Désarçonner

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Il se pouvait bien que je commettais là l'une des plus grosse erreur de toute ma vie, si ce n'était là plus énorme. Je ne savais pourquoi j'avais accepté ce que Taehyung avait proposé, ni comment j'avais pu me faire silencieux et que je n'avais pas protesté, lui disant qu'il était dingue de demander une telle chose. Comment la personne avec qui j'avais passé officiellement huit mois de relation, et qui je savais m'aimait de tout son être pouvait consciemment souhaiter un dernier moment d'intimité et de tendresse avant de me rendre ma liberté, du moins de me pousser à celle-ci. En réalité j'aurais voulu de tout mon coeur qu'il se fasse égoïste, cette situation aurait été tellement plus simple pour tout le monde si Taehyung n'avait pensé qu'avec ses propres sentiments.

Malheureusement je connaissais mon aîné et je savais que jamais il n'aurait pu se pardonner de ne pas m'avoir dit qu'il avait croisé Yoongi, et je savais aussi que si j'avais décidé de rester, il aurait penser toute sa vie qu'il me privait de quelque chose, et il se serait senti tel un bourreau. Taehyung avait peut-être compris et accepté le fait que je devais sans nul doute être une personne comme ça, le genre qui n'a pas d'attache, celui qu'on ne peut retenir, pourtant en réalité je mourrais d'envie qu'il le fasse, qu'il fasse ce qu'il faisait toujours, c'est-à-dire me rappeler à la raison, m'expliquer les choses et m'aider à prendre mes décisions. 

Ainsi Jungkook avait disparu avec la nuit, et ses pas matinaux et égarés l'avaient bien négligemment menés là où jadis il avait partagé ses nuits avec un autre homme qui n'était pas Taehyung. Arrivé en bas de l'immeuble de son ancien dealer, ce fut pétrifié que Jungkook s'était retrouvé et il fut totalement tétanisé en réalisant là où il se tenait. Au fond le jeune garçon n'avait peut-être pas réfléchi à tout ça, Taehyung lui avait dit de rejoindre Yoongi et ce qu'il avait bêtement fait, comme une vulgaire machine programmée à obéir. Et désormais Jungkook se retrouvait là, angoissant et commençant à paniquer face à ce scénario qu'il ne semblait ni avoir écrit ni orchestré, pourtant malgré son état il fut capable d'amener son doigt tremblant jusqu'au bouton de l'interphone, et avec une longue inspiration aussi profonde que douloureuse il avait comblé les derniers centimètres qui scellaient son destin. Alors qu'il avait surement sonné sans réellement réaliser ce qu'il venait de faire, c'était dans le silence que résonnait actuellement son coeur battant à toute allure dans sa cage thoracique, du moins avant que celui-ci ne déraille violemment à la suite d'une voix qui malheureusement était bien trop familière aux oreilles de Jungkook. Au fond le jeune garçon avait surement espéré que personne ne réponde jamais à son appel.

-Ouais ? 

-...Yoongi...

Et puis pour seule réponse je n'eus que le silence, comme si j'avais réussi à rendre muet mon interlocuteur, me faisant déglutir douloureusement tout en bloquant mon propre souffle, comme si on était venu me le voler. Je ne savais ce que j'étais en train d'attendre, pourtant le son annonçant l'ouverture de la porte semblait avoir la réponse. En réalité si jusque-là je n'avais fait que venir à reculons, me demandant sans cesse pourquoi Taehyung ne m'avait pas retenu, en sachant la porte ouverte j'avais totalement arrêté de réfléchir, comme si je n'en étais tout simplement plus capable. Ainsi je m'étais retrouvé à ouvrir la porte de toutes mes forces, puis c'est en courant que j'avais rejoins les escaliers, avant de monter les marches trois par trois pour regagner le bon palier, celui de mon aîné.

Jungkook était donc monté dans l'immeuble, se retrouvant bien vite, trop vite devant la porte de son aîné et encore une fois ce fut sans se poser une seule question qu'il l'avait franchi, comme s'il était bien trop pressé pour prendre la peine de frapper et d'attendre une réponse positive de la part de Yoongi. Jungkook était à bout de souffle, son coeur battait à toute vitesse et sa respiration était frénétique, sans repos ni compassion pour ses pauvres poumons normalement habitués à une fumée trop épaisse. 

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