2- Théo

Chapitre 2

Il est 9h. Clara est partie au lycée et moi je suis dans son lit. Il sent son odeur. Sa délicieuse odeur indescriptible. Je me roule dans les draps en essayant de me motiver à me lever. Mais pour faire quoi ? Pour voir qui ? À cause de mon changement de caractère depuis la disparition d'Elise, j'ai perdu tous ceux qui disaient être mes potes, ce qui n'a pas amélioré mon état..
Bon, je peux pas rester là, je vais allez au bar au pire. J'passe pour un majeur tranquille et si en plus les serveurs me reconnaissent, j'aurai droit à une bière gratuite.
Ouais, depuis que ce fils de pute a enlevé ma petite sœur, les journalistes passent leurs temps à vouloir nous prendre en photos, avoir nos réactions etc.. en plus d'être extrêmement chiant, ça me rabâche chaque jour que ma sœur a disparu. Mais ça a des bons côtés. Les gens te soutiennent, t'envoient des messages et des lettres de soutiens ou te paient des bières aux bars. Allez, c'est décidé. Va pour la bière de 9h du mat. Je m'habille avec mes fringues d'hier et j'quitte la chambre de ma Clara. En marchant dans la rue menant vers le bar, je vois des gens m'observer. Voila aussi une partie chiante d'être " connu ", tous le monde te zieute h24 et te jauge comme un animal blessé. Alors ok, je suis le fameux grand frère éploré d'la fillette disparue, ouais ma famille, mon lieu de vie et la tête de ma sœur passe en boucle aux infos mais bordel :
- " Arrêtez de me mater putain ! "
Les passants les plus proches de moi sursautent voir s'écartent brusquement de moi. Merde j'ai crié ça à voix haute ? Pff au pire j'men cogne. Je me mets à marcher plus vite vers le bar et m'assois a une table en terrasse. Après avoir reçu ma pinte qui comme prévu, a été payée par le patron, je décide pour la centième fois de regarder les photos sur mon tel.
Élise qui souris.
Élise qui fait une grimace.
Élise qui a pris une photo de moi en train de râler..
Ma p'tite Élise.. mais où es ce que tu peux être putain.. deux semaines. Ça fais deux semaines que maman ne t'a pas vu à ce foutu parc, deux semaines qu'elle déchaîne sa culpabilité et sa douleur sur moi, deux semaines que nous souffrons terriblement. Reviens.. je t'en supplies. Je vais chialer putain, pas en public, surtout pas. Il manquerait plus que des photos de moi en train de chialer comme une merde circulent sur les réseaux. Je pose rageusement mon tel sur la table et vois une meuf m'observer d'une façon chelou. Elle aussi doit capter que je suis le mec de la TV. Qu'elle aille se faire foutre. Je reprends mon tel mais j'entends un bruit de raclement et quand je redresse la tête, je vois la meuf tirer une chaise pour s'assoir en face de moi :
- " Bonjour.. je.. je voulais vous dire que je suis désolée pour votre sœur.. je sais qu'on a du vous le répéter des millions de fois mais voilà.. j'espère qu'elle reviendra vite. "
Le premier truc qui me saute au yeux, c'est qu'elle est sacrément bonne quand même. Je sais ! Je suis en couple, mais faut avouer ce qui est, si j'étais celib', je me la choperais direct :
- " Mmh.. merci. "
Je sens malgré moi ma queue se redresser quand elle me caresse la main en mode fille compatissante :
- " Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là, pour parler ou discuter. " J'crois que je lui est taper dans l'œil à la mignonne, je comprend mieux son regard de tout à l'heure :
- " Merci, c'est sympa. Mais en fait, comment tu t'appelles ? "
Je la vois à demi sourire et, même si je ne le ferai jamais car je suis quelqu'un de fidèle, j'ai envie d'aspirer ses lèvres entre les miennes :
- " Leïla, je m'appelle Leïla. "