Moi aussi, j’ai peur. J’ai en horreur ton visage qui se déforme sous les frissons de ta peau. Moi non plus, je n’ai pas eu le choix. J’obéis à ce fou qui me tient entre ses mains : je ne peux pas m’enfuir. J’accomplie chaque meurtre sous l’emprise de ce type. Moi aussi, je suis prisonnier. Je sens les regards effrayés sur ma robe d’argent. Personne n’a compris que je n’étais pas l’objet de vos maux. On me surnomme « l’arme du crime » comme si j’étais responsable. Je n’ai jamais voulu avoir du sang sur ma lame. Moi aussi, j’ai froid. Et quand je t’aurai transpercé, j’aurais retenu un premier souffle autant que tu auras expiré ton dernier. Moi aussi, je crie. Je crie si fort qu’on ne m’entend plus. Pourtant, je traverserai ta peau et tu resteras sur la mienne, jusqu’à ce qu’on me lave de tes entrailles et qu’enfin, je brille de nouveau. Moi non plus, personne ne m’écoute. Peut-être parce que personne ne m’entend ? Moi je les ai toutes entendues. Je me souviens de toutes : de la grande blonde aux yeux clairs, au petit brun et son tic de langage. Je me souviens de la vague de folie qui s’empara de moi, à mesure que je me rapprochais de leur ventre. Moi non plus, je ne voulais pas être là. Je ne veux pas être là. Et comme toi je n’ai pas le choix. Tu n’as pas choisi de mourir, je n’ai pas choisi d’être ton bourreau. Ma chère victime, pardonne-moi.
