Jour 8 (encore la suite)

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J'étais figée. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Je ne savais pas quoi dire, alors je me contentai de le fixer sans un mot.

"- C'est pour ça que je suis parti baliser Eline. Il faut qu'on parte les chercher. On fait nos sacs, et demain on part. Ils pourraient avoir des médocs pour toi ! Puis on a aucune raison de rester ici ! Ok, dehors c'est dangereux, sauf que c'est ça ou ton cas risque de s'aggraver. C'est la meilleure chose à faire !"

Mon Dieu ce que son idée était tentante. Trouver d'autres gens, sortir d'ici, mais surtout, peut-être qu'ils avaient trouvé un antidote. Sauf que le risque était trop grand. Et si je partais avec Levi et que je finissais pas tuer tous ces gens ? Et s'ils me tuait ? Je ne voulait pas prendre le risque de tuer les seuls survivants juste parce que je n'avait pas eu le courage de tout avouer à Levi.

"- Non.

- Quoi non ? Comment ça non ?

- Ba non je veux pas.

- Mais Eline ! Il faut qu'on y aille, c'est l'opportunité de notre vie, merde ! Ça te tente pas, de revoir des gens, en chair et en os, de manger un peu plus varié, de sortir dehors, de chercher une solution ? D'avoir de l'espoir ?"

Je soupirais. Il ne comprenait pas. Bien sûr qu'il ne comprenait pas. Et malheureusement, je ne pouvais pas l'aider à comprendre.

"- Ecoute Levi, je suis désolée, mais c'est non. C'est tout.

- Mais...

- Y'a pas de "mais". J'ai bien voulu t'écouter, et t'as raison, ton idée est vraiment bonne, mais non. Alors tu respectes ta part du marché, et tu t'en vas demain. Dès l'aube."

Il me fixa quelques instants, ses prunelles reflétant son incompréhension et sa colère. Puis il poussa un léger soupir, et se détourna de moi.

"- Je vais faire à manger. Essaye de manger un truc quand même, sinon tu vas être faible. Après je m'occuperais de faire mon sac. Je partirais demain matin. Ca te dérange si j'emmène un peu de nourriture ? Je préfères pas repasser par le supermarché, vu comment ça s'est passé la dernière fois.

- Je.. non, vas-y. Prends tout ce dont tu as besoin."

J'étais scotchée. Levi paraissait vraiment lunatique parfois. Je le regardais s'affairer dans le cellier, absente. Encore une fois, je ne m'attendais pas à ça. Je pensais qu'il allait encore une fois faire transparaître sa colère, mais vu son expression lasse, je compris qu'il s'était résigné.

Je m'installais confortablement sur le lit et l'observais, incapable de faire autre chose. Et je passais ainsi le reste de la journée à observer ses moindres faits et gestes, sans même tenter de me cacher. Je détaillais son corps, ses expressions et ses actions, en silence. Mais étonnamment, le silence n'était même pas pesant. J'avais presque l'impression d'être devant un film. Un film triste mais beau, dont je connaissais la fin, mais qui me passionnait quand même. J'observais paisiblement le film de mon amitié avec Levi prendre lentement fin, sans cris ni larmes, avec juste le silence et la tristesse palpable dans la pièce qui l'accompagnait. J'étais rassurée.

Je me réveillais lentement, avec un affreux torticolis. Je m'étais endormie assise, malgré moi. Je tournais la tête, grimaçant à cause de la douleur, et observais Levi à mes côtés, en train de lire son livre. Toujours le même. Je remarquais qu'il n'était qu'à la moitié.

"- Tu peux le prendre si tu veux, dis-je, la voix tremblante.

- De quoi ?

- Le livre. Tu peux le prendre si tu veux. Pour le finir.

- Je l'ai déjà lu. Je connais la fin."

J'haussais les épaules.

"- Mais je le prendrais quand même. Ça me fera un souvenir de toi."

Mon ventre se tordit à sa phrase, et je m'efforçais de lui sourire. Je sentis une petite larme solitaire s'échapper de mon oeil et rouler sur ma joue. Je vis Levi tendre le bras, hésiter, puis finalement se raviser, laissant la goutte rebelle finir sa route sur mon t-shirt.

"Tu sais Eline, t'as beau être vraiment chiante et complètement incompréhensible la plupart du temps, j'aurais vraiment aimé te rencontrer. Je veux dire, dans le monde d'avant. Le monde normal. Je pense qu'on aurais pu être amis. Genre, de vraiment bons amis.

- Moi j'aurais pas aimé. T'aurais bouffé tous mes repas, dis-je, le sourire aux lèvres."

Il sourit légèrement, puis leva le bras, naturellement, dans une invitation silencieuse. Je me calais alors contre son torse. Je détaillais son visage longuement et souris. Je détaillais le visage de la seule personne que j'allais pouvoir sauver.

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Heyyy !

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Les retournements arrivent au prochain chapitre...
Pour la FAQ, je pense que la faire sur Wattpad sera plus simple, donc si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser en commentaires ou par message privé.

À la semaine prochaine,

-OKmy-

InfectéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant