Partie 1

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Le soleil se couchait doucement sur la ville, lui donnant cet aspect si particulier en ce doux soir d'été, nappant le ciel de couleurs flamboyantes, se reflétant sur les nombreuses parois vitrés de la civilisation. Une légère brise glissait sur les arbres alentours, emportant avec elle l'odeur des fleurs sauvages qui poussaient librement de ce côté éloigné des routes goudronnés. Ici la nature avait tous les droits, formant une sorte de barrière tout autour de la ville si bruyante, nauséabonde et violente. Les grands arbres centenaire trônaient fièrement en haut de cette colline, dominant la ville en contre bas, tout semblait si petit et si insignifiant de cette place. Même les quelques personnes encore dans les rues, malgré l'heure bien avancé du couvre-feu, ressemblaient à de simple fourmis depuis ces hauteurs.

Pourtant, même à cette distance il était très facile de repérer les patrouilles qui déambulaient armes aux poings, prêt à corriger le premier qui ne respecterait pas les règles. Couvre-feu, contrôle des commerces, surveillance presque intrusive de chaque habitant, respect des rations journalière par famille, encadrement des jeunes, gérer les aller et venu de chaque personne dans la ville, inspection inopiné de tout et n'importe quoi, tout ça n'était qu'une infime partie du rôle de ces hommes en uniformes sombre et aux visages toujours masqués.

Le soleil était pratiquement dissimulé désormais par les arbres, indiquant que l'heure du couvre-feu était maintenant dépassée d'une bonne heure. Les équipes de nuit allaient prendre le relais dans peu de temps, rendant le retour en ville plus compliqué. Et pourtant, j'étais toujours là, assise tranquillement sur mon tronc d'arbre mort à regarder le ciel se peindre de bleu profond et se parsemer d'étoiles toute plus brillantes les uns que les autres. La brise faisant virevolter mes cheveux devant mes yeux, couvrant peu à peu ma peau de frissons. Une fois de plus je n'avais pas pris de veste, préférant sentir cet air sur mes bras nue.

A la différence de la plus part des personnes de mon âge, personne ne m'attendais à la maison, pas de parents, de frères ou de sœurs, de parents éloignés ou même de mari. Il n'y avait que moi, et depuis le temps j'oubliais parfois qu'il n'en avait pas toujours été ainsi. Mais au final, avoir une famille n'était pas mieux dans cet immense enclos qu'ils appellent ville du renouveau. Ici, avoir une famille sous sa responsabilité c'est comme marcher en permanence avec un flingue sur la tempe, on se saigne pour eux mais au moindre faux pas, le moindre commandement franchis et c'est la fin. Plusieurs familles ont tout perdu pour un simple morceau de pain en plus, ou un enfant un peu trop expressif. En ce qui me concerne, j'ai perdu les miens à cause de mon manque de contrôle. A douze ans je tenais déjà tête à ce semblant d'ordre établie, à seize je passais tout mon temps à les faire tourner en bourrique. A dix-huit ans, je perdais mes parents. Punis pour mes actes irresponsables de rébellion, exécutés en exemple pour tous ceux qui auraient, l'espace d'un instant, l'idée de désobéir et de se joindre à moi. Mettre le feu à leur lieu de stockage de munitions et autres affaires obtenu dut à leurs rangs, n'était clairement pas la meilleure idée que j'ai pu avoir.

Pourquoi ne pas m'avoir exécuté moi? Parce que cela aurait fait de moi une martyre, et ça pour eux c'était pire qu'une vague de désaccord des habitants. De plus, leur sélection du genre masculin avait très largement limité leurs objectifs de base et aujourd'hui être une femme était pour eux important. Sur une totalité de trois cents habitants, nous étions à peine une centaine à être les heureux protégés dus à notre sexe faible, mais malheureusement cruciale. Sans cette poignée de femmes, plus de soldat pour alimenter leurs rangs de chair à canon dans une guerre beaucoup trop étiré dans le temps, plus d'hommes pour travailler dans les usines et autres lieux d'exploitation nécessaire à l'expansion toujours plus vorace de leurs civilisations soit disant parfaite. De plus, pour eux mes parents étaient devenus trop vieux, trop fatigués pour continuer leur travail. Ils c'étaient tous deux donnés tellement pour ce travail, ce privant de beaucoup pour le faire perdurer dans le temps. Résultat, ils n'ont eu qu'un seul enfant moi, une fille à la langue bien pendu et au caractère plus qu'inflammable. Un tempérament bien trop instable pour une vie déjà toute tracée, qui ne m'a jamais au grand jamais, convenu. Je ne les détestais pas, seulement, j'aurais voulus qu'ils comprennent que la vie n'a pas à être aussi triste et programmé que ça. Mon père avait rapidement baissé les bras à mon sujet, les coups de ceintures ne me faisant plus aucun effet après mes treize ans. Ma mère elle, tenta jusqu'à la fin de me faire entrer dans ce foutu moule qui m'écœurerais un peu plus chaque jour. Et pourtant, du haut de mes vingt-sept ans, je m'occupais de leur magasin sordide pour pouvoir effleurer un semblant de vie normal. Cultivant fruits et légumes dans une ville ou même la mauvaise herbe semblait refuser de s'établir.

All In Part 1: The Clan (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant