Je m'arrachais avec peine au sommeil qui m'avait gagné. Il était trois heures du matin, je m'étais endormie sur mon bureau. Je me souviens avoir travaillé sur un prototype de puce éléctronique un peu particulière, et en dessinant le prototype je me suis endormie.
J'arrachais une feuille qui s'était collée à mon visage. Le miroir apposé au mur me reflétait une image de moi très peu flatteuse. J'avais les cheveux en bataille, mon chignon étant partiellement défait. J'avais des cernes immenses, on aurait dit des autoroutes sous mes yeux.. J'avais de la bave au coin de la bouche et des marques de stylo qui s'étaient transférés sur ma joue collée au papier. J'avais l'air magnifique.
Je rigole.
J'aurais fait peur à un mort.
Je me suis levée et je suis allée me faire couler un café. Ahh, le café. Mon meilleur ami en ce moment. Le temps qu'il soit prêt, je passais dans ma salle de bain me rendre figure humaine. Je me mettais en pyjama, me lavais le visage, brossais mes cheveux et massais ma nuque endolorie. Foutu torticoli.
Je remontais, ma tasse de café à la main, et m'adossais au montant de la porte de notre chambre.
Zach n'était pas là. Je ne crois pas. Il avait un concert ce soir. Et on avait congé demain. Heureusement, parce que j'allais manquer de sommeil... J'allais certainement ressembler à un zombie demain matin. J'imaginais bien mon état...
Les garçons avaient emménagé à Boston ou à proximité, eux aussi. Corbyn avait emménagé quelques rues plus loin avec Christina, qui était devenue une amie précieuse et indispensable. Jonah et Daniel avait un petit appartement dans le sud de la ville et Jack était littéralement notre voisin du dessous. Leur groupe marchait toujours autant, même si leur style de musque avait un peu changé au fil du temps, devenu plus personnel et plus profond en fonction des chanteurs.
Je n'avais pu garder contact qu'avec Mitch et Zoé. Billy et Alex étaient partis en Russie pour enseigner l'anglais, et depuis on avait plus aucune nouvelle. Zoé, elle, était partie au Pérou pour fonder son entreprise (qui avait sacrément bien marché, d'ailleurs) et Mitch, lui, était à New York en tant qu'avocat. Il avait aussi très bien réussi sa vie, puisqu'il faisait ce dont il avait toujours rêvé.
Je secouai la tête et envoyai un message à Zach.
"Je ne dors pas encore, je suis toujours en train de travailler. Préviens moi quand tu rentres, pour ne pas que je m'inquiète. Fais attention sur la route. Je t'aime."
La réponse ne tarda pas.
"Tu dois dormir. Moi aussi je t'aime."
Je continuais de travailler jusqu'à l'épuisement. J'étais dans une période compliquée, au travail. J'étais sollicitée pour tout, on me demandais de former des nouveaux, d'accueillir des stagiaires.. Le MIT me demandait parfois de faire des conférences sur l'électrotechnique et sur mes pseudo-inventions. On me demandait sans cesse de nouvelles choses depuis mon dernier succès...
J'ai obtenu mon diplôme il y a quatre ans, et je suis pourtant bien connue... Je suis la première femme de moins de trente ans à avoir eu sa place dans le magazine renommé "Sciences et Technologies", dans la catégorie des inventions révolutionnaires.
Vous vous dites peut être que ces adjectifs sont très prétentieux... Je suis d'accord.
Pour moi, j'ai fait mon travail, point.
Mon "invention" consistait en une carte électronique connectée à un smartphone qui lui donne plus d'autonomie et qui facilite l'utilisation par le client. Par exemple, elle contient plusieurs logiciels que nous avons inventé, mon équipe et moi, dont un qui s'occupe de l'espace disponible et de l'espace occupé. Il s'occupe seul, par système de reconnaissance d'image, de supprimer les photos en double après un délai de prise d'un mois. Il est aussi équipé d'un système qui facilite l'utilisation de l'interface en fonction de la personne. En utilisant des informations rentrées dans la puce, il adapte le téléphone à son utilisateur. (Les informations restent bien sûr dans la puce et personne ne peut y avoir accès à part le consommateur) Par exemple, elle peut adapter la luminosité en fonction des étapes de la journée et de la fatigue supposée de la personne. Bref. Arrêtons la technologie.
Je gommais un trait disgracieux quand je me sentis pousser des ailes. Zach me souleva du sol.
-Tu es rentré? dis-je. Je n'ai même pas entendu les clés dans la serrure... ai-je dit doucement en bâillant.
-Oui, je suis là. Anne, il est quatre heures et demie... Tu dois dormir.
-Toi aussi, tu dois dormir, ai-je dit.
-C'est vrai.
-Et ton concert? Tout allait bien?
-Oui, a-t-il dit. Comme d'habitude, les gens étaient super contents de nous voir. Il y avait toujours des jeunes filles, parce qu'on est toujours un boysband... Même si on est un boysband de trente ans..
Il m'assit sur le bureau, après avoir poussé toutes mes feuilles.
-Arrêteu, j'avais tout bien rangé...
-Anne, c'était le bordel absolu, je n'ai fait que débarrasser...
Je sentis ses lèvres se poser dans mon cou. Je levais la tête par réflexe, savourant la chaleur de ses lèvres sur ma peau, me redonnant de l'énergie. J'enroulas mes bras autour de lui et nouait mes jambes autour de ses hanches. Il dévia ses lèvres vers ma bouche et sa langue se faufila entre mes lèvres. Il me caressait le dos avec ses longs doigts fins tandis que mes mains fourrageaient dans ses cheveux si doux.
Il se détacha peu à peu de moi.
-Allez, on y va, murmura-t-il en me portant.
-D'accord, répondis-je en posant ma tête sur son torse.
On n'avait même pas pénétré la chambre que je m'endormais paisiblement dans les bras de l'homme que j'aime.
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On a qu'une vie.. [TOME 2]
FanfictionVoici le tome Deux qui suit "Tu Devrais Descendre." Retrouvez Anne dans son quotidien avec Zach, sa vie de famille, sa vie professionnelle... Comment mêler deux boulots si différents? L'une est une ingénieure de renom, l'autre est chanteur... Et pou...