La maison avait retrouvé son silence. Les convives sont partis, sa belle-mère et ses deux beaux-frères sont rentrés chez eux.
L'appartement lui semble si vaste, si vide. Seule avec son fils. Ainsi une routine s'installa, l'insomnie pourrit ses nuits, elle ne fait que penser et repasser les souvenirs, les larmes aux yeux, comme devant un film tragique, ou le héros meurt. Les cris de son bébé la réveillent après ses deux courtes heures de sommeil, pour commencer une journée interminable, pénible et misérable.
Plusieurs jours sont passés depuis le départ de Nidal, et la douleur est toujours la même.
Chaque matin, elle se réveille et s'attend à le trouver à ses côtés. Tout avait bousculé du jour au lendemain, son équilibre avait vibré. Avant, malgré sa délicatesse et sa sensibilité exagérée, elle avait toujours cette force intérieure qui l'aide à endurer les épreuves de la vie. Maintenant, la simple sonnerie du téléphone la terrifie et lui rappelle le maudit jour ou l'étoile de son bonheur s'est éteint.
Les portraits de Nidal, et leurs photos ensemble ornait les pièces de l'appartement. Derrière chaque photo se cachait un souvenir, des milliers d'émotions.
Au début, personne n'avait cru que leur relation était sérieuse. Ils étaient différents, elle était sensible, il avait le sang-froid. Elle était peureuse, il était doté d'un courage immense. Elle était attentionnée, il était indifférent. Tous les deux avaient posés le portrait de leurs âmes sœur. Mais rien ne se passe comme prévu, Cupidon avait fait sa tâche.
« La vie est cruelle ».
Nassim, son fils jouait avec le bras de sa maman, exactement comme faisait son père Nidal. Ce geste la fait frissonner. Manifestement, elle n'arrivera guère à l'oublier et reprendre sa vie en main. Tout la ramener à lui. Des photos, aux chansons. De son fils, aux recoins de l'appartement.
-Tu ne vas jamais m'oublier, tu n'arriveras pas se rappela-t-elle ce qu'il lui avait dit lors d'une dispute, car elle envisageait de le quitter.
« T'avais raison, je dois cohabiter avec ton âme».
Elle avait réussi à voir ce qu'il refusait de montrer. Il avait au fond de lui, une certaine fragilité, une générosité hors norme. Il aimait aider les gens. Il faisait des petits gestes discrets, mais elle les remarquait. Elle avait toujours senti qu'il avait un côté délicat, qu'il avait besoin d'amour, d'affection, quand il se blottit contre elle, quand il la serrait si fort contre lui, comme si sa vie en dépendait.
Leurs amis l'ont toujours averti qu'il n'était pas fait pour elle, mais elles ne les avaient pas écoutés.
-Ils ne savent pas..
Et la vérité, ils ne savent rien de leur amour, de leur sentiment quand ils s'embrassent ou quand simplement se serrent les mains. Ils ne savent rien de ce regard amoureux, de ce souffle étouffé de plaisirs.
Epuisée, Nazélie s'assoie au bord du lit. Le cœur si lourd, se perd dans ses pensées.
Elle se souvient.
Le jour où elle s'est donnée à Nidal. Elle avait vingt ans. Tous avaient l'air parfait et chaleureux, quand elle commençait à pleurer, soudainement, en plein ébats. Il s'est arrêté, au bout du souffle, pour comprendre ce qu'il arrive à sa bien-aimée.
Il lui demanda ce qu'il ne va pas, mais elle ne le répondit pas, elle sanglotait, de plus en plus fort. Il avait compris qu'elle n'était pas prête.
-Je suis désolé Nazélie.
Il ne s'excusait presque jamais. Mais Nazélie n'était pas n'importe qui. Elle était son bonheur, son amie, sa bien-aimée, sa femme.
La seule femme à qui il avait donné sa veste quand il faisait froid. La seule femme qui préférait voir au lieu de s'amuser avec ses potes. La seule femme qui embrassait sous le rythme d'une chanson romantique. Et pas que...
-Ma chérie, avec toi ma vie est ...sublime. Chanta-t-il pour elle.
Des claquements de porte.
Elle a toujours ce réflexe d'attendre que Nidal ouvre la porte. Plusieurs secondes plus tard, elle se leva pour ouvrir la porte.
Les cheveux rebelles, le visage pâle, les lèvres gercées, et les tâches de cernes enlaidissent le visage de Nazélie.
-Nazélie, ma fille.. dit son père.
-Je sais ce que tu veux dire, et ça ne sert absolument à rien. Murmura-t-elle la voix cassée.
-Ce n'est pas facile. C'est ce qui peut arriver de pire à une jeune femme Nazélie mais..
-Papa le coupa-t-elle.
-Nidal est parti, comme meurent tous les jours des milliers de personne. C'est douloureux, mais le jour continue de se lever et rien ne saurait retarder la nuit.
« Facile à dire » pensa-t-elle.
-Tu crois me rassurer avec ton discours, tu ne fais que passer la lame sur la blessure papa.
-Tu dois être forte pour Nassim. Pourquoi ne pas venir chez nous ? Comme ça tu te sentira moins seule.
-Je suis bien ici.
-Ta mère pense qu'il vaut mieux que tu vis avec nous, tu sais une femme veuve qui vit seule, les gens parlent mal...
« Comment tu oses me parler de ce que les gens penseront de moi ? comment tu as eu le culot de banaliser ma souffrance ».
Mais elle était trop détruite pour lui reprocher quoi que ce soit.
-Je n'irai nulle part.
-Mais..
-Je t'en prie. N'insiste pas.
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La lune sortira une bière
General Fiction-Pourquoi tu m'as fait cette promesse? je t'ai toujours dis d'arrêter de me faire tes promesses intenables... murmura-t-elle.