La poursuite

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Le souffle balaya tout. Tout. Le monde se tinta de rouge et de terre tandis que je fermai les yeux, l'image de ce regard aussi sombre que la nuit se gravant dans mon esprit. Je savais pertinemment ce qui allait se produire. A l'Académie, les instructeurs nous avait avertis des dangers immédiats d'une explosion à proximité. Par la suite, j'avais eu l'occasion d'expérimenter à multiples reprises ces effets pendant la Grande Guerre. Dire que je pensais en avoir fini avec tout ça. Vraiment, j'aurai dû m'y reprendre à deux fois avant de formuler des idées stupides...

L'impact me projeta de l'autre côté du bosquet.

En plein dans le stock d'ingrédient miracle.

Parfait, vraiment parfait. L'absence de miroirs à proximité me sauva du suicide. Oui les amis, le Salut est dans le déni. Autant ne pas avoir à subir ma vue, alors que je ressemble à une sorte de réfugiée de guerre prise au milieu d'une rixe entre cartels de drogue.

Tout autour, la bataille continuait de faire rage. Curieusement pourtant, la scène de combat se déroulant sous mes yeux tenait plus de la bataille rangée que d'une lutte entre shinobis. Maintenant que les courtisans avaient déserté la place, ne restait que les ninjas et les gardes de la princesse sur le champ de bataille. L'atmosphère s'était nettement éclaircie, et il était enfin possible d'y discerner quelque chose.
Alors que je me relevai rapidement, une masse de cheveux blonds en désordre fonça vers moi.

"- Sakura !!" s'écria Naruto. "Tu vas bien, tu n'es pas blessée ?!"

"-T'inquiète pas, tout va bien. Et de ton côté ?"

"- Kurama a encaissé le choc pour moi, mais il y a plus important. L'un des attaquants vient juste de me filer entre les doigts !"

"- Attends, l'un de ceux qui ont lancé une offensive sur la forêt ?"

"- J'ai été distrait par l'explosion mais je suis quasiment certain l'avoir vu s'enfuir par là-bas" dit-il en pointant l'orée du bois.

"- Vite, alors ! C'est pas possible qu'il nous échappe."

Au même moment, la façade du palais s'écroula sur le bosquet. Un éclair de lumière violette jaillit brusquement, quelques secondes avant que la silhouette de Susanô nous plonge dans l'obscurité à nouveau. La princesse venait de s'effondrer dans les bras de Sasuke, percutée de plein fouet par une vague de chakra. Ce dernier tentait tant bien que mal de résister à son adversaire, tout en essayant de protéger la princesse évanouie contre lui. Mon cœur bondit à cette vue. Si on ne l'aidait pas très vite, Sasuke allait rapidement perdre l'avantage et Dieu sait ce qui allait se produire ensuite. Je priai tout bas pour que ses blessures ne soient que superficielles, mais j'avais peu d'espoir en ce mensonge. Le sang avait déjà traversé plusieurs couches épaisses de vêtements en plusieurs points vitaux.

Il n'était pas question que j'assiste à ce spectacle sans réagir plus longtemps. Mon souffle se prit dans ma gorge alors que je m'élançai vers lui. Mais Naruto fut plus rapide. D'un bond, il était déjà perché sur les débris du balcon, et se tournant vers moi, il s'écria :

"- Rattrape le fuyard, je m'occupe de Sasuke !"

Je m'apprêtais à répliquer avant de réaliser que Naruto était bien plus puissant que moi et qu'il sera sans doute d'un plus grand secours à Sasuke.
Encore une fois, si tu t'interposes tu ne feras que gêner, Sakura.

Je tournai alors les talons, et m'enfonçai dans la forêt à la suite du ninja en fuite.



Un voile d'obscurité s'abattit sur moi alors que je pénétrai dans le bois sacré. Excepté les moines qui se dévouaient au service de la Grande Limace, personne n'était entré dans cette forêt depuis bien longtemps.

Qu'on se mette au point tout de suite, violer un sanctuaire sacré appartenant à une limace géante, aux alentours de trois heures du matin, ne fait pas partie de mes habitudes. Poursuivre un ninja récidiviste, ça oui.
C'est ce qui explique que moins d'une demi-heure plus tard, alors que le fuyard se croyait avoir été discret en évacuant le champ de bataille tel une toupie possédée, je l'accostai tranquillement par derrière et le plaquais au sol.
Enfin, je crus le plaquer au sol.
En réalité, à l'instant où je me jetai sur lui, il disparut.
C'était du jamais-vu. Même le ninjutsu spatio-temporel de Tobi ne lui permettait pas de disparaître aussi rapidement. Il s'était tout bonnement évaporé. Comme un mirage... ou une illusion.
Étant parvenue à cette conclusion, plusieurs choses se déroulèrent en même temps. Je me plaquais au sol, au moment où je l'entendis apparaître dans mon dos et se jeter à l'endroit où je me tenais moins d'une demi-seconde plus tôt. Roulant sur le côté, j'évitais de justesse un kunaï lancé à toute volée et me précipitais sur l'adversaire. D'un coup de poing bien placé, je l'envoyais valser contre un arbre. La silhouette s'écrasa sur le sol. Pour de bon, cette fois.

Je m'approchai lentement de l'ombre étalée au sol. Alors que j'arrivais à sa hauteur, la silhouette se releva et ôta son capuchon, révélant un jeune homme portant l'uniforme des anciens moines de Katsuyu.

"- C'est bien ce que je pensais, murmura-t-il, les yeux rivés sur le sceau de mon front. Son regard s'y attarda encore quelques secondes avant de se planter dans mes yeux.

- Je peux savoir ce que tu pensais, au juste ?

- Écoute-moi bien, reprit-il, tu vas nous aider.

- Pardon ? "
Ma stupéfaction me tenait coite.

"- Parce que tu as quelque chose a y gagner. "
A ces mots, ma langue se délia subitement au vu de l'ironie de la situation.

- Hmhein, venant de la part du gars qui vient juste de se faire tacler, ça sonne beaucoup comme une tentative de je-suis-vraiment-désespéré-donc-j'invente-de-la-merde-pour-m'en-sortir. Non sans mentionner qu'un moine au service de Katsuyu qui attaque la forêt de Shikkotsu... fin, ça perd sa crédibilité, quoi. 

- On tentait de la récupérer pour notre divinité ! Et... peu importe, je sonne comme un gamin de trois ans là, mais le fait est que nous avons besoin de toi, et que tu as besoin de nous. Je ne peux pas rester plus longtemps, mais je te promets que je reviendrai te parler. Et je te convaincrai cette fois.

- Eh ! Attends, tu es censé être mon prisonnier ! m'exclamai-je vainement.
Évidemment, pauvre conne, pendant que tu lui tapais tranquillement la discute, il a eu le temps de se refaire en chakra.

Je m'élançais vers lui dans une vaine tentative de le rattraper, et alors même qu'il disparaissait sous mes yeux, je ne pus m'empêcher de penser que j'avais enfin rencontré quelqu'un qui allait tenir ses promesses. 


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