Les toits de Shibuya.

J-4 avant le départ

"Mon trésor, c'est grand père. Écoute, le consul va faire un petit trou dans son emploi du temps, mais tu dois venir demain, à 10:30 avec une photo valide et 55 euros, il va aussi te faire une carte d'identité. Prends soin de toi, je t'aime."

Je n'avais jamais été aussi heureuse d'aller dans un consulat de toute ma vie. J'ai été accueillie avec un café et le personnel qui me salue poliment.
"C'est donc ça d'avoir le bras long?" Je sors en plaisantant à ma mère qui elle n'avait pas DU TOUT envie d'entendre mes blagues.
"Tais-toi et contente toi d'être aimable. Ton grand père te sauve la mise c'est pas le moment d'être débile."
Aïe, ça, c'était dit.
Je vous passe le moment du consul parce que, d'une part, ce n'est pas important, d'une autre, j'ai eu mon passeport tout frais tout beau en quelques minutes.
Quelques jours avant, j'en avais parlé à une amie qui m'avait dit de laisser tomber, qu'il fallait attendre trois semaines et encore.
Certes, c'est vrai, mais c'est pour les passeports français.
Et moi, je ne suis pas française.
Alors je n'ai pas laissé tomber.
Et j'ai bien fait, puisqu'une fois rentrée chez moi, j'ai tout de suite envoyé un message à Rose pour lui dire que j'avais enfin mes papiers

Rose est en train d'écrire...
Rose: ça y est, t'es plus une immigrée du coup?

Freja: Non ça y est j'ai enfin les papiers hihi trop hâte de me la péter avec mon beau passeport tout neuf!

Et c'était vrai qu'il était beau mon passeport.
Et c'était aussi vrai que j'avais eu chaud aux fesses, quatre jours avant de partir au Japon et deux jours avant de partir en suisse pour rejoindre mon amie, j'avais réussi à obtenir mes papiers. Même pour mon bac j'avais moins stressé, et j'avais eu raison puisque je l'avais obtenu, au rattrapage certes mais hé, à la fin j'avais quand même mon diplôme.
Et mon passeport évidemment.