Prouve-le moi

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Les pieds dans le vide, le regard figé sur l'immense muraille entourant la Dernière Ville, Newt pleurait. Il pleurait car jamais il n'avait dit la vérité à son petit-ami, il pleurait car il ne savait pas si il reverrait un jour Minho, il pleurait car il sentait la Braise s'infiltrer en lui, il pleurait car il avait peur. Peur d'oublier.

- Excuse-moi pour tout à l'heure, souffla-t-il en sentant Thomas se glisser près de lui.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? demanda Thomas en s'asseyant à côté de lui.

Newt chassa d'un bref geste les quelques larmes ayant surgies aux coins de ses yeux et se retourna vers son amant, les traits tirés par son air soucieux.

- Je t'aime, murmura-t-il. Tu le sais, n'est-ce pas ?

- Non, tu ne m'aimes pas.

Newt fronça les sourcils.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? bredouilla-t-il. Bien sûr que je t'aime.

- Non, fulmina Thomas. Si tu m'aimais, tu ne m'aurais pas hurlé dessus de cette manière. Si tu m'aimais, tu me dirais pourquoi chaque nuit tu prononces les noms d'Alby, de Winston et de Chuck. Si tu m'aimais, tu me dirais pourquoi tu refuses les étreintes que je t'offre. Si tu m'aimais, tu me dirais pourquoi tu te caches derrière cette façade. Si tu m'aimais, tu me dirais ce que tu vois durant tes absences. Si tu m'aimais, tu te réfugierais dans mes bras dès que les pleurs refont surface. Si tu m'aimais, tu ne serais pas comme tu es maintenant.

Il finit sa tirade, les yeux embués de larmes. Newt, comme étant son reflet, affichait la même expression affligée.

- Tu ne comprends pas, gémit le blond.

- Il n'y a rien à comprendre, Newt. Tu ne m'aimes pas, mon amour pour toi est à sens unique et je suis condamné à souffrir en te regardant être heureux.

Newt plongea son visage entre ses mains.

- Non Tommy, c'est plus que ça.

Il releva la tête, le regard perdu rivé sur son petit-ami.

- Je t'aime.

- Alors prouve-le moi ! hurla Thomas, les joues baignées de larmes.

- Que je te le prouve, et comment ? En te répétant que j'aime me réveiller à tes côtés, que j'apprécie plus que tout ta peau douce contre la mienne ? Que je ne supportes pas de me retrouver loin de toi ? Tu veux que je te prouve que je t'aime avec des mots ? Et bien les voici. J'aime te voir te lever, tes cheveux plus ébouriffés que jamais. J'aime voir la perle de sueur glisser le long de ta tempe dans les situations difficiles. J'aime voir ton front se plisser et tes sourcils se froncer quand tu réfléchis. J'aime ton petit nez retroussé se relever encore plus quand un nouveau problème survient. J'aime quand tu sers les lèvres, quand tu t'empêches de t'énerver. J'aime voir la pluie glisser le long de ton corps. Tu veux que je te prouves que je t'aime assez pour aller me livrer à WICKED, si c'était la seule manière de te voir rester en vie ? Tu veux que je te prouve nos petites disputes sans intérêt qui me font me sentir bien ? Cela ne sert à rien que je te dise que je t'aime tous les jours car tu sais très bien que c'est le cas et que rien ne changera. Je t'aime, Tommy. Et si tu veux que je te le prouves avec des gestes, tu as tort. Tu as tort car chaque jour, j'empêche mes membres de te prendre sur place. Je m'empêche à chaque instant de m'en aller pour ne plus te faire souffrir car ton sourire est la seule chose qui illumine ma vie. Si je ne t'aimais pas, je ne serais pas là, à essayer de t'expliquer tout ce que je ressens pour toi. Si je ne t'aimais pas, je ne t'accompagnerais pas où que tu ailles, au risque de me faire infecter. Et pourtant, je l'ai fais. Je t'ai suivi n'importe où jusqu'au bout du monde. Jusqu'au tunnel où le virus est entré en moi. Je suis infecté et si je ne t'aimais pas, j'aurais déjà sauté. Si je ne t'aimais pas, je ne te cacherais pas la douleur qui me tiraille chaque jour alors que je me bats contre la maladie. Si je ne t'aimais pas, je serais déjà entré dans la Dernière Ville pour sauver Minho car si je ne t'aimais pas, lui seul compterais pour moi. Si je ne t'aimais pas, je me serais déjà laissé submergé par la Braise mais te voir heureux m'empêches de faire ça. Si je ne t'aimais pas, je te tuerai sur place car je te veux tout entier, pour l'éternité. Si je te t'aimais pas, je serais resté avec Gally dans le Labyrinthe car je ne connaissais rien nulle part. Mais tu étais là. Et moi, je ne suis qu'un pauvre gosse tombé amoureux d'un héros durant une apocalypse. Si je ne t'aimais pas, j'aurais déjà tout laissé tomber, pour rejoindre mes amis morts. Chaque nuit je prononce leurs noms pour ne pas oublier qu'un jour ils ont été à mes côtés. Les souvenirs se font la malle avec mon humanité mais une chose reste : mon amour pour toi. Si je ne t'aimais pas, tu serais déjà au sol, terrassé par la rage qui grandit chaque jour au fond de moi. Si je ne t'aimais pas, je ne te montrerai pas les veines noires ornant mon bras dont j'ai si honte. Si je ne t'aimais pas, j'aurais franchis le pas et aurais basculé. Mais comme toujours, tu es là, avec ton délicieux sourire et tes yeux pétillants. Tu es là et m'empêche de partir rejoindre les autres de mon espèce. Si je ne t'aimais pas, je ne te dirai pas ce que je vais faire. Et pourtant, je te le raconte. Quand nous aurons trouvé Minho, je veux que tu me tues, pour que je ne fasse plus de mal à personne. Si je ne t'aimais pas, je ne te révélerais pas ça. Si je ne t'aimais pas, je ne te confesserais pas tout ce que j'ai sur le cœur, mon cœur empli de mon amour pour toi. Si je ne t'aimais pas, je n'essayerais pas de le prouver avec des mots vains. Si je ne t'aimais pas, je ne t'embrasserais pas comme je le fais maintenant. Si je ne t'aimais pas, je ne serais pas là, avec toi.

Prouve-le moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant