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Soixante-deux putain de fucking jours. Je vous assure que j'avais fait mes petits bâtons sur un mur pour les compter, comme les gens en prison.

Soixante-deux jours pour recommencer une vie.
Une nouvelle vie incertaine, mais je n'avais pas d'autre choix.

J'ai traversé le pays en une semaine. Arrêt au stand obligatoire. C'est que ma GSX-R1000 avait soif !!! Elle picole la Pret'mobil. Ahahah. J'adore appeler ma cylindrée comme ça. Son noir mat  et ses jantes rouges sont juste magnifiques. Cette Suzuki® avait fière allure ; en revanche, je dois l'avouer, elle pesait la mémère ! Cependant, quand elle traversait l'asphalte, on ne voyait qu'elle. Elle et moi avons bouffé du goudron de Dothan en Alabama à Durham dans l'Oregon. Vous voyez où c'est ? Non ? Google est votre ami.


Heureusement que j'étais sur le point d'arriver, car j'avoue que j'avais le derrière endolori. J'aimais faire de la route.... Mais là, c'est vraiment parce que je n'avais pas le choix. Le trajet passait assez rapidement, comme j'avais de la musique dans mes oreilles. Au moment où je vous parle « Living after midnight » de Judas Priest résonne dans mes tympans.

Arrivée à la barrière des Darkpuls MotoClub, un type bien charnu de la bedaine se tenait là, à faire la surveillance et à filtrer l'entrée du MC. Il n'avait pas l'air commande. Je m'arrête brusquement devant le portail, tourne la tête et l'examine. Je voyais ce regard noir dans ses yeux. Hormis ma taille qui lui fait dire que je suis une fille, rien ne peut lui révéler mon identité ! La vitre de mon casque était teintée en noir. Je restai donc anonyme pour lui et intérieurement, ça me faisait rire ! Mais visiblement, ce n'était pas pour lui plaire !

– C'est pourquoi ? me balance le bedonnant sur un air méprisant.
– J'aimerai voir ton président ! lui répondis-je toute guillerette.
– C'est bien ! T'es qui ?
– Je ne suis personne mon gars ! Appelle ton président s'il te plaît.
– Tu te prends pour qui, Connasse ?
– Une connasse qui va te faire virer du MC si tu n'agis pas tout de suite !!!

Mais pour qui se prend-il celui-là ? Il ne me connaît même pas ! Il a intérêt à bouger son gros cul de là, et fissa !

– Retire ton casque et donne ton nom au lieu de jouer à la maline !

Je m'exécutai, secouai mes cheveux pour les remettre en place et lui balançai mon plus beau sourire.

– Ne souris pas, Connasse ! Tu vas voir ce qu'il va te mettre dans les dents le président !
– Mouais, cause toujours mon gars.
– Bon, file ton nom, je n'ai pas que ça à faire !
– Pretty !!

Toujours avec son air renfrogné, il sortit son portable et appela son président. Après quelques secondes, sans avoir prêté attention à sa conversation, il m'ouvrit le portail et me fixa dans les yeux tout en accusant un échec visiblement.

– Tu peux aller te garer ! Il arrive.
– Merci mon brave, lui répondis-je sur un ton sarcastique.

Je rejoignis le parking. Une fois stationnée, je descendis de la Pret'mobil, posai mon casque sur la selle et retirai mes gants. Sans bouger de place, je ressentais toute cette nostalgie en regardant ce bâtiment qui m'avait tant manqué. Je jetai mon sac à dos au sol. J'en pouvais plus. Il était trop lourd. J'avais mis l'essentiel de mes fringues dont j'avais besoin. Le reste était stocké dans un garde-meuble.

Après quelques minutes à observer le bâtiment, Doc arriva. Dès qu'il m'aperçut, son sourire s'élargit ! Il courut vers moi. Arrivé à ma position, il me prit dans ses bras et me serra assez fort !

– Pretty, ma chérie ! me crie-t-il dans mes oreilles.
– Doc ! Tu me serres trop fort.
– Désolé, me dit-il en desserrant son emprise. Oh, la vache ! Pretty, tu as bien grandi ! Tu es magnifique.
– Merci. Et toi, tu as vieilli !

PRETTY - Mon Prospect & Moi (Tome 1 DARKPULS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant