𝐏𝐇𝐎𝐓𝐎𝐆𝐑𝐀𝐏𝐇𝐄 - 𝐊𝐲𝐥𝐢𝐚𝐧 𝐌𝐛𝐚𝐩𝐩𝐞

Chapitre cinq

Emily
09.06.2018

Je me réveille en sursaut, comme à chaque fois que j'essaye de dormir un peu. Cette nuit, malgré tous mes efforts, je n'ai pas pu rester éveillée. En conséquence, j'ai été contrainte de le revivre encore et encore. C'est un cauchemar continuel et sans fin. Ils ne me harcèlent plus physiquement mais ils me harcèlent mentalement, ils me harcèlent dans mes rêves.

Je me lève, encore tremblante, et m'habille. Je sors courir dans le parc, seule comme à mon habitude, pour me vider la tête, ne serait-ce que pendant quelques minutes.

Sur le chemin du retour je retrouve mon frère qui vient me chercher pour le petit déjeuner.
—Tu cours maintenant? il demande calmement
—Oui.
—Ça fait longtemps?
—Quelques temps, oui. Ça me fait du bien.
—Aller viens, on rentre au chaud. déclare-t-il en passant son bras autour de mes épaules

Après le petit déjeuner, je monte me changer, ayant une heure de libre avant l'entraînement des garçons.
J'enfile un jean mom associé à un chemisier fleuri et toujours accompagnée de mes converses.

Aujourd'hui c'est une séance de théorie pour moi, Martin m'apprend de nouvelles techniques tandis que j'observe attentivement. Pour les joueurs, en revanche, ce sera fractionné suivi d'ateliers en groupes et enfin opposition sur demi terrain.

A la fin de la séance, un ballon arrive jusqu'à mes pieds alors je le renvoie et attire malencontreusement l'attention de quelques curieux.

—Emily, viens tirer quelques balles! crie Hugo de l'autre côté du terrain
—Je sais pas trop... dis-je hésitante
Je me tourne vers Martin, attendant un signe d'approbation de sa part.
—Qu'est-ce que tu attends? Aller, vas-y. dit-il
—Je ne suis pas là pour ça...
—Vas t'amuser. insiste-t-il
Le numéro 10 vient me chercher en courant.
—Est-ce qu'elle peut venir? S'il te plait. demande-t-il à mon maitre de stage
—Il m'autorise. répondis-je en riant.
Nous marchons vers le centre du terrain, nous éloignant ainsi du bord.
—Didier est d'accord pour une opposition, ça te dit de jouer dans mon équipe? À moins que tu préfères être avec Hugo, je comprendrais.
—Ça me va, d'être avec toi tu sais.
Il me fixe quelques secondes, tout en continuant de marcher à mes côtés, et sourit bêtement.

Une fois le groupe séparé en deux équipes, le jeu commence.
Notre équipe joue contre celle de mon frère qui défend les buts, comme à son habitude.
Après une dizaine de minutes de jeu, notre victoire est certaine en partie grâce au parisien mais aussi à des buts de Blaise et Raphaël.
Sur la dernière action, Kylian me fait la passe juste devant la cage et je me retrouve alors en face à face avec Hugo. Je tire et marque, non sans un peu d'aide du premier poteau.
Kylian et les chasubles se jettent sur moi, me faisant tomber sous leur poids largement supérieur au mien.

Une fois la célébration terminée, et alors que je demeure toujours par terre, le cadet me tend sa main, que je saisis timidement, et m'aide à me relever.
—Tu ne t'es pas fait mal? demande-t-il soucieux
—Non, non. le rassurai-je
—Tant mieux. Au fait, je ne te savais pas si douée. Passer Hugo, il faut le faire, c'est un vrai mur!
—C'était de la chance, et j'ai été bien servie je dois dire. répondis-je en sentant le rouge me monter aux joues
—Ouais, bien joué minimoy! surgit le gardien
Et comme à son habitude il m'ébouriffe les cheveux alors qu'il porte encore ses gants.
—Tu comptes me faire ça jusqu'à quel âge Lloris? lâchai-je en ralant
—Je compte pas arrêter Lloris. ironise-t-il avec son sourire narquois

Martin s'occupe de la traditionnelle photo des gagnants, sans moi, étant donné que les oranges ont insisté pour que je sois dessus.
La fraîcheur du mois de mai se fait ressentir ce matin et je regrette immédiatement de ne pas mettre plus habillée.
Je frissonne de nouveau alors que nous posions pour immortaliser le moment.
—Tu as froid? me chuchote une voix à l'oreille.
—Un peu.
Kylian, qui se tenait derrière moi, frotte doucement ses mains sur mes bras, me faisant encore plus frissonner au contact de sa peau contre la mienne.