En me réveillant, je consulte la première chose qui me vient à ma gauche. Cet objet devenu une extension de moi-même tellement je l'utilise continuellement. Chaque matin je m'émerveille de la souplesse que gagne mon bras gauche. Je dois faire des mouvements super compliqués pour couper l'alarme qui résonne à la fois dans ma chambre et dans ma tête. Je commence à faire ma vie tranquillement. La classique métro, boulot, dodo (en fait c'est plus un car mais le mot car ne rime pas avec la sonorité -o si douce). Une fois arrivé dans les transports en commun, je découvre les nouveaux chapitres qui ont été publiés cette nuit et je commence à m'immerger dans ce monde rempli d'histoires plus délirantes que d'autres. Je me rappelle que l'écriture est en train de m'appeler mais je refuse celui-ci, de peur de reconnaître l'horreur de mes écrits.
Mon regard se porte alors sur cette histoire qui continuera toujours de m'étonner. Je me prépare à voir de nouvelles choses dans ce recueil qui est très aléatoire. Je distingue enfin les premiers mots du titre de l'histoire et mon pouce n'hésite pas à appuyer sur le bouton.
"Le jeune homme se lève sous le soleil de midi. C'est l'heure parfaite pour continuer à passer une journée tranquille. Ses yeux furètent à l'horizon qui s'étend derrière ses fenêtres. Le brouillard partout, il inonde les forêts alentours. Aujourd'hui, la maison sera ma seconde peau. Je ne sortirai pas, je vais donc devoir m'occuper. Je décide donc de faire mon activité favorite, cachée du regard des autres. Et mes premières lignes parlent elles aussi d'un homme perdu"
Je relève les yeux... une mise en abyme ? Sérieusement ? Moi qui pensais avoir trifouiller les bas-fonds de la littérature. Cette mise en abyme est si médiocre que je l'imagine déjà. Cet homme perdu aime les livres et va raconter une histoire. Et c'est à peu près ce qui se produit, à la différence près que l'histoire qu'il raconte m'étonne quelque peu.
Le héros de son histoire n'en est pas un mais plutôt une héroïne. Celle-ci est très active dans la société et dirige même une entreprise assez développée qui lui permet de se retirer un peu de la vie. Dans les grandes lignes, elle est sur son yacht dans l'Océan Indien en train de se dorer la pilule en réfléchissant sur les récits que pourraient s'inventer un sinistré de zones en guerre.
Ce sinistré serait un homme d'âge mûr accompagné de sa petite fille, il a besoin de raconter ce qu'il lui est arrivé mais parler de sa propre vie lui fait du mal. Vous ne vous rendez sûrement pas compte de ce qu'un homme peut subir psychologiquement. Les horreurs de la guerre sont difficiles à exprimer et utiliser un personnage qui n'est pas soi-même permet de prendre de la distance vis-à-vis des atrocités que l'on a vécues.
Ainsi celui qu'on surnommait "La terreur de Raqqa" n'était qu'une extension de l'esprit de cet immigré sorti des champs de mines. Ce personnage était sans peur et sans remords. Il incarnait parfaitement l'idéal du héros des temps modernes. Il sauvaient les personnes en détresse avec les seules armes qu'il avait : sa force, son intelligence et sa propre AK-47 confectionnée par ses soins pour qu'elle s'adapte au mieux à son bras. Dans ses yeux on y lisait les cris et les pleurs qu'il côtoyait quotidiennement pour aider la population locale qui souffrait constamment à cause de ces puissances intouchables qui souhaitaient montrer leurs forces sur un terrain détruit par eux-mêmes. Leur but premier n'était sûrement pas de sauver ces pauvres âmes errantes sur le sable couvert de sang mais plutôt de montrer et préparer leur stratégie en vu d'effrayer les autres pays pour maintenir une supériorité mondiale.
Hypocrite vous dites-vous ? Même si le protagoniste en avait conscience, il savait que la puissance n'était pas seulement néfaste à l'humanité et que le développement permettait de sauver d'autres vies. Il n'oubliera jamais l'arrivée des secours dans son petit village souffrant de famine dû à l'absence de ravitaillement. Il a vu ces casques bleus débarquer d'un mirage qui se dessinait devant ses yeux. Il n'oubliera jamais.
Le Syrien regarda sa petite fille, le visage baigné de larmes. Il était fier de ce qu'il allait montrer au monde entier. Il allait montrer le vrai vissage de l'Homme. Sa fille le regarde, un sourire étend ses joues pour commander ses bras et un enlacement infini découle de cet instant génial.
Depuis l'Océan Indien, la millionnaire se réjouit des actions qu'elle a menées pour sauver des vies. La fierté se lit sur son visage, elle n'est pas comme les autres, elle se sent différente, plus ... humaine. Elle se lève d'un bond et se dit qu'une action ne suffit pas, il faut sauver plus de gens, il faut en particulier sauver la Terre, sauver cet amas de roches qui tourne autour d'un Soleil et qui menace de ne bientôt plus abriter de formes humanoïdes.
Le jeune est heureux, il retranscrit sa vision du monde. Son optimiste le rend heureux, il sait que la richesse qui symbolise la puissance n'est pas seulement entre les mains de personnes exécrables. Il a de l'espoir, l'espoir que l'Homme soit enfin en mesure de se comprendre lui-même et de penser empathiquement. Il est conscient que cela prendra du temps, mais pour l'heure, il y croit, il sait que les histoires qu'il raconte n'existeront bientôt plus sur ce monde. La guerre n'est pas une caractéristique spécifique de l'Homme, il peut s'extraire de ce corps de guerrier. "La Guerre peut avoir une fin."
Je ... suis assez bouleversé. Une vision comme celle-ci devrait être partagée par plus de personne. On devrait prendre exemple sur cet homme même si ce personnage est fictif, il est plus humain que certains qui s'auto-proclament comme tels. La Terre n'est pas encore détruite, il ne faut pas perdre espoir. J'avoue que mon état d'esprit n'est pas encore entièrement convaincu mais cela viendra. Il faut se rendre à l'évidence, l'espoir fait vraiment vivre. Si je veux me considérer comme vivant il va falloir que mon état d'esprit change.
Je lève la tête et fait un mouvement circulaire autour de moi.
"Il faut que NOUS changions d'état d'esprit."
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Essais
RandomUne description n'est pas assez subtile pour indiquer tous les points dont j'omettrais l'existence.