Stormaven garden place.Le panneau, légèrement incliné, pendait d'un côté du jardin, vacillant avec une lenteur presque théâtrale à chaque souffle du vent.
Il semblait sur le point de se détacher, de tomber comme une ultime révérence.
Depuis l'autre rive, je l'observais se mouvoir doucement, de gauche à droite, sous l'insistance croissante du vent, comme pour rappeler la fragilité d'un monde qui se dérobe sous le poids du temps.
Lorsque le feu s'alluma enfin de cette teinte verte perçante, je fis un regard circulaire sur l'étendue de la voie, m'assurant de l'absence de toute agitation.
Puis, d'un pas serein, je traversai l'artère sans précipitation, pour me diriger vers l'entrée du jardin.
Mon attention fut de nouveau captée par ce panneau planté dans le sol.
Ses racines, jadis profondes et solides, semblaient désormais relâcher leur emprise, laissant le bois ployer sous l'usure des années.
Une brève pensée d'une époque révolue traversa mon esprit alors que je me penchais, observant cette dégradation subtile mais évidente.
Pourtant, mon esprit, avide de plus de significations, se tourna rapidement vers l'intérieur du jardin.
Je franchis la porte et pénétrai dans un espace vaste, imprégné d'une sérénité que seule l'habitude pouvait créer.
Les longues allées verdoyantes s'étendaient devant moi, bordées d'arbres séculaires dont les feuillages offraient une protection ombragée contre la chaleur douce du jour.
L'air était tiède, chargé d'un subtil parfum d'herbe coupée et de fleurs sauvages que la brise emportait dans une danse imperceptible.Je marchais sans hâte, mes pas effleurant le sentier de gravier qui crissait légèrement sous mon poids, comme une conversation intime entre moi et ce lieu que je connaissais si bien.
Au loin, le rire cristallin des enfants résonnait, ponctué de cris d'exaltation et du rebond frénétique des ballons contre les filets tendus.
Il y avait dans cette cacophonie joyeuse quelque chose d'incroyablement apaisant, un rappel discret que le monde respirait, qu'il continuait de tourner malgré tout, rythmé par l'innocence de ceux qui n'avaient pas encore conscience de la gravité du temps.
Je ralentis, savourant cet instant suspendu.
À ma droite, un banc de pierre, à moitié dissimulé sous les branches d'un saule pleureur, se dessinait parmi les ombres.
Sa surface portait les marques du temps, striée de mousses verdâtres et de cicatrices laissées par la pluie et le vent.
Un vieil homme y était assis, la tête légèrement inclinée, contemplant un point invisible devant lui.
Un peu plus loin, une fontaine de marbre, ornée de motifs délicats, laissait échapper un filet d'eau dont le clapotis résonnait comme un murmure ancien.
Autour d'elle, quelques pigeons picoraient distraitement, indifférents à la grandeur de l'ouvrage.
L'air, tiède et chargé des effluves sucrés des magnolias, effleurait ma peau avec la douceur d'un murmure.

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LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
RomansaTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...