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L'étau noir de la nuit enveloppait la chambre 205 de l'internat KQ. La pièce, plongée dans un noir quasi complet, n'avait que pour seule source de lumière un réveil digital qui projetait, d'une lumière quelque peu vacillante, les nombres 18:04 sur le mur d'en face. Nous étions donc en fin de journée d'un jour particulièrement froid et glacé d'hiver, la veille des vacances de noël. Un long soupir brisa le silence presque oppressant de la chambre.
Allongé sur son lit dans une posture bien trop crispée et raide pour être confortable, un garçon aux cheveux d'un brun noisette explorait l'obscurité de ses prunelles d'encre. Il avait au coin de l'œil gauche une tâches brunes, comme si une larme lui avait éclaboussé au visage. À première vue, on aurait pu croire que son comportement correspondait parfaitement à celui d'un garçon qui s'ennuyait simplement : il ne faisait rien, et se contentait de lâcher des soupirs las de temps en temps comme pour rappeler son existence dans la chambre noire. En vérité, Yeosang était bien loin de s'ennuyer, son cerveau étant assailli de milliers de questions et de pensées.
Yeosang aimait bien cela, réfléchir dans le noir complet avec le bruit du silence pour accompagner son flux d'interrogations. C'était une sorte de rituel, qu'il répétait depuis maintenant quelques semaines, lorsque les cours prenaient fin. Tandis que tous ses amis allaient discrètement sur le toit du bâtiment pour discuter, lui se contentait de s'isoler dans sa chambre. Wooyoung, son meilleur ami, aimait le taquiner en lui donnant des petits surnoms comme "tapette" ou encore "poule mouillée", comme tous les autres de la bande, il pensait que Yeosang craignait de se faire prendre la main dans le sac et préférait donc faire sagement ses devoirs dans sa chambre. Yeosang s'en fichait pas mal, tans qu'il avait la paix, cela lui importait peu.
Seulement en ce jour si particulier qui caractérisait si bien le dernier jour d'école avant les vacances, aka le saint graal tans attendu des pensionnaires, l'esprit de Yeosang était si occupé qu'il en avait presque la migraine. Alors que d'autres se réjouissaient à l'idée de s'amuser dans la neige avec leur famille et de fêter cet événement appelé communément "Noël", Yeosang, lui, était incroyablement inquiet et sur les nerfs. C'était sans doute la raison pour laquelle il se tenait droit comme un pic sur son matelas, les yeux écarquillés à tel point que ses yeux semblaient sortir de leurs orbes. Son cœur battait à la chamade au creux de sa poitrine, et son souffle était court et saccadé.
Il n'avait pas envie de le revoir, l'homme de ses cauchemars. Cet homme abominable et cruel qui avait laissé des traces indélébiles sur le corps du jeune adolescent. Yeosang n'avait pas peur de grand-chose dans la vie, c'était un garçon confiant et sur de lui. Et pourtant même les plus forts ont leurs secrets, Kang Yeosang lui, était effrayé rien qu'à l'idée de revoir le visage de son paternel. Nombreuses sont les raisons qui l'avait poussé à s'inscrire dans cet internat, bien des années auparavant, mais la principale et vraie raison était cette peur qui l'animait.
À son arrivée, il n'avait que onze ans, et portait déjà sur ses épaules le poids d'un secret terrible que seul un enfant battu aurait pu remarquer. Cela faisait maintenant six longues années qu'il gardait son secret pour lui, et plus le temps passait plus cela devenait dur pour lui. À chaque fois que son pieds dépassait le seuil de la maison familiale, une nouvelle sanction encore plus terrible que la précédente s'abattait sur lui. Rien que de songer à la fois précédente, Yeosang en avait des frissons. Il sentait encore sur son dos la lame du couteau lui déchirer la peau, encore et encore, indéfiniment. Le sang chaud qui coulait lentement le long de sa colonne vertébrale, l'éclat de la lame et le sourire effrayant de son agresseur. Il redoutait la prochaine sanction, car au fond de lui il le savait, il savait qu'il ne ressortirai peut-être pas, de cette immense maison qui lui inspirait tans de douleur et de peur.