La Quatrième Édition [En pause]

Chapitre 1

   Cette sensation de suffocation l'étreignit. Elle n'arrivait pas à respirer. Elle bougea ses jambes, remonta à la surface. Ce n'était que quelques secondes plus tard qu'elle remarqua qu'elle était dans l'eau. Sa tête fut la première chose qui entra en contact avec l'air si froid. Elle inspira, expira puis inspira à nouveau. Elle haletait – ce qui était normal, après tout : elle venait de frôler la mort par noyade.

   Doucement, elle ouvrit les yeux. Ils lui faisaient mal. Elle lécha ses lèvres et perçut le goût du sel. De l'eau salée. Elle attendit que sa vision s'adapte à la lumière si vive. Elle était en pleine mer. Mais que foutait-elle ici, bon sang ? Autours d'elle, de petits poissons nageaient tranquillement (l'eau était tellement claire qu'on pouvait facilement les voir). Elle bougeait doucement ses membres pour rester à la surface sans effrayer les petits animaux. Ils ne semblaient pas la remarquer, d'ailleurs. C'était comme si elle était invisible. Tant mieux, pensa-t-elle. Je pourrai les observer un peu plus longtemps. Elle avait l'impression de voir cela pour la première fois de sa vie. Elle savait ce que c'était, mais elle n'en avait jamais vu. Mais pourquoi était-elle distraite aussi facilement ?! Elle devait savoir ce qu'elle faisait ici, en plein milieu d'une mer, au plein cœur des poissons. Elle avait beau creuser ses souvenirs, elle ne trouva rien.

Pas même son prénom.

   Ce fut à partir de ce moment qu'elle commença à paniquer. Qui était-elle ? Que faisait-elle là ? Et comment sortir de là ? Elle ne pourrait pas rester dans l'eau éternellement, elle allait finir par sombrer dans le sommeil et se noyer ! Elle regarda autours d'elle mais il n'y avait que de l'eau. De l'eau à perte de vue. Elle se retourna. La vue d'une île assez grande la rassura et calma aussitôt les battements affolés de son petit cœur. Elle commença à nager en direction de la plage qui entourait une énorme zone de forêt. Mais alors qu'elle regardait en dessous d'elle, cherchant des poissons pour caler son rythme sur le leur, elle n'en vit plus un seul. Elle avait pris soin de ne pas aller trop vite pour qu'ils ne disparaissent pas et voilà qu'il n'y en avait tout simplement plus ! Mais comment cela se pouvait-il ? Ils ne l'avaient même pas remarquée au départ ! 

   Elle sentit quelque chose agripper son pied gauche. Pas une algue ou quoi, non. C'était une main. Des ongles s'enfoncèrent alors dans sa chair. Elle retint un cri de douleur et se retourna pour voir qui lui faisait cela. Elle ne vit personne et on la tira dans l'eau. Elle n'eut le temps que de prendre une petite respiration avant de s'enfoncer dans le liquide. À cause du sel, elle dût très rapidement fermer les yeux, mais elle avait eu le temps d'observer son agresseur. C'était une sorte de squelette noir aux longs cheveux verts et avec un queue de poisson ? Hein ? C'était quoi ça ? Bordel, mais t'as pas le temps pour réfléchir à ça ! Tu vas mourir si tu fous rien, espèce de débile ! Elle donna un bon coup de pied dans la tête qui l'attirait vers le fond de l'eau. Malheureusement, il n'y eut pas toute la force qu'elle aurait voulu : l'eau ralentissait énormément ses mouvements. La créature eut quand même un peu mal puisqu'elle la lâcha et la jeune fille put remonter à la surface. Elle commença à nager très rapidement vers la plage, mais la chose la rattrapa. Elle redonna des coups de pieds, mais elle sentait toujours la main sur sa cheville. Alors, au lieu de gaspiller ses forces en donnant des coups, elle luttait contre le squelette à queue pour rester à la surface. 

    Elle vit quelque chose tomber dans l'eau. Elle ne sut pas quoi mais la créature la lâcha. Alors elle se mit à nager vite, très vite, pour rejoindre la plage. Plus rien ne vint l'arrêter dans sa course. Peut-être que le bidule tombé du ciel en était pour quelque chose ? Non, arrête de penser. Nage. Rejoins la plage. Puis après, tu pourras te poser des questions. Elle ne savait pas si c'était sa conscience qui parlait, mais en tout cas, elle savait qu'elle n'avait pas pensé ça. Mais elle suivait ce que lui disait la voix. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire.