La suivante

14 1 0
                                    

" Eh la grosse, tu veux pas faire la truie dans la cour ? Bien évidement si tu refuses, on publie cette photo de toi à poil dans les vestiaires ". C'est ce genre de menace que devait subir une fille de ma classe, de la part d'un groupe bien spécifique de la classe que j'appelais "les crasseuses".

Vous savez ce regroupement d'au moins cinq filles qui sont obligées d'être à plusieurs pour exister parce que seules elles ne sont rien. Si...vous devez voir de quel genres de filles je veux parler. Elle harcelait cette pauvre fille qui était grosse, en même temps il faut dire ce qui est. Si on classe les gens par genre, je serais celle qui ne mâche pas ses mots...enfin seulement dans ma tête. Parce que les harcèlements que cette fille subissait, je me contentais de les regarder sans rien dire, c'est également valable pour le reste de la classe, qui eux, s'en fichait royalement. 

Pourtant je pouvais sentir la détresse dans son regard mais j'étais impuissante...comme paralysée. Je suis tout bonnement une lâche, vous pouvez me le dire, je le sais. D'ailleurs je n'ai pas d'amis non plus comme cette fille. Parfois je me dis que j'ai de la chance qu'elle s'en prenne à elle et non à moi, ces pensées qui traversait mon esprit était tout à fait normales pour moi. A aucun moment je me disais que c'est mal de penser comme ça, c'était ma sécurité avant tout. Alors tous les matins en arrivant à l'école on avait le droit au " spectacle " comme elles aiment bien appeler ça de la truie de la classe. Vous ne savez pas en quoi consiste ce spectacle ? Pas de soucis je vais vous l'expliquer, après tout je suis en première loge.

Avant que le professeur arrive, il y a un rituel à suivre. Les cours commencent à huit heures, nous devons tous ( sans exception ) venir à huit heures moins dix maximum ! Au delà, nous avons des points en moins qui nous fait monter dans le classement des gens à persécuter. Les premiers de la liste se font donc persécuter...C'est moche n'est-ce pas ? Et personne n'est contre c'est encore plus moche. Dès que nous arrivons nous devons nous préparer à faire entrer la " bête ". La bête quand à elle doit arriver cinq minutes avant le début du cours, quand elle franchi le pas de la porte c'est lancer générale de papier de mouchoirs usagés, de papier toilette, d'eau, une fois il y a même déjà eu de l'urine. Une fois les objets lancer la  bête  doit alors se dépêcher de ramasser tout ce qu'on a lancer avant que le professeur arrive. Sinon elle accumule des points. Voilà ce que subit cette fille en plus des moqueries sur son physique et des menaces.

Tout ce que je souhaite, c'est de terminer le lycée au plus vite, afin de ne plus assister à cela. Vous vous demandez sans doute, ce que pense la fille au physique fort ? Elle ne pense plus. Je ne vous l'ai pas encore annoncé ? Autant pour moi, comme vous l'aurez deviné elle s'est suicidé. Il me semble que c'était il y a une semaine. Mais il y a comme un soucis... Elle a laissé une lettre derrière elle, en indiquant que j'étais la seule fille " gentille "  avec qui elle a pu parler dans la classe. Honnêtement, ça me fait plaisir qu'elle m'ai cité dans sa lettre, mais les conséquences allait être dramatique pour moi. Eh oui, il me semble qu'en mangeant avec elle à la cantine ( par défaut, puisque je n'avais pas trouvé de place libre nulle part ) notre conversation l'ai beaucoup marqué, mais cela m'a fait gagner de nombreux points. Ensuite après sa mort, il y a eu un vote pour déterminer la future bête, et sans surprise j'ai l'honneur de vous annoncer que ce n'est autre que moi. Je suis la suivante et je ne suis qu'en seconde...je me demande vraiment combien de temps vais-je tenir. Les paris sont lancés ! 

Le soir même après le vote, au moment où j'ai su que la prochaine bête était moi, j'ai commencé à regretter les fois où j'ai ignoré cette fille. Je me disais que cela devait être génial d'avoir un soutien, une amie avec qui parler alors que tout le monde est contre nous. Je comprenais alors pourquoi notre brève conversation à la cantine l'avait tant touché. Mes camarades de classe qui d'habitude ne me prêtait pas une attention particulière, là j'ai senti une haine dont je ne peux l'expliquer. L'impression qu'ils avaient besoin de se défouler sur quelqu'un et que ce système crée par les élèves pour les élèves tombait à pic ! Tout le stress accumulé par les élèves doit ressortir, et c'est ainsi qu'il se défoule sur les autres. Pratique si tout le monde est d'accord sur la personne à persécuter. Je me sentais pas bien, je ne suis pas autant fragile que l'autre mais vivre cela n'était pas facile non plus. J'allais en faire les frais pendant un très long moment.

Je pouvais dès à présent dormir un peu plus longtemps, je pense que c'était le petit plus de la journée. Je devais arriver à huit heures moins cinq, afin de subir la première épreuve : " le lancer des chasseurs ". Oui, n'oubliez pas je suis maintenant une bête. Le matin, je souhaite comme à mon habitude une bonne journée à mes parents, et je me rends alors à l'école, la musique dans les oreilles pour essayer d'évacuer la peur qui m'envahit. Ah...je me rends compte que je ne respire plus régulièrement. Mon angoisse s'intensifie, je ne savais pas ce qu'on allait me lancer, puisque je savais pertinemment que ça n'allait pas être de simple boule de papier, ce serait trop facile. Tout me traversa à l'esprit, même l'idée de recevoir de l'urine sur moi. 

Ça y est il est huit heures moins sept, je suis là devant la porte d'entrée afin de respirer un bon coup. J'enlève mes écouteurs je range précieusement mon portable dans une poche de mon sac. Le tout, faire semblant que cela ne m'affecte pas comme ça, ils verraient peut être que leurs lynchage ne servirait à rien. Il est l'heure, je fais un pas, je tends ma main, afin d'ouvrir la porte. Je suis scotchée là, devant eux qui me regardent. Une du groupe des crasseuses s'approche alors de moi, et m'explique quelque chose. Oui quelque chose, je ne peux pas vous en dire plus puisque je ne l'ai même pas écouté. J'attendais juste ma sentence, j'étais figée là sur place, je ne voyais que ses lèvres bouger et quand elle eut fini, elle alla se rasseoir et les autres fit de même. Aurais-je été épargné ? Je ne sais pas, l'air était très pesant...comme s'ils attendaient un signal quelconque. Je n'y prêtais pas attention et alla à ma place., le professeur arriva et le cours commença sans embûche. 

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Aug 15, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Affrontement mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant