Valenka ne sait pas s'habiller, c'est un fait. J'ai dû faire deux ou trois fois du shopping avec elle, pas plus parce que chaque fois que je regardais l'immonde bout de tissu pour lequel elle avait craqué, j'avais envie de faire un procès a ses parents pour ne pas lui avoir appris à avoir du goût. Je sais, chacun ses goûts, il en faut pour tout le monde... mais cette robe à fleurs multicolores sur un fond orange dépressif, juste non quoi. Et sans bretelles en plus, c'est encore plus kitch. Elle fouille dans les friperies africaines ou quoi ? « C'est ta meilleure amie Terry, arrête de juger ses goûts comme ça, t'es infecte. » Je me répète cette phrase tous les jours et tous les jours je complète par un « Tu l'aimes justement pour ça, parce qu'elle est relou et qu'elle assume joyeusement d'être ce qu'elle est. »
« Et donc j'ai acheté cette robe dans un magasin assez connue, H&M ça te dit quelque chose ? »
« Ouais, ça me dit que je fais bien de ne jamais rien acheter à cette enseigne.»
Valenka rit puis défend sa robe avec ferveur sous mon sourire narquois, elle sait qu'intérieurement je me paye sa tête, elle me connaît, mais elle s'en fiche, elle aime sa robe et se pavanera dedans quoique je dise.
11 ans, c'est long non ? Non, ça passe si vite. 11 ans d'amitié, tout ça parce qu'on a été suffisamment conne pour s'inscrire toutes les deux dans un club de hand ou nous n'avions rien à y foutre si ce n'est faire acte de présence. Elle était là, courant sur le terrain avec son survêtement violet, la seule fois durant notre amitié ou j'ai apprécié ce qu'elle portait. Elle avait l'air d'en chier, ce qui me faisait marrer même si j'en menais pas large non plus, je crois même que je me suis cassé la gueule quelques minutes plus tard parce que je n'étais pas encore au point dans l'art de faire mes lacets... ça va que j'avais 10 ans, c'était compréhensible. Mais c'était le début d'une amitié étrange, parfois tumultueuse mais toujours forte. C'est le genre d'amitié qui survit à tout, même au temps. Mais 11 ans plus tard, nous étions assises toutes les deux à une terrasse, avec nos lunettes de soleil de crâneuse, sirotant un thé bien trop glacé à mon goût. C'est connue, je suis une emmerdeuse jamais satisfaite.
« Tu pourrais retirer tes écouteurs quand je te parle, sais-tu vivre sans musique dans tes oreilles Terry ?! »
Consciente que c'était impoli, j'ordonnai à la petite voix dans ma tête d'arrêter de s'enjailler sur Done For Me de Charlie Puth, puis je fourrai mon lecteur mp3 et ses écouteurs au fond de mon sac à dos, le regard faussement malheureux.
« Excuse-moi, l'habitude. Tu sais, je suis quelqu'un de compréhensive, néanmoins si tu continues à me maltraiter de la sorte, je serais contrainte d'arrêter d'être ton amie. Contrainte ? Pas vraiment puisque je ferais des économies à noël, au jour de ton anniversaire, au jour de notre rencontre, à la saint-valentin... pourquoi je t'offre des trucs à la saint-valentin sérieusement ? »
« Parce que je suis le seul être vivant capable de t'aimer plus de 24h peut-être ? »
« ... »
« Tiens, aurais-je trouver un antidote à ton venin, petit serpent ? »
« T'es pas si Poufsouffle que tu veux bien le faire croire Valenka. »
« Je suis à Serdaigle. »
« Tu changes quand ça t'arrange ! »
« Non, c'est surtout toi qui changes quand ça t'arrange ! »
Je me mis à rire de bon cœur avec elle. Qu'est-ce que j'aimais cette fille, elle n'en avait même pas idée je crois. La fin de notre après-midi s'empressa d'arriver, nous nous étions rarement vu dernièrement toutes les deux à cause de nos emplois du temps respectifs. Valenka travaillait dans une librairie tout en commençant à travailler sur son projet de « café-librairie » puis moi, j'étais dans une boite d'événementiel et en parallèle je travaillais sur un gros projet. Mais vous savez ce qui me faisait détester mon travail ? Théodore de Montigny.
Théodore n'avait aucune personnalité pour la simple et bonne raison qu'il n'avait rien trouver de mieux à faire que copier mon job ! En effet, dès que Valenka lui avait évoqué que je travaillais chez Caplain Event, il a tout de suite postulé ! Sérieusement ? Qui fait ce genre de choses ? Saleté d'opportuniste. Bien entendu, il a pris la peine de se présenter avec un bon CV hein puis pour bien enfoncer le clou, il a eu un job ! La boite ne cherchait personne en plus. Connard. 24ans, brun, arrogant, opportuniste, Monsieur de Montigny attention. Valenka l'avait rencontré l'an dernier lors d'un salon organisé par la librairie ou elle bossait et ils se sont liés d'amitié. Ils se voient régulièrement parce qu'il semblerait qu'ils aient des hobbies en commun, c'est ainsi que Valenka m'a condamné à me coltiner cet abruti pendant nos sorties communes et ça je vais lui en vouloir jusqu'à la fin de sa misérable vie.
Le pire dans tout ça, c'est que mon patron a eu l'incroyable idée de nous mettre en binôme sur le festival annuel de la ville. Merci Mr Marson, merci beaucoup, ce n'est pas comme-ci je vous avais voué un culte pendant 4 ans, pendant chaque heure de mes études à la fac, bien sûr que non. C'est comme ça que vous traiter un de vos meilleurs éléments ? C'est donc ça "bien traiter son personnel" selon vous ? Nous allions devoir gérer tous les deux plusieurs employés répartis par pôle de missions et nous devions "être en symbiose pour permettre un bon fonctionnement de l'équipe" ... Très sincèrement, je pense encore à démissionner mais perdre mon CDI pour ce fils d'ananas, il n'en vaut pas la peine....
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One last time.
Humor« Terry. C'est un drôle de prénom vous ne trouvez pas ? Généralement c'est le diminutif de Terrence mais pas cette fois. Elle, c'est juste Terry et vous savez quoi ? Elle m'emmerde ! » « Sérieusement ? Théodore. Ces parents sont de vieux bourgeois d...