vingt neuf

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Mark venait tous les jours et le soleil reprenait ses droits.

Peu à peu, l'étoile diurne s'imposait au fil du bleu du ciel, couronnée de nombreux nuages de coton blanc qui ne faisaient qu'accroître sa magnificence si particulière. Les habitants de la cité déambulaient au gré des rues, foulant les trottoirs tièdes de leurs semelles en caoutchouc tandis que les rayons du disque solaire se pulvérisaient par dessus leurs têtes brunes.

On riait sur l'extérieur, on partageait des instants fort gais tout en écumant les quelques boutiques pittoresques du centre ville animé. Donghyuck retrouvait enfin ses clients réguliers, demandait de leurs nouvelles et s'amusait à leur offrir des confections qui n'en devenaient que plus belles au fur et à mesure qu'il retrouvait la main auparavant perdue.

De longues et agréables journées s'étaient écoulées depuis le fabuleux samedi après midi qu'il avait passé aux cotés du joli noiraud à la voix claire. Durant ce laps de temps, les deux jeunes hommes avaient partagé bien d'autres instants, un peu plus courts ou beaucoup plus longs, en compagnie de l'autre et jamais ne s'étaient-ils ennuyés.

Le fleuriste aimait sentir les doigts de Mark se perdre au long de sa chevelure soyeuse tout autant qu'il adorait observer les traits de son visage détendu alors qu'il somnolait. Donghyuck avait l'impression d'être le garçon le plus chanceux du monde, tant parce qu'il avait l'incroyable opportunité de pouvoir passer autant d'heures aux cotés d'un bel étudiant aussi particulier que Mark mais aussi parce qu'il avait le droit de lui prendre la main quand il en avait envie.

C'était presque tout le temps d'ailleurs ; le commerçant n'avait de cesse de lier ses phalanges à celles, fines, de son aîné. Il aimait les sentir combler l'espace qui séparait ses doigts ainsi que palper la douche chaleur qui émanait de ses larges paumes rassurantes.

En peu de mots, Donghyuck avait de la chance.

Les choses avançaient à petits pas, évoluant au fil des envies des deux tourtereaux qui n'étaient pas, le moins du monde, pressés. Ils voulaient profiter pleinement puisqu'on disait souvent que c'était les premiers jours qui étaient les plus beaux. Alors oui, peu de caps avaient été franchis tout autant que peu de mots concrets avaient été échangés mais ça n'en dérangeait ni l'un ni l'autre.

Le brunet ne voulait pas mettre de label sur la relation désormais étrange qu'ils entretenaient. Pour l'instant, il était bien heureux de les considérer comme bons amis un chouïa exclusifs. C'était flou, totalement brouillon et pas très clair mais ça lui convenait parfaitement.

De toute façon, les étiquettes, c'était sur-coté.

La clochette tinta et Donghyuck leva doucement la tête avant de grandement sourire. Voilà quelques courts instants que la boutique était vide, en pleine période de creux. Le fleuriste en profitait alors pour ranger, changer les narcisses de place et ramasser les quelques pétales morts ou feuilles brisées qui jonchaient le parquet terne.

Cependant, la vision de Mark, ses yeux de miel et ses mains pleines le fit immédiatement abandonner sa tâche quelque peu ingrate. Avec précaution, le commerçant déposa les cadavres végétaux sur le comptoir de bois avant de s'élancer vers son beau noiraud. Ce dernier écarta rapidement les bras, permettant à l'autre de pouvoir s'y jeter sous des éclats de voix et de joie.

« Coucou toi. susurra l'aîné.
- Hey. » répondit Donghyuck.

Ils restèrent là quelques petites secondes, juste à apprécier la présence de l'autre sans oser dire mot. Mark écoutait la douce respiration de son cadet tandis que ce dernier humait le parfum du premier. On les observait probablement à travers les larges baies vitrées mais les deux acolytes n'en avaient que faire, ils profitaient simplement de ces quelques longues secondes de répit logées en plein coeur de leurs quotidiens plus qu'éreintants.

Quand l'embrassade se fit un poil trop longue, ils se séparèrent à contre coeur avant de bien se regarder. Chacun s'imprégna des traits du visage de l'autre comme si, au bout d'une simple journée, il les avait oubliés.

Une fois cela fait, ils commencèrent enfin à papoter tout en se dirigeant vers le large meuble qui trônait au plus profond de la boutique, s'y accoudant tout en découvrant les sucreries que l'étudiant avait apportées. Puis, dégustant les petits mochis fourrés à pâte d'haricot rouge, ils partagèrent quelques banalités.

On aurait pu croire qu'il s'ennuyaient mais que nenni ! Les deux garçons n'étaient jamais plus heureux et amusés qu'en la compagnie de l'autre mais ce jour là, aussi bizarre cela puisse paraître, Mark n'avait pas l'air plus concentré que cela.

Ses iris translucides virevoltaient librement, comme inexorablement attirées vers un point que le noiraud s'efforçait d'éviter. Donghyuck le voyait, il apercevait ses iris trembler, sa denture supérieure mordre sa lèvre et ses joues s'empourprer. Cependant, par peur d'embêter son cher et tendre, il n'osait relever ces étranges altérations.

Le fleuriste sentait le souffle de son vis à vis court, comme si une source d'anxiété méconnue se déversait en torrents dans les tréfonds de sa silhouette élancée et même si les mots brûlaient le bout de la langue du plus jeune il s'efforça de mâcher cette dernière afin de la garder en place.

L'heure avançait, Mark devait bientôt partir et Donghyuck avait l'impression qu'il allait s'effondrer là devant lui mais quelle ne fut pas sa surprise quand tout ce qu'il fit, fut de prendre son visage de bronze en coupe. Ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient dans une situation pareille, pourtant leurs coeurs tambourinaient violemment dans leurs poitrines.

Pris de court, le plus jeune papillonna des yeux et Mark laissa les siens bifurquer vers le bas, ce qui fit furieusement rougir son vis à vis. Donghyuck ne savait plus ou se mettre, il avait envie de se cacher mais aussi de rester là, de voir chacun des prochains gestes du noiraud. Tendrement anxieux, il laissa son muscle rose humidifier ses lèvres sèches et l'étudiant le regarda dans les yeux.

Ils sentaient leurs souffles s'entremêler, le sang pulser contre leur tempes et la sueur perler sur leurs fronts lisses. Leurs bouches tremblaient d'anticipation, quémandeuses de contact, de chaleur et de douceur. Alors, avec une lenteur presque douloureuse, Mark combla la distance séparant leurs figures écarlates.

Le fleuriste ferma les yeux à la hâte, trop timide que pour observer les moindres faits et gestes de son noiraud ; si bien qu'il haleta finement quand il sentit enfin les lippes minces de ce dernier se poser contre les siennes, pleines.

Tous leurs sens étaient en alerte, si bien qu'aucun des deux n'osa bouger pendant quelques courtes milli-secondes, comme happés par les frissons qui secouaient leur peau ; puis, délicatement, Mark entrouvrit les lèvres avant de lentement les refermer et Donghyuck l'imita.

L'échange était chaste, doux, transpirait d'amour et de retenue tant aucun des deux hommes ne voulait mettre les pieds dans le plat. Le fleuriste, un peu déboussolé mais affreusement heureux, laissa ses bras s'enrouler autour de la taille de son ami alors que ce dernier souriait tendrement au gré de ce premier baiser.

Tout était particulier, Mark mourrait d'envie de mordre les lèvres de son cadet comme on croquait une pêche juteuse tant elles étaient pulpeuses et agréablement tièdes. Donghyuck, quant à lui, ne savait trop quoi en penser. Son estomac tournait dans un sens puis l'autre tandis que des paillettes dansaient derrière ses paupières closes et que son esprit s'embrumait d'affection. Il n'aurait su poser les mots justes afin de décrire les milles et unes choses qui, en ce moment même, le faisaient vibrer.

C'était la fragrance des violettes et la douceur des amaryllis.

Au bout d'un certain moment empli de gloussements entichés et de soupirs amoureux, les deux jeunes hommes durent se séparer ; d'une part parce que le plus vieux devait rapidement rejoindre le campus de son université et de l'autre parce qu'il fallait que le commerçant se remette au travail.

Peu d'autres mots furent échangés. Les garçons se sourirent tendrement, Mark déposa un autre baiser sur le nez de son interlocuteur et après avoir murmuré un simple « À demain » il disparut sous la chaleur des flèches solaires et les éclats de voix des passants

FLOWER BOY » markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant