Correspondance

05: Direction Amiens

Eren était, à nouveau, posté devant la grande fenêtre du séjour, les mains dans les poches, à contempler l'effervescence de la ville de Paris. Cependant, au lieu d'être émerveillé par l'agitation semblable à celle d'une ruche, le jeune homme observait avec des yeux désintéressés les hauts bâtiments qui entouraient son logement. Il ne voyait plus la beauté de la ville : il ne remarquait que la pollution lumineuse, visuelle et sonore. Le joli centre-ville frénétique dont il était tombé amoureux n'existait plus. Se sentant étranger et oppressé par sa ville, Eren songeait donc à déménager. Par contre, une question subsistait : où s'installer? Sans compter que Mikasa avait un boulot dans le cœur même de Paris, donc elle tiendrait sans doute à rester.
Malgré tout, le jeune homme sentait qu'il avait grandement besoin de changer d'air. Demeurer dans une ambiance stagnante ne stimulait ni sa créativité ni son inspiration. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas touché à ses fusains.

Il va sans dire que Mikasa avait remarqué le comportement passif de son copain. Elle le voyait comme un chien piteux en cage qui ne sait que faire de sa misérable vie. L'asiatique se doutait qu'une phase dépressive était tranquillement en train de s'installer ; elle craignait ces moments tristes, car Eren n'était plus lui-même. Cependant, elle devait les endurer le temps que son joyeux rayon de soleil réapparaisse. Eren, dépressif ou non, était son amoureux et Mikasa se devait d'en prendre grand soin. Alors qu'elle l'observait admirer sans étincelles la ville fourmiller, la jeune femme songea à un moyen de le faire sourire.

Elle s'approcha discrètement, s'arrêtant tout juste derrière lui. Eren sentit les bras de sa dulcinée se glisser autour de sa taille, ce qui le rassura un instant. Afin de retourner cette étreinte chaleureuse, le brunet fit face à la jeune femme, plongeant son regard maussade dans ses yeux d'argent. Les bras du jeune homme s'enroulèrent autour de la taille de Mikasa.

- Ça va? demanda-t-elle doucement.

- Oui... bredouilla l'artiste, incertain.

- Eren, je vois clairement que ça ne va pas... À quoi songes-tu?

Le brunet hésita un instant avant de répondre à sa compagne de vie. Ses yeux émeraude étaient attirés par la fenêtre, où se déployait un monde paraissant inaccessible. Le regard du jeune homme était porté à la ligne d'horizon, là où sa destiné l'attendait.

- Je n'aime plus Paris, finit par annoncer Eren. Je veux changer d'air, je veux respirer la nature, tu vois?

- Donc, tu penses à déménager?

- Oui. Tu sais, j'ai des économies, beaucoup d'économies, alors je crois pouvoir nous offrir une jolie vie à l'extérieur de la ville, par exemple en forêt ou dans un endroit comme ça.

- Mais... mon travail? questionna la jeune femme.

- On s'arrangera pour que tu puisses prendre le train. Ça ne doit pas être si complexe... Oui, plus j'y songe, plus ça semble concret.

- Je vois...

Mikasa, légèrement hésitante, reposa sa tête contre la poitrine de son amant, écoutant paisiblement son cœur battre. L'asiatique n'était pas accoutumée aux changements, mais elle voulait plus que tout rester avec Eren qui, pour elle, était l'homme de sa vie. Jamais elle ne pourrait se passer de lui ; il était sa raison de vivre. L'asiatique se convainquit, alors, que s'il restait à ses côtés, tout allait se passer pour le mieux. Sans vouloir contrarier son copain, elle accepta.

- D'accord. On verra ce qu'on peut faire...

Quelques jours plus tard, Eren était installé à la table de la salle à manger, son ordinateur devant lui. Il parcourait avec attention les offres de maisons dans les environs de Paris ou en banlieue. Cependant, bien que les toiles du jeune artiste lui avait rapporté beaucoup d'argent, toutes les demeures qui l'intéressaient étaient hors budget. Le châtain était dépassé par les tonnes de chiffres que ses yeux lisaient et par toutes les modalités d'adultes concernant l'acquisition d'une maison. Eren ne savait plus où donner de la tête.