Héritage

Chapitre 1

Chapitre 1
« Si vous voulez vivre une vie heureuse, attachez-la à un but et non pas à des personnes ou des choses » Albert Einstein.

Le père rugit, les lionnes frissonnèrent de terreur en entendant son cri résonner du fond de la caverne. Naamu releva la tête et contempla en silence l'antre où résidait son père, sa cousine lui frappa l'épaule d'un revers de la patte pour attirer son attention.

- Cesse de regarder ! Viens, on s'en va.

La lionne se mordit le coin de la lèvre, jeta un dernier regard à la grotte d'où se dessinait l'ombre du vieux roi dont les poils bruns n'étaient qu'un souvenir sous le voile gris de la vieillesse, puis emboita le pas à Seara qui s'éloignait prestement du repère des lionnes. Ses dernières dormaient sous d'énorme pierre que la terre maintenait dans un équilibre précaire leurs offrant un abri de fortune pour les protéger du soleil, alors que le roi résidait dans la grotte qui se dressait en haut de la colline où s'étendait un promontoire rocheux idéale pour contempler son harem de regard perçant qui la rendait mal à l'aise. Naamu n'avait jamais mis les pieds dans la grotte du roi, mais elle n'avait pas la moindre envie de s'y rendre. D'après les dires de sa comparse, qui avait dut s'y rendre la semaine dernière, l'endroit était sombre et puant, empli de poussière, de boules poils et de carcasses tellement vieilles que les os en étaient devenus blancs. Et puis, il y avait le roi, leur père, qui s'approchait d'elles pour leurs faires des choses affreuses.

Naamu ne savait pas exactement ce qu'il faisait aux lionnes qu'il invitait dans la grotte, mais elle n'était plus naïve, elle n'était pas idiote, elle voyait bien que les femelles revenaient le regard vitreux, souvent en larmes et les plus anciennes les consolaient rapidement pour rapidement les incités à se reprendre en main. Puis, les lionceaux venaient au monde.

La lionne poussière releva les yeux sur sa cousine qui trottait légèrement entre les herbes hautes de la brousse, l'œil attentif à tout ce qui pourrait trahir leurs présences, et dégluti. Elle avait vu ses filles avec qui elle avait grandi revenir effondrer de leurs entretiens avec leur père, mais Seara était revenu la tête haute malgré la griffure qui lui barrait la joue, la poussière et l'affreuse odeur qui l'accompagnait. Naamu admirait cette lionne qui, malgré le climat hostile dans laquelle elle grandissait, n'avait jamais cesser de créer une petite bulle de magie autour d'elle pour la protéger de la dure réalité. Depuis ce jour, ce havre de bonheur avait explosé, mais dès que Seara tournait ses grands yeux pastels vers sa cousine un refrain candide s'emparait du cœur de la lionne et tout semblait être un mauvais rêve. Seara lui sourit.

- N'ait pas peur, ce n'est pas aujourd'hui qu'il mettra la main sur toi.

Elle lui arracha un large sourire et la lionne accéléra le pas pour marcher aux côtés de son amie épaule contre épaule. Il leur faudrait à un moment rentrer chez elles, mais Haydar pouvait se déchainer dans le repère qu'elles ne subiraient pas le courroux de sa folie.

- J'aimerai qu'il ne le fasse jamais. – Déclara Naamu.

- Il ne faut pas trop en demander non plus, mais plus tard sera le mieux.

- Dit-moi Seara. – dit-elle après un moment d'hésitation. – Comment te sens-tu ?

- Bien.

La voix ferme mettait instantanément fin à la conversation. La lionne beige n'avait pas la moindre envie de parler de sa potentiel grossesse à laquelle elle était prédestiné. Naamu détourna les yeux, regardant l'horizon d'un air vague. Une fois que Seara eut décidé qu'elles furent assez loin du repère, les chasseresses ralentir le pas et se dirigèrent vers une petite colline derrière laquelle s'étendait une prairie mordorée d'où on pouvait apercevoir les marécages sombres qui délimitait leurs petits royaumes. A son sommet, la chasseresse beige huma l'air lourd de la savane et poussa un long soupir satisfait, posant son regard sur les troupeaux qui broutait paisiblement en contrebas elle profita de cet instant de quiétude comme si celui-ci était le dernier qu'elle pourrait avoir avant longtemps. Naamu la contempla en silence, la gorge serrer par l'inquiétude.