Dans le cœur des ténèbres: Les haines viscérales

N°2

La jeune femme ne comprenait pas. Pourquoi ces personnes pensaient-elles ainsi qu'elle était spéciale? Elle avait toujours été comme tout le monde. Rien en elle ne la distinguait des autres. Rien en elle ne la rendait meilleure ou pire que les gens avec qui elle avait grandi. Et quel était cet apprentissage dont avait parlé la voix féminine? Pourquoi aurait-elle à faire un apprentissage? Elle avait l'impression qu'elle venait d'entrer dans un monde différent de ce qu'elle avait toujours connu, peut-être parce qu'elle n'avait plus de souvenirs précis. Elle ne savait pas ce qu'elle devait croire...

_Mais elle ne va jamais s'en sortir dans notre institut, s'exclama alors la voix féminine en faisant un peu plus de bruit. Tu es complètement malade! Pourquoi est-ce que tu veux faire une chose pareille?...

_Parle moins fort, répondit l'homme! Elle risque de se réveiller et de nous entendre. Il ne faut pas qu'elle sache ce qu'il se passe. Si jamais elle apprend ce qu'il se passe, nous sommes tous en danger. Elle pourrait essayer de prévenir les siens et ça pourrait déclencher une guerre entre nos clans. Alors, parle doucement.

_Et comment tu vas faire pour qu'elle ne sache pas ce qu'il se passe et ce qu'elle est? Comment tu vas faire pour que les autres personnes de l'institut ne voient pas ce qu'elle est? Ça se voit!

_Ne t'en fais pas pour cela: j'ai déjà bridé ses souvenirs et j'ai caché sa vraie nature, sauf à tes yeux et aux miens. En gros, seuls ceux qui l'ont déjà rencontré et qui l'ont touché avant que je bride sa nature sauront qui elle est, ce qui nous aidera peut-être à trouver qui a décidé de lui faire cela. C'était pour cela qu'elle ne se souvenait de rien de son existence! Mais pourquoi?Pourquoi lui cachait-on ce qu'elle était? Qui y avait-il de si terrible dans ce qu'elle était? Elle avait peur de le découvrir. Elle avait peur de savoir ce qu'elle avait fait pour mériter un tel sort. Oublier ce qu'elle était... Cela voulait certainement dire qu'elle avait été quelqu'un de terrible. Et elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir incapable de cela. Elle se sentait minuscule et faible. Elle avait l'impression qu'elle était un danger pour les autres.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'était cet institut dont avaient parlé les deux personnes: que voulaient-ils dire par institut? Et pourquoi cette femme pensait-elle qu'elle ne pouvait pas s'en sortir? Que se cachait-il là-bas? Elle avait peur de ne pas être à la hauteur de ce qu'elle devait faire. Elle avait l'impression qu'elle allait devoir se battre constamment afin de pouvoir survivre. Et elle ne savait pas si elle avait la force de faire ce genre de choses. Mais elle avait l'impression qu'elle était plus résistante que ce que cette femme pouvait croire: elle était capable de tenir face à un milieu hostile. En tout cas, elle avait envie de le croire de toutes ses forces. Elle avait envie d'être plus grande que ce que ces gens semblaient voir lorsqu'ils la regardaient. Elle n'était pas frivole. Elle n'était pas comme cela. Cette jeune femme semblait penser cela d'elle, mais elle ne se rendait pas encore compte qu'elle avait tort de faire une telle erreur.

Et puisqu'elle ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait et qu'elle ne semblait pas avoir le choix, il fallait qu'elle affronte ce qu'il se passait du mieux qu'elle le pouvait. Il fallait qu'elle affronte cet institut et ces gens le temps d'apprendre qui étaient ces gens, ce qu'ils lui voulaient et ce qu'elle devait faire. Elle n'avait pas le choix: elle devait se rendre dans cet institut dont elle ne connaissait rien et essayer d'y survivre tout en sachant qu'un homme qu'elle ne connaissait pas voulait la tuer. Mais la seule chose dans tout ce tableau noir qui la rassurait un temps soit peu était de se rendre compte que deux personnes semblaient être de son côté... Elle ne savait pas qui elle était et n'avait aucun souvenir de ce qu'elle avait fait, alors elle n'avait pas d'autres choix que de se fier qu'à ces deux personnes et à ce qu'ils voulaient faire pour essayer de la protéger.