L'inconnu

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Acoudée au balcon de ma chambre, je me sentais lentement dériver vers les événements de l'après-midi précédente. La princesse avait surgi tel un tourbillon endiablé, se jetant sur Sasuke comme sur sa proie, lançant ses longues mains, non, ses griffes, sur cette œuvre d'art qui...

Calme-toi, Sakura. Elle n'a rien fait de mal. Non, vraiment rien. Elle serrait simplement son fiancé contre ses seins parce qu'elle avait tellement peur de le perdre. Mais enfin moi aussi j'aurai pu le serrer contre mes seins, tiens!...

Un ange passa au-dessus de ma tête tandis que je prenais lentement conscience de la vérité.

Regarde la réalité en face, tu n'as pas vraiment de seins, Sakura...

Je laissai échapper un soupir de défaite. Si maintenant même ma voix intérieure se liguait contre moi, décidément...

Le déclic de la porte retentit contre les murs lorsque Naruto se glissa dans la chambre.

"Yo !"

Je pivotai la tête juste à temps pour apercevoir un Naruto suintant de sueur et de saleté s'engouffrer dans la salle de bain.

"Qu'est-ce que t'as fabriqué pour te retrouver dans cet état, lançai-je. Oh non, attends, je sais, partant du principe que tu respires j'en déduis que c'est ta condition naturelle"

Naruto me jeta un regard à mi-chemin entre l'admiration et une perplexité mêlée de vexation.

"Eh ben... C'est revoir Sasuke qui te bouleverse, le boudin? Je m'en doutais bien que c'était jamais fini entre vous", répliqua le blond à l'odeur de vestiaire.

En règle générale, la simple mention de boudin dans un périmètre de 50 mètres autour de moi aurait suffit à réveiller en moi des pulsions de meurtre ou de castration, mais cette fois-ci, le blondinet l'avait joué finaude en prononçant le nom d'un certain Uchiwa.

"Qu'on se mette au clair, la nouille molle, lui et moi c'est fini, compris ?" Puis, sentant que cette justification paraissait légèrement, eh bien, légère, je m'empressai d'ajouter,

"Il faut vraiment être la dernière des abruties pour s'enticher d'un espèce de remake raté du badboy ultra intelligent, discret, beau, talentueux, avec des yeux d'onyx et d'opale en même temps, comment est-ce possible, j'en sais rien ça fait dix ans que je me le demande, tu te rends compte..." La situation me rattrapa facilement m'envoyant la tronche moqueuse de Naruto en plein dans la figure. J'étais censée le convaincre que j'avais résolument tourné la page, pas fangirler sur l'individu en question.

Embarrassant.

"Ahem."

Il fallait vraiment que j'apprenne à maîtriser mes émotions.

"Ahem, comme tu dis, répéta le ninja blond passant sa serviette par-dessus son épaule en ouvrant la porte de la salle de bain. J'ai jamais assisté à quelque chose d'aussi gênant."

"T'as oublié ta naissance" tentais-je lamentablement une dernière fois avant que la poignée ne se tourne définitivement et que le bruit de l'eau coulant dans la douche commença à se faire entendre.

Bravo Sakura, non vraiment je crois que tu peux t'applaudir, on gravit des sommets là.

J'étais presque tentée de me frapper le front avec le revers de ma main, et j'en étais à étudier cette action lorsque le bruit d'une poignée se fit à nouveau entendre. Bien résolue à pestiférer mon meilleur ami toute la soirée en guise de vengeance, je me retournai vers la chambre, une remarque acérée sur le bout de la langue, quand il m'apparut que ce n'était pas la poignée de la salle de bain qui s'était ouverte, mais celle du balcon. Qui s'était plutôt fermée, m'enfermant au-dehors.

Et que devant moi se tenait un ninja qui réveillait en moi de curieux souvenirs de poursuites dans la forêt.




Printemps pourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant