°1 | La tête dans les étoiles

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Le tintement familier du verrou de la porte retenti en écho dans la pièce vide. Doucement, je retire la clé pour ensuite venir la poser sur une petite étagère. Je tâtonne à l'aveugle, sur la même étagère, à la recherche de ma bougie et du paquet d'allumettes. Une fois avoir trouvé ce que je recherchais je me diriges vers la fenêtre et ouvre les rideaux afin de m'éclairer avec le reflet de la lune. Avec précaution, j'allume la bougie qui dégage un délicieux parfum. Je n'ai jamais réussie à distinguer ce parfum, je sais juste qu'il est délicieux et qu'il fait rêver.
A présent éclairée par la lueur de la flamme, je repose le paquet d'allumettes à son endroit initial. Je prend un instant pour fermer les yeux et expirer un bon coup. Je rouvre les yeux et slalome dans la petite salle presque vide. Il n'y a qu'un matelas posé par terre, recouvert d'un drap blanc-cassé tacheté dû au manque de soleil dans la pièce, quelques coussins de la même couleur, et une vielle petite peluche en tissus à moitié cassée. A côté du matelas se trouve un petit meuble en bois marron, comportant un tiroir et un petit placard en bas. Je m'approche de ce dernier et y tire un molleton tout doux d'une couleur grisâtre et un short en coton d'un bleu nuit profond du petit placard. Je le pose sur le matelas entre temps que j'enlève mon chemisier inconfortable et mon jean qui me gratte. J'enfiles mon petit short et je mets le molleton sur mon dos. J'avais, il a quelques temps, cousue des manches à cette couverture pour pouvoir la porter comme un manteau très confortable. Je ramasse vite fait mes vêtements dans mon sac de cours que j'avais avec moi, et j'enlève finalement mes chaussures que je pose tout près du meuble en bois, me laissant alors en chaussettes. Je lâche ma tresse qui me tirai la tête et me masse le crâne durant quelques secondes avant de me rediriger vers la petite commode, ma bougie toujours en main. J'ouvre le tiroir et y sors mon petit carnet et le crayon qui va avec. Ayant enfin tout mon matériel, j'avance jusqu'à la fenêtre. J'ouvre cette dernière complètement et inspire un grand coup. L'air frais me fais du bien et je ne peux empêcher un sourire se former sur mes lèvres dû à cette sensation de liberté que la fraîcheur de dehors dépose sur mon visage. Je m'assoie sur le rebord de la fenêtre tout en contemplant le ciel de la nuit. Je dépose la bougie à côté de moi et ouvre mon petit cahier. Je prend le crayon en main et commence à rédiger. Je noircis les pages de mon écriture brouillon, laissant alors s'évader ma pensé et mes émotions sur de misérables bouts de papier. De temps à autres, je m'arrête. Je lève la tête et admire le ciel, à la recherche d'étoiles. Lorsque j'étais plus jeune, je comparais les étoiles à des paillettes sur des cartes de vœux. Je les trouvais tellement scintillantes, brillantes, mais tellement lointaines. A présent, les étoiles se font rares. Tous ces lampadaires polluent tellement le ciel que les étoiles demeurent invisibles. Je pose mon carnet et mon crayon, faisant une pause dans mon écriture. Je descend de ma fenêtre; j'arrive alors sur un mini balcon, juste en dessous. Je m'approche des barreaux en fer forgés et je pose mes mains dessus, prenant une grande inspiration. Le vent nocturne se fait de plus en plus frais, je resserres alors mon manteau qui descent jusqu'à mes mollets. Mes cheveux virevoltent, libres dans l'air. J'aime beaucoup faire ça. Me poser à cette fenêtre et tout oublier, juste l'instant d'une nuit. Je me dis que, même les personnes les plus sûres et organisées ont le droit de se sentir perdues et d'avoir la tête dans les étoiles. Je me sens dans mon élément, je me sens dans ma bulle, au calme, même si dehors, c'est tout l'inverse, avec les bruits de voitures qui roulent et des gens qui crient, ainsi que la musique trop forte de certaines radios, et des bruitages de télévisons d'a côté, je me sens bien. Quelques mèches de cheveux fouettent mon visage, je décide alors de me les attacher en un chignon rapide. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, à fixer ce point imaginaire dans le vide, et pour être honnête, je m'en fiche totalement. Le temps n'existe plus dans ma bulle, il n'y a que mes pensées qui divaguent et les étoiles. La lune a disparut derrière les nuages depuis un moment, et, lorsque je sens quelque chose de liquide venir frapper ma main, je devine que cette nuit sera pluvieuse. Le bruit des gouttes d'eau ne fait qu'augmenter et, bien vite, j'aperçois de petites flaques d'eau de former. Sans plus attendre, je me saisi de ma bougie et de mon cahier sans oublier mon crayon et je ferme la fenêtre. Je reste encore quelques instants devant cette dernière, mais une fois que la pluie ne devienne trop forte pour que je n'y voit quelque chose, je retourne sur le matelas où je m'affale. Sur la vielle pendule murale qui, par je ne sais quel miracle, marche encore, je lis qu'il est minuit passé. Je décide de me reposer quelques instants encore sur ce vieux matelas. Demain c'est samedi; je n'ai donc pas cours. De ce fait, je peux passer la nuit ici sans soucis. Demain à l'aube je rentrerai à la maison.

Les pensés de ma tête à l'écritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant