La justice écarlate.

7.

"Amusée de la réaction du démon, un sourire timide mais pourtant franc se dessina sur les lèvres de la jeune femme dont le visage restait impassible dans bon nombre de situations ce qui en surprenait d'ailleurs plus d'un."

Le reste du groupe dû se mettre également à courir pour tenter de rattraper Jaïro et Juhn. Ils les retrouvèrent devant les portes, à les attendre. Une fois tous réunis, le vampire s'avança et ouvra les doubles portes en grand.

Le réfectoire commençait déjà à être bien rempli, les quatre jeunes gens se dirigèrent vers les buffets où se trouvent de la nourriture répartie en plusieurs catégories, chacune spécifique à chaque espèce. Les garçons trouvèrent rapidement leur bonheur dans toute cette nourriture ce ne fut point le cas de Juhn, qui en cet instant n'était intéressée par aucun des aliments présents, que ce soit du gibier pour les loups et métamorphes, un grand verre de sang frais pour les vampires, ou encore des plats végétaliens pour les elfes. La jeune ne prit alors pas la peine de récupérer un plateau pour se servir et ne prit qu'une pomme trainant sur un des étalages elfiques avant de rejoindre ses colocataires à une table libre dans un coin plus ou moins éloigné des autres tables.

Après avoir mangé, le groupe décida de se rendre dans la forêt au vu de leur après-midi de libre. Ils s'installèrent alors dans une clairière dont les arbres qui les entouraient possédaient une cime si haute que les différents bâtiments de l'école étaient cachés et ce malgré le fait que ces derniers furent construits en haut d'une colline.

Tous s'étaient allongés dans l'herbe, regardant le ciel et la cime des arbres au-dessus d'eux. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes jusqu'à que Isao décida de briser le silence. Le vampire voulant en savoir plus sur la jeune femme lui posa quelques questions mais cette dernière l'arrêta en lui disant qu'il n'y avait rien de bien intéressant à savoir sur elle.

- Comment peux-tu dire ça ? Il y a toujours quelque chose d'intéressant chez chacun et puis si tu étais si inintéressante et banale pourquoi arrives-tu au milieu de la troisième année ? De quelle espèce es-tu ? Pourquoi personne n'a pu pénétrer ton esprit alors que bon nombre d'élèves, si ce n'est de professeurs, ont essayé en même temps de le faire ? Comment as-tu pu tenir tête au fils de l'alpha suprême ? Ne pas broncher du tout devant son aura pourtant déployée à son maximum ? Comment connais-tu des sorts de l'ancien temps alors que tu n'es ni une sorcière ni même un membre d'une des familles fondatrices ? Pourquoi un ordre t'empêche d'user de tes capacités ? De qui provient cet ordre qui semble venir de plus haut que le directeur et de notre professeur de combat ? Des dirigeants n'est-ce pas ? En parlant des dirigeants pour quelle raison Mr. Rokanan t'a surnommée « la protégée des quatre » ? Et bon sang... QUI ES-TU ? Et ne me réponds pas une personne lambda et sans histoire ou quelque autre adjectif du genre ! S'exclama le métamorphe tout en se relevant pour pouvoir observer ses réactions mais cette dernière restait placide : allongée dans l'herbe, le visage dénué d'émotions.

Juhn se releva et commença à partir avant de s'arrêter dans sa marche et de soupirer un bon coup.

- Soit, je suis loin d'être une personne lambda et sans histoire ou quelque autre adjectif du genre comme tu dis. Je suis seulement une personne hantée par un passé dont tu ne peux imaginer l'ampleur. Et qui a tous sauf envie de parler de ce dernier. Répliqua-t-elle à l'orée de la forêt sans pour autant se retourner, avant de s'enfoncer dans les bois.

Surpris par la réponse et le départ précipité de la jeune femme, aucun des trois garçons ne réagirent à temps pour pouvoir penser à la rattraper. Ils décidèrent alors de la laisser tranquille pour le moment pour ne pas l'énerver plus et de partir rejoindre des amis à eux.

Juhn de son côté ne s'était point éclipsée à cause d'un quelconque sentiment d'énervement ou de colère, loin de là. Elle traina encore dans la forêt durant plusieurs heures, l'esprit ailleurs, comme bloquée dans ses souvenirs. Notamment ceux qui expliquent son arrivée ici, la nécessité, le besoin, le devoir qu'elle avait de venir ici, dans cet établissement et surtout pour les périodes à venir.

Le vent se leva brusquement et surprit la jeune femme, la sortant par la même occasion de ses idées sombres et de ses pensées mélancoliques. Revenant enfin à elle, Juhn décida qu'il était grand temps de retourner à sa chambre.

Les trois garçons ne revoyant pas Juhn de l'après-midi se posèrent des questions et s'en voulurent d'avoir autant forcé pour avoir quelques réponses, essayèrent de la chercher avec leurs amis mais impossible de la trouver, comme la veille. Lorsque l'heure du diner sonna ils arrêtèrent de la chercher pour aller manger espérant la trouver à une des tables mais une fois encore elle n'était pas là. Une fois le repas terminé leurs amis retournèrent dans leur chambre et les trois occupants de la chambre 133W retournèrent eux aussi dans la leur.

En ouvrant la porte ils remarquèrent les affaires de Juhn posées sur son lit, et de la lumière filtrée par le bas de la porte de la salle de bains.

Quand Juhn sortit de la pièce, Eder commença par lui demander où elle était et qu'ils l'avaient cherchée partout sans succès avant de s'arrêter brusquement et de s'excuser pour le comportement qu'il a eu quelques heures plus tôt. Et pour se faire pardonner il lui proposa de lui faire une visite de l'école avant que le couvre-feu ne sonne. Juhn n'avait pas dit un mot durant le monologue du brun et continuait de ranger ses affaires en même temps qu'elle l'écoutait. Une fois qu'il eut terminé Juhn répliqua que cela ne l'avait pas forcement énervée mais que parfois il vallait mieux garder ses questions pour soi et ne pas chercher à fouiller le passé de certaines personnes, mais que si la visite tenait toujours elle serait d'accord.

Au final Isao et Jaïro accompagnèrent les deux autres dans cette visite improvisée. Ce fut donc tous les quatre qu'ils partirent dans la forêt que la jeune femme connaissait déjà par cœur depuis de nombreuses années, chose qu'elle omit de dire aux garçons trop contents de lui faire découvrir cette forêt majestueuse.

La nuit commençait à tomber et quelques étoiles pouvaient être aperçues dans les petites parties du ciel qui perçaient parmi les hautes branches des arbres centenaires. L'ambiance se détendait petit à petit, Juhn était amusée des tentatives de blagues ratées d'Isao et des commentaires de Jaïro vis-à-vis des blagues de son ami. Juhn semblait être de plus en plus à l'aise avec le démon et le vampire mais gardait perpétuellement ses distances avec Eder et était également plus froide avec lui. Ce dernier se demandait alors si c'était à cause de son comportement malgré qu'elle dise qu'elle ne lui en veut pas ou est-ce encore autre chose. Le métamorphe demeurait perdu dans ses pensées quand il percuta Juhn qui s'était brusquement arrêtée de marcher et semblait écouter quelque chose. Elle soupira et d'un coup elle poussa les trois garçons derrière elle, se baissa pour récupérer un couteau qui était caché dans sa chaussure.

Deux grognement se firent entendre de chaque côté.

- Bon les loups, sortez de vos cachettes je vous ai repérés depuis un moment déjà. Lança-t-elle d'une voix calme.

Les grognements se firent plus forts, ce qui énerva légèrement la jeune femme.

- Je n'ai pas que ça à faire alors soit vous sortez tous les trois soit je vous fais sortir et vous risqueriez de le regretter...

Ses colocataires se demandèrent pourquoi elle disait qu'il y en avait trois puisque seuls deux grognements se sont fait entendre. Ils entendirent alors trois grognements à la suite puis les trois amis loups des garçons sortirent de leur abris, Arao de buissons derrière le groupe, Toher dans un arbre à leur gauche et Nehat d'un à leur droite.

Une fois les trois côte-à-côte, Juhn remarqua qu'ils se ressemblaient en tous points, que ce soit leur taille, leur carrure, leurs cheveux blonds, ils étaient identiques sauf sur un point : leurs yeux, vert pour Arao, bleu pour Toher et marron orangé pour Nehat.

Arao se rapprocha d'elle avant de la détailler de haut en bas.

- Ça va je ne te dérange pas ?! S'exclama la concernée, détestant être regardée comme si elle ne valait guère mieux qu'un morceau de viande.

- Pas le moins du monde, je ne fais qu'admirer la magnificence de l'une des plus grandes merveilles de ce monde...

- Ah non ! J'ai déjà Kensaku et ses techniques de drague lourdes à supporter tu ne vas pas t'y mettre toi aussi... Souffla Juhn, à la fois amusée mais également désespérée.

- Kensa... Quoi?