Chapitre 2: Tortures

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Lucie

Lucie n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Elle se trouvait plongée dans le noir le plus profond et même ses yeux de louve ne parvenaient pas à distinguer quoi que ce soit dans la pénombre. Son corps retombait lamentablement contre un mur de pierres froides et humides. Elle était suspendue par les poignets, retenue par d'épaisses chaînes qu'elle ne pourrait jamais briser car elles étaient imbibés d'un poison qui rongeait sa peau, un peu plus si elle insistait. Ses chevilles étaient entravées de la même façon sur le sol recouvert d'un petit centimètre d'une eau pestilentielle. Lucie n'avait plus de force. Elle somnolait, la tête dodelinant. Ses cheveux d'origine blonds étaient teintés d'un rouge profond qui décolorait à cause de la transpiration de la jeune femme et de l'humidité qui les collait à son visage. Elle avait perdu beaucoup de poids. Elle pensait que cela faisait déjà presqu'un mois qu'elle était prisonnière dans ce trou à rat, mais elle ne le savait pas exactement, elle avait perdu le compte. Sa peau blanche était tâchée de sang plus ou moins sec. Elle avait cicatrisé mais gardait les traces gluantes de son liquide vital. Ses lèvres pulpeuses étaient entrouvertes et laissaient s'échapper son souffle faible et irrégulier. Elle avait été droguée à maintes reprises, empoisonnée longuement pour lui infliger des tortures insoupçonnables, mais elle tenait le coup. Alors qu'elle s'évadait dans un sommeil comateux et instable, elle fut tirée de sa léthargie par un bruit de pas. Ils revenaient. Elle serra ses poings jusqu'à enfoncer ses ongles dans la paume de ses mains et releva la tête. Elle entrouvrit les yeux et ses pupilles d'un jaune vif luirent dans l'obscurité. En temps normal, Lucie portait des lentilles vertes pour masquer ses yeux sauvages, mais elle n'avait pas l'occasion de les mettre ces temps-ci. La porte de la prison exiguë de la jeune femme s'ouvrit dans un grincement qui retentit et qui vint agresser son ouïe trop fine. Une violente lumière vint éclairer son visage crispé par la douleur. Ses pupilles se rétractèrent brusquement avant de s'habituer difficilement à l'éclat de la lampe torche braquée sur elle.

– Bonjour ma jolie... Tu es décidée à parler ?

L'homme qui s'adressait à elle avait une voix grinçante et puait la transpiration et la perversité. La jeune femme le fixa intensément dans le noir avant de lui cracher au visage avec un rictus de mépris. L'homme s'essuya lentement, habitué maintenant à la ténacité de la prisonnière. Il n'était là que pour exécuter les ordres de son supérieur. Il détacha le haut des chaînes et tira d'un coup sec. Lucie perdit l'équilibre mais se redressa aussitôt avant qu'il ne sorte de la cellule pour l'emmener à l'étage supérieur où elle subirait les mêmes supplices qu'elle accumulait jour après jour.

– C'est donc reparti pour un tour... Marmonna l'homme de garde en empruntant les escaliers de pierres.

Ils se trouvaient dans le sous-sol d'un bâtiment en ruine, d'une église pour être exact. Lorsqu'ils parvinrent à la lumière la jeune femme en fut incommodée et plissa ses paupières encore colleuses de sang. Elle s'adapta néanmoins assez rapidement. Elle remarqua vivement le même nombre d'homme que d'habitude. Neuf. Quatre devant l'autel effondré de l'église, trois vers la porte de sortie, celui qui l'accompagnait et qui allait rejoindre les autres vers l'ouverture, et un dernier qui attendait devant l'autel. Ils portaient tous une cagoule sauf lui. Elle ne pouvait distinguer d'eux que leurs odeurs atypiques qu'elle mémorisait afin de se venger un jour. La jeune femme était nue, afin de la couvrir un peu plus de honte sous les regards lubriques de ses ravisseurs. Lucie avait un corps pour plaire avant de perdre tout ce poids qui faisait désormais saillir ses côtes. Mais elle avançait la tête droite et ne put que laisser l'homme la forcer à s'allonger sur la pierre dure, froide et brisée de l'autel en ruines. Il fixa les chaînes aux extrémités, la laissant bras et jambes écartés, livrée à son bourreau. Ce dernier s'avança en enfilant des gants de cuirs que lui avait tendu un des quatre hommes devant l'autel. Celui qui avait accompagné Lucie retourna garder la sortie. La jeune femme avait froid. Elle avait estimé qu'ils se situaient dans un coin reculé de la Sibérie, là où personne ne viendrait la retrouver alors que son clan logeait en bordure de Moscou. L'homme qui avait enfilé les gants se rapprocha assez pour qu'elle puisse voir son visage au-dessus du sien. Il devait avoir une cinquantaine d'années, peut-être plus. Ses cheveux grisonnants étaient tirés en arrière et une barbe bien taillée recouvrait sa mâchoire. Il portait un costume impeccable, différent chaque jour. Aujourd'hui il abordait celui couleur émeraude qui faisait ressortir ses étranges yeux verrons. L'un était d'un bleu glacial et l'autre d'un noir intense. Alors qu'il refermait un cercle de métal fixé à l'autel autour du cou de Lucie, il prit la parole :

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28, 2018 ⏰

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