01: Message inconnu

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Recroquevillé devant l'une de ses nombreuses toiles incomplètes, Eren regarda par la fenêtre, les yeux vides. Il pleuvait fortement à l'extérieur. Le temps était gris et dépressif, tout comme le cœur du jeune homme.

En effet, il avait une bonne raison d'être triste en ce jour : c'était l'anniversaire de la mort de sa tendre mère, Carla. Cela faisait maintenant trois ans qu'elle avait quitté son fils unique et cela faisait trois ans que celui-ci avait perdu sa joie de vivre. Le décès de sa mère avait été si brutal qu'il avait profondément bouleversé Eren. Les premiers temps, le jeune homme ne passait pas une journée sans verser une rivière de larmes. Le deuil avait été long et pénible ; comme Grisha, le père d'Eren, ne se pointait que très rarement à la maison, le jeune homme avait l'impression d'avoir perdu son seul parent. Carla était la plus grande confidente d'Eren. C'était même à elle qu'il avait avoué sa bisexualité en premier.

Eren observa lentement les gouttes d'eau glisser le long de la grande vitre. Son cœur noyé de chagrin était épuisé par toutes les émotions sans fin qu'il vivait : depuis le décès de sa mère, le brunet avait sombré dans une profonde dépression, parsemée par quelques tentatives de suicide. En effet, Eren, totalement dévasté par la perte de Carla, ne trouvait plus aucune raison de vivre. Il avait tenté de s'empoisonner avec des médicaments, de sauter d'un pont ou même de se pendre. À chaque fois, on avait heureusement pu éviter un drame. Cependant, rien n'aidait Eren à sortir de cette tristesse absolue : pas même le psychologue avide de capital qui veillait sur son état mental. Grisha, désespéré par le comportement de son fils, l'abandonna à son sort, encore troublé par la mort soudaine de sa femme bien-aimée. Ce fut donc dans une atmosphère sombre qu'Eren avait quitté le nid familial à l'âge de 21 ans.

Une fois en appartement au centre-ville, l'état du jeune homme s'était aggravé : il ne pouvait pas supporter la solitude d'un si grand logement. C'était alors qu'il avait déménagé son studio dans sa maison, l'envahissant de tableaux de toutes tailles et d'outils en tous genres. C'était un véritable désordre - un fouillis troublé qui représentait son déséquilibre mental. Pendant des mois et des mois, Eren ne faisait que les cent pas dans sa nouvelle demeure, cherchant un moyen d'oublier son malheur. Il ne mangeait pratiquement pas et il était affreusement pâle. Quelques fois, il avait tenté de se divertir et de dessiner, mais tout ce qui hantait son esprit était la mort. Le trait noir de son fusain rendait les roses terrifiantes et les paysages dignes de l'Enfer. Jamais Eren ne trouvait l'énergie de terminer l'une de ses magnifiques créations, fondant toujours en larmes après une journée entière gaspillée à se morfondre.

Puis, un jour, alors qu'il avait osé sortir prendre un café en guise de repas pour la journée, Eren vit le premier rayon de soleil après deux ans de deuil. Il portait un nom : Mikasa. À travers la foule dense, elle brillait plus que les autres : bien que la jeune femme soit réservée, la lumière ambiante blanchissait sa peau délicate, ce qui créait un grand contraste avec ses courts cheveux d'ébène. De plus, l'écharpe écarlate qu'elle portait autour du cou lui donnait un éclat saisissant. Tant de beauté avait ravivé la flamme de la passion en Eren, qui retrouva quelques étincelles perdues dans ses yeux. Le regard tendre, mais électrisant, de la jeune femme avait rencontré les prunelles vertes du brunet.
Cependant, alors qu'ils étaient affairés à se fixer bêtement, un homme heurta Eren et celui-ci renversa son café sur son propre manteau noir. L'étranger s'excusa, sans plus. Le jeune homme tenta d'éponger le dégât, mais c'était une tâche vaine. Puis, deux mains délicates et attentionnées vinrent assister Eren. En relevant sa tête afin de remercier cette personne anonyme, il fut heureux de constater que c'était cette charmante demoiselle. Aussi douce fut-elle, elle offrit à Eren de lui payer un autre café, question de remplacer celui qu'il venait de renverser.

Ce fut donc ainsi qu'ils s'étaient recontrés. En peu de temps, Eren avait développé une grande affection envers Mikasa : il s'était confié sur le décès de sa mère et sur la dépression qui en suivit. La jeune asiatique, prenant son cher ami par pitié, l'avait soutenu encore mieux que le psychologue qui était supposé le suivre.
Ainsi, rapidement, une relation plus qu'amicale s'était tissée entre ces deux êtres. Grâce à Mikasa, Eren avait goûté à ce que la vie avait de mieux à lui offrir ; il pouvait sourire à nouveau. Il était très reconnaissant envers sa nouvelle copine de lui avoir montré le monde sous un jour radieux. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le jeune homme s'était remis à la peinture et il termina beaucoup de toiles en une semaine. Avec un vent de passion, accompagné d'une vague d'inspiration, Eren créa de nombreuses œuvres qui lui rapportèrent beaucoup d'argent.

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