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La circulation était très dense pour un mercredi soir. Les gens étaient énervés et moi, je l'étais encore plus. Je passai une main dans mes cheveux... Mes pauvres cheveux blonds que j'avais été obligés de couper à cause de mon idiot de neveu qui avait eu l'idée merveilleuse d'y poser son chewing gum. Sale Gosse. C'était ce à quoi je pensais dès que je repartais de la maison de ma sœur Annie. Je soupirai. Annie était la perfection incarnée et moi qu'étais-je ? La petite sœur, moins intelligente, moins jolie qui n'avait pas trouvé rapidement un mari et fait un enfant - démoniaque- dans la foulée.

La voiture juste derrière moi me klaxonna et je brandis mon doigt à l'extérieur de l'habitacle. Non, je n'allais pas me laisser marcher sur les pieds par un imbécile. Tout le monde avait hâte de rentrer chez soi, et moi peut-être un peu plus que les autres. Je venais de louper lamentablement mon entretien d'embauche et j'avais passé l'après-midi avec le satanique Gabriel à jouer les nounous pour que sa mère se prélasse au spa. De toute façon, je ratais tout ce que j'entreprenais depuis ma sortie du lycée.

Ma prof de yoga et accessoirement meilleure amie, Galie, m'avait pourtant prévenue. Tu as été une garce sanguinaire pendant tout le lycée, c'est le retour du karma. Tu vas souffrir autant d'années que tu as fait souffrir. J'avais failli lui répliquer que pour une hippie zen, c'était loin d'être cool mais la vie m'avait prouvé qu'elle avait eu raison et qu'il me restait encore quelques mois de « karma négatif ».

Mon téléphone sonna et je le mis sur haut-parleur.

— Maman, je suis au volant, je ne peux pas te parler longtemps.

— Tu n'as jamais le temps de me parler.

— C'est parce que je suis toujours sur la route quand tu m'appelles ?

— Oh, bien sûr, c'est toujours de ma faute, Michaela Scott !

Quand ma mère m'appelait par mon prénom, ça m'agaçait. D'autant plus quand on savait que mes parents avaient choisi ce prénom parce qu'ils étaient fans de la série Docteur Quinn, Femme Médecin. Tous mes amis m'appelaient Quinn. Mais ça, ma mère n'avait jamais pu le concevoir. Même ma sœur et mon père ne m'appelaient jamais par mon prénom officiel. Je levai les yeux au ciel.

— Tu voulais ?

— Je voulais savoir si tu comptais venir à la maison cet été.

— Maman.. je viens juste d'avoir mon diplôme et je dois trouver un travail. Journaliste, ça ne se trouve pas comme ça.

— Quelle idée de faire ce métier aussi ! Tu sais bien qu'Annie..

— Je ne suis pas Annie, tout ne me tombe pas dans le bec.

— Tu as pourtant été bien contente quand je t'ai payée..

La voilà qui recommençait. Régulièrement, elle me rappelait qu'elle avait financé mes études et que j'aurais dû faire des stages comme ma sœur pour me retrouver avec un emploi à la fin.

— Quand je pense que ta sœur était mariée à ton âge.

— Oui Maman. Elle s'est mariée à 22 ans. Je le sais. Et elle a fait un bébé dans les 9 mois. C'est sûr que lorsqu'on se maque avec son boss, c'est plus facile. Mais il faut en avoir un boss pour ça. C'est pour ça que je dois trouver ce qu'on appelle un travail. Je rencontrerai des gens et je finirai sûrement par ne plus te faire honte.

— Tu dis n'importe quoi Michaela. On ne se marie pas seulement avec son employeur.

Typique de ma mère. Elle ne m'écoutait pas. Avait-elle ne serait-ce qu'entendu la fin de ma phrase ? Je n'en étais pas certaine. La circulation se fit moins dense et je pus bifurquer pour rejoindre mon chez moi. J'habitais au cinquième étage sans ascenseur avec Galie. Ça faisait des lustres que nous devions trouver un autre endroit mais nous repoussions toujours ce moment. Cet appartement, nous l'avions pris toutes les deux à 19 ans. C'était notre refuge. Nos parents avaient tiré la tête mais n'avaient pas réussi à nous convaincre d'aller dans un autre endroit. Le quartier pouvait être vraiment sordide la nuit tombée pour tout néophyte mais nous connaissions tout le monde ici et l'ambiance dans le voisinage était carrément d'enfer. Nous avions un énorme séjour, trois chambres - dont une qui nous servait de dressing commun. Et puis, le loyer était assez peu élevé ce qui était un vrai plus.

sexy frigide cherche crush orgasmique (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant