Chapitre 12

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Izuku était perdu dans ses pensées quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit. Il tourna paresseusement la tête sur le côté, pour accueillir Ochako.

- Ok, c'est bon Katsuki-kun discute avec Kirishima-kun.

- Ça servira à rien ...

- Allons, pourquoi tu dis ça Deku-kun ?

- ... parce que ...

Devait-il lui dire ? Oui, il valait mieux qu'elle l'entende de sa bouche plutôt que de celle de Recovery Girl.

- Le plant s'est développé plus vite que prévu.

La brune ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, et laissa tomber son sac par terre.

- ... Non, non dis moi que c'est pas vrai ...

- Il me reste 3 jours, voir moins. J'ai déjà trop de fleurs dans les poumons, et ce que j'ai dans le dos ne sont que des racines pour puiser plus de réserves et accélérer le développement. Il n'y a déjà plus qu'une infime chance que je m'en sorte.

Il toussa faiblement, ayant à peine la force d'évacuer les fleurs et les feuilles qui sortaient de sa gorge avec un filet de sang. Son amie prit un mouchoir, et l'aida à essuyer le sang de son menton.

- ... je me sens ridicule, t'imagines même pas...

- Mais non Deku-kun, t'es pas ridicule.

- Si, réfléchis un peu ... je vais mourir à cause d'une peine de cœur. C'est encore pire que d'être dans un de tes shôjo...

- Dis pas ça, s'il te plait. Tu ne vas pas mourir, ok ?

- Le seul moyen pour pas que je meurs, c'est qu'il soit amoureux de moi. Or c'est pas le cas.

- Katsuki-kun semble convaincu du contraire, tu sais.

- ...

Izuku ferma les yeux, et soupira. Le matin-même, son ami d'enfance était venu le voir avec la brune pour qu'il leur explique tout depuis le début, et ça avait dérivé sur un débat pour savoir si Kirishima était oui ou non en mesure de sauver le garçon. Le blond affirmait que oui, mais qu'il était « trop con pour s'en rendre compte lui-même », et la brune semblait plutôt d'accord avec lui, mais avec plus de réserve.

L'héritier du One for All s'étira, puis se rallongea sur le lit.

- J'ai pas envie d'y penser, s'il te plait.

La jeune fille eut l'air peiné, mais acquiesça.

Le garçon resta ainsi, dans le silence, sachant que la brune veillait sur lui. Il put donc se perdre dans ses pensées, laissant son esprit vagabonder tant qu'il le pouvait encore.

Il se revit tout petit, jouant dans le parc avec Kacchan et d'autres garçons, partir à la chasse aux trésors dans la forêt. Ils s'amusaient à jouer aux héros, à sauver les pauvres coccinelles des méchants insectes, à parcourir les sentiers battus afin d'en connaître les moindres recoins pour établir leur base ... Ils étaient si innocents à cet âge là, la vie était beaucoup plus simple et pleine de petits bonheurs.

Malheureusement, comme tous les enfants, ils ont finis par grandir, et comprendre que la réalité est plus dure qu'à première vue. Le but est de ne pas perdre de vue l'essentiel, ce qui compte le plus. Izuku a toujours su garder espoir grâce à ce rêve, son rêve, qui l'a guidé petit à petit jusqu'à devenir celui qu'il est aujourd'hui.

Et même en ce moment, allongé dans son lit d'hôpital aux portes de la mort, le garçon n'arrive pas à regretter quoi que soit. S'il devait recommencer sa vie, il la referait exactement pareille. Il partait peut-être avec un avenir brillant à accomplir, mais il a déjà fait un bon chemin. Il a rencontré tellement de personnes incroyables ... Kacchan, qu'il connaissait depuis tout petit ; All Might, son idole devenu son mentor ; Ochako et Tenya, ses meilleurs amis ; ses autres camarades de classe, qui animaient chaque jour dans l'académie de ses rêves, ses professeurs qui lui apprenaient tant ...

Kirishima aussi ...

Ce garçon tellement attachant, qui avait un optimisme à toute épreuve, une gentillesse sans borne, un sourire si doux, une lueur dans ses iris rubis envoutante, une aura puissante mais rassurante ...

Il savait qu'il ne survivrait pas, même si Katsuki lui parlait et peut importe ce qu'il lui disait, c'était en vain. Mais, le peu d'égoïsme qui lui restait lui disait qu'il voudrait, ne serait-ce qu'une fois ...

Le prendre dans ses bras ...

A peine eut-il pensé ça qu'il se mit à tousser. Le Hanahaki réagissait et s'étirait à chaque fois qu'il pensait à lui, le laissant le souffle coupé le temps que la crise ne passe.

Mais là ...

Elle ne passait pas.

Peut importe le nombre de fleur qu'il crachait, le nombre de feuilles qui lui brûlaient la trachée, le nombre de pétales qui se chargeaient de sang avant de tomber de ses lèvres, il n'arrivait pas à se calmer. Il ne retrouvait pas son souffle, il toussait en continu.

Ochako à côté de lui essayait d'enlever le masque à oxygène pour libérer les feuilles coincées à l'intérieur, et avec l'aide de Recovery Girl, essayait de lui en remettre un nouveau, mais le garçon laissait sa panique prendre le dessus.

Il ne respirait quasiment plus, et s'agitait dans tout les sens en cherchant de l'air. Ses poumons le faisaient souffrir, cherchant à se défaire en vain de la plante qui y avait élu domicile.

La douleur devint aveuglante, il se débattait mais il ne savait plus contre quoi. Même les paupières closes, sa vision restait blanche, et il luttait, luttait de toute ses forces pour n'avoir ne serait-ce qu'un peu d'air.

Et quand enfin le plant le lui accorda, il était en sueur, blanc comme un linge, la bouche et le menton pleins de sang et de chlorophylle, et les draps salis par sa crise violente de toux. Des fleurs partout, des tâches écarlates, et des bouts de feuilles parfois mâchées qui tombait jusqu'au sol. Pour tout prendre on avait besoin de ses deux mains, et il avait ça dans les poumons à longueur de journée.

Il vit Ochako faire des signes devant ses yeux, mais même en la regardant il n'entendait pas ce qu'elle disait. Sa tête tournait, il avait la nausée, et sentant son repas remonter et se pencha de l'autre côté du lit pour vomir. Encore il y avait du sang, et quelques pétales, mais sa tête tournait trop pour qu'il y fasse attention. Tout autour de lui bougeait comme au ralenti, les sons n'arrivaient pas jusqu'à ses oreilles, et il avait sommeil. Mais il savait que s'il fermait les yeux, alors c'était fini.

Un point rouge attira son attention une dernière fois, et le garçon ne savait plus vraiment s'il s'était déjà endormi, où s'il tombait petit à petit dans l'inconscience, mais il sut que ce point rouge qui se rapprochait lui était familier.

N'ayant plus aucune forces, il se laissa tomber, et fut rattrapés par des bras chaleureux, et perçut un dernier son avant de sombrer dans le néant.

Son nom.

Cette petite fleur au fond de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant