle était persuadée que ma réserve naturelle me poussait à nier une évidence qu'elle croyait déjà acquise.

Je pris une profonde inspiration avant de demander :

Moi : C'est Alex qui t'a dit cela ?

Maman : Bien évidemment. Pourquoi ? Oserais-tu prétendre qu'il ment ? Quel intérêt aurait-il à inventer une telle chose ?

Un silence s'abattit sur notre conversation.

L'air du soir caressait mon visage en jouant avec mes cheveux, mais je ne trouvais aucun réconfort dans cette brise légère.

Appuyée contre un arbre, le regard errant sur le paysage environnant, je sentais mon incompréhension grandir à mesure que mes pensées s'entremêlaient.

Pourquoi Alex aurait-il osé affirmer une chose aussi absurde ?

Était-ce une malheureuse méprise de la part de ma mère, une interprétation erronée de ses paroles ?

Je peinais à trouver du sens à cette situation.

Maman : Prends tout ton temps, ma puce. Mais lorsque tu seras prête, ton père et moi aimerions que tu nous en parles officiellement.