Piquant mon blanc de poulet avec le bout de ma fourchette, je levai les yeux sur la télé qui diffusait les informations de vingt heures. Ni plus ni moins, un énième reportage sur la fille disparue il y a de cela quelques mois. Cette fois-ci, les enquêteurs avaient des arguments et des preuves en bétons. On désigna le suspect numéro un comme étant le tueur et on lui mit quatre autres meurtres sanglants sur le dos. Pauvre gamine, elle avait encore largement la vie devant elle. Et comment la mère de cet enfoiré allait-elle réagir? Elle qui soutenait son fils sans flancher, elle qui avait fait naître cet homme de ses propres entrailles. C'était horrible.
Quand j'eus terminé de mastiquer mon bout de viande avec une lenteur inconsidérée, je mirai du coin de l'œil ma mère. Le travail n'avait pas eu raison d'elle, usant ses petites et fines mains, creusant anormalement des cernes indélébiles. Aurait-elle échangé sa vie pour une autre beaucoup plus aimante ? Assurément que oui.
Le ventre plein, je me laissai aller contre le dos de ma chaise en soupirant de bien être. Est-ce que j'allais envisager de prendre un dessert en supplément ? Oui. Alors c'est ce que je fis, trainant mon estomac plein jusqu'au frigo pour piocher un yaourt.
«Encore eux!»
Je manquai de me cogner le crâner contre la poignée du congélateur, on ne peut plus haut. Je finis par me résigner en soupirant. Si je m'obstinais à manger encore quoi que ce soit, mon ventre allait exploser, littéralement.
Je vins alors reposer mon postérieur sur ma chaise habituelle d'un regard curieux vers ma mère qui avait dit quelque chose quelques secondes auparavant.
«Qu'est-ce que j'ai loupé ? Ai-je demandé.»
Elle ne me répondit pas tout de suite. Ces yeux étaient rivés sur l'écran de la télévision. En l'imitant, je lus les gros titres. "L'adoption pour les homosexuels, un droit ?", je laissais mes oreilles écouter attentivement ce que déblatérait un vieux journaliste.
«Je refuse!
-De ? Que les homos adoptent ? En quoi c'est un problème ?
-J'ai rien contre les pédés et gouines mais ils ne devraient pas avoir d'enfants. C'est tout. Pour qu'un enfant soit stable il lui faut un père et une mère. Les gays n'ont pas l'instinct maternel et les lèches-minou sont complètement folles!»
Bien qu'elle ne se considérait pas comme homophobe, ses yeux affichaient du dégoût et elle tenait exactement les mêmes propos que les manifestants homophobes.
«Pourquoi serait-il instable?
-C'est pas ça! On est de moins en moins performant en terme de reproduction alors s'il y a des gays et lesbiennes partout, on se dirige tout droit vers l'extinction.»
C'était peut-être ça qu'il nous fallait. Une extinction. Celle de l'espèce humaine, espèce la plus cruelle que la terre n'ait jamais porté en son sein.
«Ça nous apprendra à rejeter toutes les personnes qui sont différentes...murmurai-je.
-Hein?
-Rien...»
Je me relevai mollement, dépité d'entendre des idioties sorties tout droit de la bouche d'une adulte telle que ma génitrice. Les gens comme ça existaient encore ?
«Et c'est n'importe quoi. Renchérit-elle pendant que le reportage montrait un jeune couple de lesbiennes qui avaient recours à la banque de sperme dans un pays étranger. Ces gens là sont malades, ils devraient se faire soigner!»
En quoi aimer quelqu'un du même sexe que nous devaient être étrange ? C'était des balivernes! Les dents serrées, je débarrassai mes couverts.
«C'est contre nature ! Satanique même ! Puis ils vont abuser des enfants, surtout les pédés ils-...
-Putain arrête de dire ces conneries ! Tu devrais t'entendre! C'est des gens normaux ! Pas des monstres ou des malades mentaux !»
Je lâchai soudainement mon assiette dans l'évier, encore heureux qu'elle ne se brise pas. J'affrontai ensuite le regard encore dégoûté de ma mère. Ses sourcils se froncèrent et d'un air méprisant, elle me dit:
«Quoi? Je dis ce que je veux. Ne me dit pas que toi aussi t'es pédé! Tu me laisses perplexe, c'est peut-être pour ça que tu n'as jamais personne, tu préfères te faire enculer ?»
Non mais j'hallucinai ! Elle avait osé! Elle avait remis en doute ma sexualité sous prétexte que j'avais du mal à draguer la gente féminine. Ce qui était assez vrai mais pas pour cette raison. Je ne cherchais pas des relations de trois mois alors j'étais juste difficile!
Je finis par lui tourner le dos, furieux pour monter à l'étage.
«Je ne suis absolument pas gay, je ne support juste pas les personnes comme toi. Puis je n'ai pas demandé ton avis !»
C'était probablement la bonne réponse. Le meilleur choix. Je ne devais pas laisser ma colère m'aveugler bien sûr j'avais eu particulièrement envie de l'insulter.
Cette nuit là, ça m'avait trotté toute la nuit dans la tête.
Pourquoi les homophobes existaient-ils?
••••••
ce qui s'est passé dans ce chapitre était 90% réel surtout la conversation et ça me fait un peu du mal me souvenir de cette discussion horriblement débile grrrrh
VOUS LISEZ
Hᴏᴍᴏᴘʜᴏʙɪᴀ ༄BANGTAN
Fanfiction『;taehyung est comme nous, à la fois inactif et destructeur』 →bts/homophobie/amitié/réel
