Chapitre 3

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Fatoumata Bâ

Je suis dans le lit conjugal avec mon mari et j'entends mon téléphone de service vibrer sur la commode. Je me lève précipitamment et appui sur la touche volume pour arrêter la vibration avant que mon mari ne se réveil.

Je sors du lit et me dirige vers la salle de bain pour répondre.

- Allô,Mme Dadd venez vite à l'hôpital,on a besoin de vous. C'est un cas d'urgence et vous êtes la seule à pouvoir aider ce patient.

- Heu...euh... Ok j'arrive tout de suite M. Fall.

Je regarde l'heure sur mon téléphone portable et vois qu'il est 3h du mat. Mon Dieu, comment je vais faire ? Je ne peux pas réveiller mon mari pour lui demander la permission de sortir et je ne peux pas non plus laisser ce patient là-bas sachant qu'il a besoin de moi.

En plus Thierno m'a toujours interdit d'allumer mon portable de service quand je dois dormir avec lui. Mais vous savez bien que c'est une chose impossible. J'ai fait le serment d'être toujours disponible et de veiller sur mes patients.

Si je le réveil maintenant pour lui demander la permission,non seulement il ne me laissera pas sortir mais je passerai également une nuit et une journée noire. Même si je pars sans lui demander la permission,je sais d'avance que je passerai une journée catastrophique.

N'empêche,je choisis la deuxième option. Je prends les quelques habits que j'avais dans la chambre et m'habille rapidement. Espérons que je trouve un taxi dès que je sortirai.

J'avais une voiture mais Thierno me l'a pris. Je ne sais plus s'il me l'a pris ou si c'est moi qui le lui avait donné. Quelle vie!!!

Moi Fatoumata Bâ,qui aurait pu imaginer que je mènerai une vie pareille. Je ne me suis jamais imaginé a vivre à trois dans un ménage ; partager mon mari avec une autre était juste inimaginable pour moi. 

J'arrive toujours pas à comprendre cette vie que je mène. Une très grande famille constitué de tous les membres,une maison dont le bâtiment des hommes est séparé à celle des femmes. Un mari qui a sa chambre à part et qui n'entre jamais dans la chambre de ses femmes.

Vous avez du mal à y croire n'est-ce-pas ? Pourtant c'est bien ce que je vis ou plutôt ce que nous vivons ma co-épouses et moi.

Thierno a une chambre à part au deuxième étage du bâtiment des hommes. Non je dirais même une suite ;seul lui vit au deuxième étage.

Il vient rarement ;très rarement dans le bâtiment des femmes. Les seuls fois où il vient là-bas c'est pour annoncer une nouvelle la plupart du temps une mauvaise ou quand il a un voyage et qu'il vienne pour prévenir sa mère et ses tantes. Je dis bien sa mère et ses tantes ;nous ses femmes,si nous sommes au courant au même moment que nos belles mères c'est tant mieux,sinon c'est tant pis.

Je me demande toujours ce qui me retient dans un tel ménage. Ah oui,j'ai une belle famille extraordinaire. Même si personne n'ose faire remonter les bretelles à notre cher mari,les gens de cette maison sont qu'en même très gentil. Peut-être aussi je reste dans ce ménage parce-que j'espère pouvoir changer l'attitude de Thierno.

Je me rappelle la première fois que je l'avais vu,je voyais en lui une personne mystérieuse et pleine de sagesses. J'avais mon diplôme de doctorat en médecine mais j'arrivais pas à trouver un boulot.

J'ai été dans le chômage pendant deux ans. J'étais vraiment découragé et dégouté par un pays dans lequel le gouvernement ne fait aucun effort pour aider les jeunes diplômés.

Le plus dure c'est qu'on ne peut même pas compter sur ces propriétés privées qui ont accaparé notre pays. Et dire qu'ils investissent ici pour aider les jeunes de ce pays.

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