6:00. Je me réveillai en sursaut. Je jetai mon t-shirt tâché de sang au sol et le remplaçai par un semblable noir. Je pris un jeans, également noir, dans l'armoire avant de filer à la salle de bains.
L'eau chaude nettoyait le sang coagulé sur ma peau. Ça brûlait, mais je m'y fis, après tout il valait mieux avoir mal et guérir. Je fis attention de ne pas glisser en sortant de la douche, il ne manquerait vraiment plus que je ne me casse la figure maintenant.
Un craquement retentit dans le couloir. Pris de panique, j'attrapai le sèche-cheveux que ma mère ne rangeait jamais et le plaçai devant moi. Je ne savais pas ce que je compte faire avec ça, c'était totalement ridicule !
J'ouvris la porte en douceur et découvris mon petit frère qui m'observait de ses grands yeux noisettes. Ce n'était pas mon frère en fait, c'était le fils que Franc avait eu d'une première alliance, il s'appelait Alex.
Il me fixait et lorsque son regard se posa sur mon arcade sourcilière, il approcha la main de mon visage. Je ne détournai pas la tête et laissai sa main toucher ma blessure. Il me demanda alors d'une voix qui me déstabilisa :
— C'est papa qui t'a frappé ?
À huit ans, il avait déjà compris ce qui se passait entre mon beau-père et moi. Je ne pouvais pas lui dire la vérité. Je détruirais son monde, tout ce en quoi il croyait. Je ne pouvais pas, c'était au dessus de mes moyens. Je voulais le protéger, comme le grand frère que j'étais par alliance.
— Non, je suis tombé dans l'escalier, mentis-je.
— Je peux t'aider ?
Son innocence et sa naïveté me touchaient, mais en même temps m'arrangeaient grandement. J'esquissai un sourire qui eut l'air de le rassurer et lui dis d'aller se recoucher. Mais rien à faire, il alla s'asseoir à côté du lavabo et saisis le désinfectant que j'avais sorti.
Décidément il fallait que je trouve quelque chose pour avoir un semblant d'autorité sur ce gosse, pensai-je en souriant légèrement.
***Devant le lycée, je montai encore le son de mon IPod. Je détestais venir ici, les gens étaient antipathiques, superficiels. Ça m'énervait, ils ne voyaient que ce qu'ils voulaient, ce qui ne rentrait pas dans leurs critères pouvait dégager. Comme à mon habitude, j'étais trop en avance.
Ça ne m'étonnait pas, il faudrait vraiment que je m'achète une montre. Enfin si j'étais constamment en avance, c'était pour éviter de voir Franc. Autant ne pas gâcher ma journée d'entrée de jeux. Je vérifiai dans une vitre que mes lentilles brunes étaient bien en place et ouvris la porte principale.
Remontant le couloir, j'observais ce décor que je connaissais depuis deux ans. La peinture des casiers bleus commençait à s'estomper, le blanc des murs se ternissaient et les carreaux du sol étaient ébréchés. Ce bâtiment partait en ruine, mais c'était dans celui-ci que je me sentais le mieux. Peut-être parce que lui et moi on se ressemblait ?
C'était nul comme réflexion, se comparer à un bâtiment, j'avais déjà fait de meilleures métaphores.
Je poussai la porte qui me menait au deuxième bâtiment, lorsque soudainement quelqu'un me fonça dedans, ou alors est-ce moi. Aucune idée, mais en tout cas, je sentis la douleur revenir. Je m'apprêtais à injurier la personne mais à l'instant où je l'aperçus, les mots restèrent coincés dans ma gorge.
— Excuse-moi je ne t'avais pas vu. Je ne devrais pas marcher la tête baissée, rigola-t-elle.
— Ce n'est rien, bredouillé-je.
Je fixais la jeune fille sans savoir quoi dire d'autre. Elle était mignonne, voire même très jolie. Ses cheveux châtains tombaient dans son dos en cascade et dégageaient un parfum fleuri.
Ses yeux me transperçaient, ils étaient pleins de vie, cette fille respirait le bonheur. Je m'attardai sur ses lèvres rehaussées de rose, je me sentais tout à coup bizarre. C'était comme si tout ce que j'avais vécu hier soir et ce matin n'avait jamais existé.
Elle agita la main devant mes yeux. Oups, je n'avais pas suivi ce qu'elle avait dit ! Mauvaise idée ! Je lui lançai un regard désolé et, en passant la main dans mes cheveux bruns, je lui demandai de répéter.
Elle cherchait le bureau du directeur, je n'avais pas d'autre choix que de le lui montrer. Sans que je ne m'y attende, elle glissa sa main dans la mienne. Qu'est-ce qui se passait ? Je lui jetai un regard d'incompréhension, ça n'arrivait que dans les séries ça, non ?
Sans enlever ma main, je la guidai jusqu'au lui indiqué, qui, pour mon plus grand soulagement, n'était pas très loin. Je dégageai ma main et fis un signe en direction de la porte.
— Merci ! dit-elle avec resplendissant sourire. Au fait, je m'appelle Soraya.
— Marc, répondis-je laconiquement.
Elle semblait assez agacée de mon silence. Sauf que je ne savais pas quoi lui dire moi à part mon prénom ! Je marmonnai une brève excuse et m'éloignai dans le couloir afin de rejoindre ma classe.
Cette rencontre me troublait. Je ne perdais normalement pas mes moyens avec les filles, c'était peut-être dû au fait qu'elles ne me parlaient jamais ! Je n'avais que très peu d'amis et ils étaient tous, sans exception, masculins.
***
Je n'arrivais absolument pas à me concentrer sur les formules de maths, elles dansaient devant mes yeux, tout était trouble et je ne pigeais rien.
— Marc ! Dors pas ! m'interpella Sylvain, mon meilleur ami.
— Je ne dors pas, marmonnai-je.
C'était faux, je sentais mes yeux se fermer et mon esprit s'égarait. Je menaçais de tomber dans les bras de Morphée, lorsqu'on frappa à la porte de la salle. M. Le Directeur. Qu'est-ce qu'il fichait ici ? La réponse s'imposa d'elle-même, c'était pour Soraya.
Le destin s'acharnait contre moi, ce n'était pas possible autrement. Je regardai le sol mais ce geste attira l'attention de la jeune fille.
Elle me fit un grand sourire et me salua d'un signe de la main. Je m'attirais donc des regards jaloux des garçons de la classe et ceux, prétentieux, des filles.
— Soraya sera dans votre classe pour la fin de l'année. Elle ne connaît pas les bâtiments alors si quelqu'un de vous pouvait les lui montrer, ce serait gentil.
Aussitôt je baissai le regard. Oubliez-moi Monsieur pensai-je. Mais évidemment, le directeur ne semblait pas de cet avis, remarquant mon soudain changement de comportement, il s'écria d'une voix clairvoyante :
— M. Marc sera ravi d'avoir cet honneur.
Je ne répondis pas, trop fâché pour pouvoir dire quelque chose qui ne serait pas provocant. Pourquoi les profs ne pouvaient-ils pas m'oublier cinq minutes ? Je me faisais toujours remarquer !
Soraya vint évidemment s'asseoir à côté de moi. J'étais maudit, ce n'était pas possible autrement. La jeune fille commençait à sortir ses affaires, et soudainement, elle se tourna vers moi et me demanda :
— Tu auras une feuille s'il te plaît ?
Je lui en passai une sans un mot et reportai mon attention sur le problème de math devant moi. Je ne comprenais toujours pas l'énoncé, à quoi bon s'acharner.
Dans quelques minutes, j'aurais le sport, et je savais d'avance que je n'allais pas pouvoir donner le change. Il me restait une solution : sécher.
***********
Bonjour les gens ! Voilà la suite !
J'espère que ça vous plaît toujours 😊
Que l'on soit d'accord sur une chose : sécher n'est jamais une option !Qu'avez-vous pensé de Soraya ? Surtout du fait qu'elle prenne la main de Marc alors qu'elle ne le connaît pas ! 🤔🤔
Petite question : est-ce que vous voulez que j'écrive le cours de sport ou que Marc sèche réellement ?
Bisous 😘❣️
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Déséquilibre
Jugendliteratur⚜️en réécriture⚜️ Un coup, du sang et de la douleur. La peur est le pire des venins, une toxine létale qui empoisonne petit à petit le corps et l'esprit. Emprisonné dans une torpeur funèbre, Marc ne voit pas la fin de son calvaire. La violence, l'al...