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Et une semaine s'est écoulée sans que j'eus fait le moindre effort pour le sortir de là. Nous les Hommes, nous étions spectateurs des malheurs des autres tout en priant que ça ne nous arrive pas à nous, toutes ces merdes quotidiennes. Dans les livres, il y avait toujours des héros pour sortir le personnage secondaire de la misère ou l'inverse mais moi je n'étais rien de cela. J'étais simplement le narrateur, celui qui racontait sans rien faire d'autre. Celui qui n'était pas à la place du malheureux. Tout simplement, celui qui était comme tout le monde. Dans les livres, il y avait toujours une solution pour résoudre nos problèmes. Mais Jimin, était-ce notre problème ? Est-ce que son malheur à lui nous dérangerait à tel point qu'on aurait pris la peine de le secourir ? Définitivement que non. J'étais comme tout le monde. Je l'observais et j'avais de la peine. Mais je n'agissais pas. Pourquoi ? Me détestez-vous ? Mais vous ? Qu'auriez-vous fait ? Dans votre imagination, bien sûr que vous l'auriez aidé mais la réalité est tout autre chose. Vous l'observerez et vous aurez de la peine.

Parce que vous, vous êtes un peu comme moi.

Des humains.

L'humanité.

Alors j'ai dédicacé tout ce que je vous raconte à ce garçon, ce garçon qui souffre. À cause de son homosexualité, à cause de Mandy, à cause de Namjoon.

À cause de moi.

À cause de nous.

Hier, alors que mon père et moi avions trouvé un moyen de nous évader tous deux de l'ambiance crispée de la maison, je lui avais posé une question.

«Et si j'étais gay, m'aimerais-tu encore ?»

Ses yeux s'étaient posés un instant sur moi alors qu'il roulait en pleine ligne droite et j'eus un instant peur de sa réaction. Mon père était du genre à vanner tout et n'importe quoi tout en se modérant, adaptant son humeur à celui de son interlocuteur. Et aujourd'hui, je voulais être sérieux.

«Tu es mon sang, te détester serait comme détester une partie de moi.»

Pourquoi ma mère ne résonnait pas comme ça ?

J'aurais vraiment pu lui écoper un  sourire tant sa phrase était belle si ce n'était que j'avais été adopté.

Oui, moi. Adopté!

Certaines personnes stupides pensaient- et pensent encore qu'être adopté voulait forcément dire qu'on avait été laissé sur le seuil d'une maison en pleine nuit d'hiver. Mais non. Il était difficile d'adopter, ça en devenait même un combat!

«Tu sais, un garçon de ma classe l'est. Il est gay et je déteste la réaction des gens autour de lui.

-Tu es de ce bord là ?

-Être tolérant ne veut pas dire que ça nous concerne.

-Peut-être mais ça t'affectes un minimum. En tout cas, assez pour y penser encore.

-Sûrement...»

Je me mis alors à fixer ses mains usées, posées sur le volant. L'alliance qu'il portait autour de son doigt semblait être greffé sur sa peau et je me demandai pourquoi est-ce qu'il avait épousé ma mère.

«Tu tolères aussi les homosexuels ?»

Il se gara prudemment sur le parking et fouilla ses poches avant de me répondre.

«Oh, il faut de tout pour faire un monde.»

Et c'est là que j'ai pris conscience d'une chose. Même si je me disputais avec lui, même s'il m'énervait parfois, mon père était précieux.

Vraiment précieux.

Cette préciosité, c'était quelque chose que tout le monde devrait avoir.

Du moins, que tout le monde aurait dû avoir.

Où est passé notre préciosité ?

«Tu vas me chercher deux baguettes pas trop cuites, s'il te plaît?»

Puis il me tendit quelques pièces.

••••

Il y a beaucoup de choses qui reprennent la discussion que j'ai eu avec mon père. Méditez le premier paragraphe, ça pourrait être intéressant d'en parler ensemble !

Hᴏᴍᴏᴘʜᴏʙɪᴀ ༄BANGTANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant