Le Printemps

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Ah, il est venu le temps des cerises.
Des fruits rouges et mûrs gorgés de vie tombant dans des panières d'osier, des regards complices et des rires chantants comme des oiseaux, allourdissant les branches de leur présence, comme autant de feuilles vertes et de bourgeons qui avaient si patiemment attendu le renouveau de cette saison.

Mes pas m'avaient amenés presque par hasard à cette petite ferme, ce marché ouvert aux senteurs irrésistibles : miels et fruits colorés, puis les herbes aromatiques : romarin, thym, coriandre, menthe, basilic, anis, entassés sur des étales abondants, et enfin le dernier, chargé de fraises et de framboises, qui attira mon regard et mon intention.

Je m'approchais à pas légers. L'air semblait me porter, chargé d'odeur, frais sous le soleil doux, cette saison était la plus propice aux sentiments, incomparable en aucun point aux autres, par les choses qu'elle pouvait faire naître en nos coeurs et faire couler dans nos veines, les étranges passions qui nous affaiblissaient d'une force divine.

Tandis que je remplissais une boîte de fruits rouges si attirants, une main effleura la mienne, rugueuse de travail mais douce à la fois, jeune et pleine de force. Je levais les yeux pour croiser ceux clairs et doux, d'un vert si tendre et pur, d'un jeune maraîcher, dont le visage poupon s'empourpa de gêne, et cette timidité innocente eu tôt fait de planter en mon coeur les grains d'une passion fébrile.

Il se détourna, s'excusa si d'une quelconque façon il pouvait m'avoir mis mal à l'aise, mais je ne pus que sourire et le rassurer, la voix emplit d'une tendresse naissante. Il passa une main dans ses cheveux châtains, quelques tâches de rousseurs parsemaient ses joues rondes, sa bouche était aussi rouge et brillante que les cerises. Il avait la carrure d'un travailleur de la terre mais la finesse d'un jeune homme que l'âge epargnait d'une allure brutale.

Une discussion s'engagea, nos mots filaient comme des perles sur un collier, avec facilité et complicité, son sourire était des plus rafraîchissants et nous priment racines ensemble, perdus dans le temps, quand le soir finit par tomber, je lui achetais alors quelques produits en lui promettant de revenir le lendemain, mais eut le plaisir de retrouver le soir même, plié dans ma poche, un petit papier orné d'une suite de chiffres, un petit papier qui portait son parfum.

L'été vint.

Les 4 Beautés [ Fini ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant