Chapitre 2 : Prince.

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« Connor Kamski. »

Et oui, c'était bien lui.

Alors que la jeune femme à la chevelure de neige venait de prononcer ces mots avec un ton au paroxysme de sa froideur sans détacher ses yeux de son assiette, sa camarade aux mèches de blé ne pouvait s'empêcher de rester statique, complètement béate, son regard céruléen comme ancré, bloqué çà à contempler le visage du jeune homme se trouvant à seulement quelques mètres d'elle.

Ce fut comme une apparition. Un Appolon tombé du ciel pour venir charmer toutes ces pauvres péronnelles. Sa silhouette élancée, fine mais parfaitement dessinée, sa peau laiteuse sans la moindre imperfection, son visage d'ange lui donnant l'apparence d'un saint, sa crinière brune coiffée au millimètre près, si bien qu'aucune mèche n'aurait l'idée incongrue de s'échapper, et ses grandes orbes chocolatées qui semblaient être capables de voir à travers l'âme de n'importe qui. Et en ce moment même, c'était celle de notre chère Kara qu'il était en train de dévorer. Car elle devait se rendre à l'évidence : à cet instant précis, elle doutait avoir déjà aperçu plus belle créature.

Le temps semblait s'être figé. Plus rien n'existait à part elle et cet inconnu. Elle n'entendait plus le vacarme assourdissant des élèves en plein milieu de leur repas, ni même les gloussements surexcités de la majorité des jeunes filles présentes ici. Elle ne percevait même plus le bruit frénétique et régulier de Clariss qui, tapant avec vigueur et agacement sa fourchette contre son assiette, ne daignait même pas accorder un seul regard à celui qui hypnotisait tout le monde.

Oh, merde.

Il se dirige vers elles.

L'avait-elle fixé pendant trop longtemps si bien qu'elle en était devenue bizarre et gênante ? Rougissant légèrement de honte, Kara détacha enfin son regard du beau brun. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle le dévisageait sans gêne depuis une bonne minute au moins. Faisant mine de simplement profiter de son repas, elle attrapa maladroitement ses couverts, observant du coin de l'œil le jeune homme s'approcher. Il allait venir lui parler, c'était sûr. Elle l'avait littéralement dévoré des yeux après tout.

« Tu ne dis plus bonjour, Clariss ?

- Va te faire foutre. »

Ah non. Ce n'était pas elle qu'il était venu aborder, mais bien son amie. Qui ne levait toujours pas les yeux de son plat, d'ailleurs. D'un côté la blonde était soulagée, il n'avait peut-être pas remarqué son attitude, alors. Mais de l'autre, elle se retrouva confuse. Ces deux-là se connaissent ? Enfin, évidemment qu'ils se « connaissent » puisque c'est Clariss qui avait prononcé son nom lorsqu'il fut arrivé, mais là, ils semblaient être plus que deux simples élèves fréquentant le même établissement. N'osant piper mot, elle observa tour à tour les deux adolescents, méticuleuse.

« Allez Claquette, viens faire un câlin à Conny.

- Mais tu vas arrêter de me casser les couilles, bordel de merde ? Oh pardon excuse-moi, tu sais faire que ça de toute façon.

- Toujours aussi facile de t'énerver he- Mais ça va pas salope ?! »

Avec le plus angélique des sourires collé sur son faciès, la présidente du conseil étudiant venait de, sans le moindre remord, lui balancer son verre d'eau à la figure.

Kara s'attendait à ce que tout le monde rie, mais rien n'y fit. Les seules choses qu'elle entendit furent des hurlements aigus, du type « Mon dieu, il est tellement sexy les cheveux mouillés ! » ou encore un « Quelle pute cette Clariss ! ». Mais celle qui proclama ceci se ravisa aussitôt quand elle reçut le regard noir de la concernée.

« Maintenant fais-moi plaisir chouchou, et dégage de là.

- Tiens, t'as une nouvelle copine ? »

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