VII. alcool

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Elle avait besoin de boire, de se bourrer la gueule un bon coup. Elle ouvrit le frigo, pris une bouteille de vodka et dévissa le bouchon. Elle bu une gorgée au goulot. Le liquide coula doucement et lui brûlait la gorge. C'était dégueulasse.

Elle prit une autre gorgée. La pièce était plongée dans le noir. Elle voyait encore trop de lumière, ou plutôt pas assez. Pourquoi le temps était-il toujours aussi pluvieux dehors. Putain de pluie quand vas-tu cesser ?


Elle revisionna brièvement l'herbe tendre et l'effaça tout aussi vite par une nouvelle gorgée d'alcool.

Elle avait mal, là, quelque part sous sa cage thoracique. C'était de violents coups frappés quelque part en dessous. Les larmes lui montait mais elle les chassa vite en buvant de nouveau.


Elle finit vite la bouteille et passa a une suivante. Elle voyait flou, toutes les lignes droites se brisaient en des milliers de courbes. Elle souria béatement face au spectacle invisible.


Mais elle ne comprenait pas pourquoi les coups se faisaient plus violent. Pourquoi avec elle mal au crâne ? Pourquoi avait-elle la sensation de s'écrouler debout ?


Elle chancelait au milieu de la pièce vide. Elle était soule, beaucoup trop soule à mesure qu'elle buvait. Mais putain ce que ça faisait du bien de ne pas être capable de penser. Elle entama une valse à quatre temps bancale et irrégulière.

Elle se cogna plusieurs fois contre les murs en s'esclaffant beaucoup trop fort. Il y avait du verre brisé par terre. Ses pieds s'entaillaient mais elle ne le remarquait pas.

Elle avait le regard fou, un sourire de droguée. Elle envoyait valdinguer les bouteilles vides. Sa gorge était en feu. Elle avait mal, mal partout. Elle en oubliait ses rêves de douceurs, ses mauvais jours.


Pour l'instant elle trouvait juste ça fabuleux que la pièce tourne et que son corps se brise.

C'était comme un poison euphorique qui coulait dans sa gorge et ses veines.

La tête dans les mains elle s'écroula sur le sol au milieu des débris de verres.

Elle voulait se barrer loin, recommencer sa vie. Elle voulait arracher sa peau et la remplacer par une autre qui n'avait pas été souillée. Elle voulait échanger son âme contre une autre.

Elle voulait retrouver l'inconnu et être heureuse elle aussi. Beaucoup de gens lui disaient que tout irai pour le mieux. Que c'était quelque chose de dur mais pas insurmontable. D'autres femmes le lui avait dit aussi.

Mais bordel étaient-ils elle ? Comment avaient-ils le culot de lui promettre des choses intenables ? Pourquoi essayaient-ils tous de lui retourner le cerveau ? Qui étaient-ils pour oser lui  parler de bonheur ? Pourquoi avait-elle le cœur au bord des lèvres ?

Personne ne semblait comprendre qu'elle avait besoin de quelqu'un. De cette étoile paumée dans un univers bien trop grand. Qu'elle avait besoin de cet inconnu. Qu'elle avait besoin de ressentir une chaleur envahir son corps, son souffle s'accélérer. Qu'elle avait besoin d'oublier les carresses trop fortes.

Elle but une dernière gorgée de vodka et lâcha la bouteille. Ses yeux étaient imbibés de sang. Elle n'avait plus personne. Elle était au fond du trou. Sauf que la phrase "une fois au fond on ne peut que remonter" était fausse. Une fois au fond on peut encore creuser.


"J'ai besoin de toi" murmura-t-elle. "J'ai besoin que tu me sauves". Mais elle se rendit à l'évidence. Ils étaient deux droites parallèles qui ne se croiseraient jamais. Même si son seul désire était de briser les lignes.

Dear rain [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant