POURQUOI LE ERERI N'EST PAS, ET NE SERA JAMAIS, CANON

Argument 15. Livaï a été déçu d'Erwin, mais jamais d'Eren.

Non. C'est non sur les deux arguments.

Livaï n'a jamais été "déçu" d'Erwin, il a juste été choqué de comprendre que son major bien-aimé était moins altruiste (et plus torturé) qu'il ne le paraissait. Si Livaï avait été déçu d'Erwin, il n'aurait pas continué à le suivre aveuglément et n'aurait pas appliqué son plan pour renverser le gouvernement. Livaï ne montre aucune déception envers Erwin. Bien au contraire, à la fin, il le félicite de tout ce qu'il a fait (par la suite, il n'hésitera même pas à dire que si Erwin est devenu ce qu'il est, c'est parce que tout le monde, lui y compris, le voulaient ; c'est un constat très dur, plus envers lui-même qu'envers Erwin). Livaï réévalue sa position par rapport à Erwin, et de collaborateur, il décide de se transformer en protecteur (car Erwin a réellement besoin qu'on pense à son cul à sa place et Livaï le comprend enfin, un peu tard malheureusement). Les désaccords qu'ils auront par la suite seront basés sur la sécurité d'Erwin, sujet sur lequel ils n'ont pas le même avis. Aucune déception là-dedans. Erwin a été le meilleur major du bataillon et pour Livaï, il est irremplaçable. C'est pas quelque chose qu'ont dit d'un supérieur qui vous a déçu.

Et qu'on évite l'argument du syndrome de Stockholm, parce que c'est vraiment prendre Livaï pour ce qu'il n'est pas : un syndrome de Stockholm se développe envers un agresseur/kidnappeur qui vous séquestre, vous coupe du monde extérieur, vous terrorise et vous conditionne à tel point et pendant si longtemps que vous vous attachez à lui, par réflexe de défense et de survie ; en éliminant l'aspect criminel de sa situation, la victime se nie comme victime. Erwin ne fait pas ça à Livaï. Il l'arrête comme un soldat le ferait et lui laisse un choix de vie qu'il était même pas obligé de proposer (Livaï était un voleur, on rappelle). Certes, le choix paraît limité, mais le trio avait aussi ses raisons d'accepter. Et par la suite, Livaï n'avait aucune raison de rester, un syndrome de Stockholm réclame plus que quelques jours pour se développer. Erwin ne l'a en fait jamais tenu prisonnier, s'il est resté avec lui toutes ses années, c'est par sa seule volonté. Et si Livaï ne lui tient pas rigueur de sa petite "trahison", c'est pas parce qu'il est tellement hypnotisé par Erwin qu'il n'est plus capable de réfléchir logiquement, mais parce que ça ne remet finalement rien en cause, et surtout pas le bien fondé de leurs actes à tous les deux. Erwin n'est pas un homme abusif et Livaï n'est pas un mouton incapable de choisir sa vie. Donc exit syndrome de Stockholm.

Et si on s'en tient à ce qui se passe dans le manga entre Eren et Livaï, prétendre que Eren peut tomber amoureux de Livaï fait du ereri un syndrome de Stockholm bien plus évident, car Livaï est non seulement violent avec Eren, mais en plus Eren en a un peu peur, deux ingrédients composant ce syndrome.

Le Ackerbond n'est pas un esclavage ; c'est un instinct et un choix, les deux à la fois. Alors si vous prétendez aimer Livaï, arrêtez de cracher sur son lige. Il aime pas ça, Livaï. Il casse des bras quand on dit du mal d'Erwin, sachez-le. Respectez l'homme qu'il a choisi. Et c'est pas en essayant à tout prix (surtout celui de la mauvaise foi) de lui refiler une autre âme-soeur que ça marchera. Oui, parce que certains ereristes hésitent pas à affirmer que le Ackerbond existe pas (dans le but de discréditer le EruRi et le EreMika, les deux ships qui les gênent). J'ai rien contre les ships entre des personnages qui ont pas d'interactions (même si je trouve ça bizarre), mais si, pour le rendre crédible vous avez besoin de démolir les autres dynamiques qui, elles, existent bel et bien quoi que vous fassiez, je suis pas d'accord. Et Livaï non plus. Je l'enverrai vous botter le cul ; il aime bien ça, botter le cul des gosses sans cervelle.

Quant à Eren, du fait de sa position, il est naturellement moins enclin à "décevoir" Livaï. Livaï a toujours placé bien davantage d'espoir en Erwin qu'en personne d'autre (c'est Erwin qui a placé tous ses espoirs en Eren), de fait quand on attend de quelqu'un qu'il obéisse juste aux ordres, et que cette personne n'a pas tellement le choix parce qu'elle y est tenue et que si elle se rebelle, elle se prend une torgnole, difficile de dire si Eren est même en position de pouvoir décevoir ses supérieurs. Erwin est le supérieur de Livaï, et dans les faits, rien ne l'oblige à obéir à Livaï ; il peut donc dans l'absolu faire ce qu'il veut, Livaï n'a pas à exiger qu'il lui obéisse. Ce qui explique qu'ils peuvent avoir des avis divergents (ce qui ne relève pas de la déception, mais d'une relation équilibrée et égale entre deux adultes).

Reste à savoir si Eren a déjà "déçu" Livaï sur quelque chose. Sa déception la plus visible (parce que, oui, Eren a bel et bien déçu Livaï, qui l'a exprimé de façon magistrale) c'est quand Eren décide de faire cavalier seul et fout le bordel à Mahr. Son coup de pied dans la tête XXL démontre assez bien sa déception, non ? Car à présent, Eren est clairement dans une phase de rébellion et peut maintenant être en mesure de décevoir ses alliés (il déçoit aussi ses amis qui doutent de lui). Ici, il ne s'agit pas d'un choc suivi d'une réévaluation comme avec Erwin, mais bel et bien d'une déception cuisante qui se traduit par une froide colère suivie d'une violence physique. Parce que oui, quand Eren fait le con, Livaï hésite pas à le frapper. Et à mon avis, c'est loin d'être fini, selon les intentions réelles d'Eren, Livaï risque d'aller de déceptions en déceptions et d'en arriver à le corriger encore et encore.

Quand Livaï compare Eren aux larves rampant dans les bas-fonds, on peut dire sans aucun doute que c'est l'expression d'une déception, car oui, Eren avait auparavant une énergie qui avait le mérite de le pousser vers l'avant au moins positivement ; à présent, Eren est devenu froid, hautain, méprisant, blasé, cette énergie a disparu, et il semble engagé dans une voie très négative (restaurer l'empire d'Eldia). De ce changement, oui, Livaï doit être déçu sans aucun doute.

L'argument suivant fera directement suite à celui-ci...