Perturbé, il se saisit d'un rouleau d'essui-tout et nettoya machinalement la tache de lait sur la table avant de se rasseoir, comme figé, son verre en main.
Comment était-ce possible ? C'était tout simplement irréaliste. Il avait forcément mal entendu, n'est-ce pas ? Qui ferait une telle chose ? Se toucher en pensant à lui puis lui envoyer l'enregistrement. C'était une mauvaise blague, n'est-ce pas ? Qui serait assez tordu pour faire une telle chose ?
La porte claqua dans l'entrée et Kasuka fit irruption dans l'encadrement de la porte.
— Hey, Shizuo.
Depuis sa place, il hocha vaguement la tête, perdu dans ses pensées. Son frère, l'air intrigué — du mieux qu'il était capable, c'est à dire toujours aussi neutre qu'à son habitude —, s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.
— Tout va bien ?
Le regard de Shizuo dériva dans un coin de la pièce, bientôt suivi de celui de Kasuka. Il remarqua le trou dans le mur, puis plus bas, le MP3 qui reposait au sol. Il avait dû vivre un sacré vol plané. Il s'approcha de l'appareil — qu'on aurait pu surnommer Nokia 3310 au vu de son état étonnement fonctionnel après avoir subit un tel choc — et s'en saisit.
— C'est à toi ?
Remarquant que Kasuka tenait le lecteur entre ses mains, Shizuo paniqua, se levant précipitamment et lui arrachant presque des mains.
— Euh... non ! Je veux dire oui. C'est... C'est à moi.
Il fit deux pas hésitants arrière.
— Je monte dans ma chambre, conclut-il en détournant les yeux.
Kasuka retourna donc à ses affaires, ouvrant la porte du frigo, c'est pas comme si ça le regardait, de toute façon.
— Ok.
Son frère courut dans les escaliers, brinquebalant son sac derrière lui, puis claqua la porte de sa chambre, essoufflé. Il s'assit à son bureau et serra un peu plus l'appareil dans sa main, en proie à un profond dilemme.
Il ne pouvait pas écouter ça. C'était une violation d'intimité, et pourtant, la curiosité le rongeait. Mais la personne dans l'enregistrement n'aurait sûrement pas voulu qu'on l'écoute. Mais, après tout, elle n'en saurait rien, et puis... Cette personne lui avait bien envoyé à son adresse et à son nom... Malgré tout, ça ne se faisait pas. Si ça avait été lui dans cet enregistrement, il n'aurait pas voulu qu'on l'écoute, mais cette voix... Il était certain de la connaître. Il devait — voulait terriblement — savoir. Oh, et puis merde. Shizuo vérifia que le lecteur avait résisté à la chute puis lança à nouveau la piste audio.
Les mêmes bruissements de tissus lui parvinrent et puis ensuite, les mêmes paroles.
« Shizuo... Ah ! Shizu... Ngh. »
Son visage pris des teintes cramoisies. Ses yeux s'écarquillèrent en entendant la suite. Encore deux gémissements, il était certain d'avoir perçu un « Shizu... chan ».
C'était une blague, n'est-ce pas ? Ça ne pouvait pas être vrai. On lui faisait une mauvaise blague et c'était tout. Pourtant, plus il écoutait, plus la voix de l'enregistrement lui rappelait celle d'Izaya. Sa respiration saccadée résonnait dans ses oreilles, et comme s'il s'était agit de quelque maladie contagieuse, elle le contamina. Le souffle erratique à travers les écouteurs lui donna l'impression qu'il était juste à côté à lui souffler des « Shizu-chan » éméchés au creux de l'oreille. Shizuo ne savait plus quoi penser, il hésitait, et son corps réagit plus vite que son cerveau.
Il se mot à rougir fortement quand un gémissement plus fort que les autres suivi et qu'il devina qu'Izaya avait fini son affaire. Ce ne fut que quand il retira les écouteurs de ses oreilles, très perturbé, qu'il remarqua la bosse qui déformait son pantalon.
Après cet étrange passage dans la vie de Shizuo, tout était en quelque sorte revenu à la normale. À la différence que désormais, il évitait Izaya, tout en l'espionnait du coin de l'œil, mais celui-ci n'avait semblé avoir aucune réaction qui sorte de l'habituel, aucune réaction qui aurait-on lui permettre de savoir s'il avait réellement envoyé ce paquet intentionnellement, ou si on lui jouait un mauvais tour, même s'il se demandait plutôt si ce mauvais tour n'était pas plutôt à destination d'Izaya que de lui.
Perdant patience, Shizuo avait alors décidé de lui renvoyer le MP3. Il l'avait emballé de la même manière qu'il l'avait reçu, et l'avait glissé dans le casier d'Izaya avec la note « à écouter seul ». Il l'avait alors suivi quand celui-ci était monté sur le toit. Il n'avait pas semblé reconnaître ni le MP3, ni cette façon de l'emballer. Il avait, sans se douter de rien, mis les écouteurs, puis lancé la piste et avait parut extrêmement choqué.
La suite s'était déroulée en moins de quelques instants : l'appareil s'était retrouvé sauvagement jeté au sol puis réduit en bouillie par une semelle sans pitié. On aurait presque pu entendre ses cris d'agonie, grésillements pitoyables étouffés par les lointains cris des élèves dans la cour. Izaya s'était alors assuré que personne n'avait assisté à la scène. Même avec toute la volonté du monde, Shizuo ne fut pas assez rapide et le brun aperçu l'espace d'une seconde sa chevelure blonde se dissimulant précipitamment derrière la porte.
Shizuo savait que l'autre l'avait vu, et il ne tenait absolument pas à avoir affaire à lui sur ce coup là. Il aurait très bien pu le frapper ou lui rendre ses coups, mais il se serait sentit trop coupable pour ça, car ça aurait été de sa faute à lui, et non de celle d'Izaya. Aussi violent et impitoyable que soit Shizuo Heiwajima, il n'aimait pas les injustices alors plutôt que d'affronter son destin, il décida de prendre lâchement la fuite et dévala les escaliers à toute vitesse, de la manière la moins discrète qui soit.
Plus tard, en le croisant dans un couloir, il se contenta de fuir son regard assassin et accéléra le pas jusqu'à sa classe. Izaya était furieux, contre Shizuo d'avoir écouté cet enregistrement et surtout contre lui-même de s'être visiblement fait surprendre d'une telle manière. Alors quand il disparu du lycée à la fin des cours, Shizuo ne s'en retrouva que plus tranquille, n'ayant plus à affronter son regard meurtrier.
Si seulement ça avait pu s'arrêter là... Mais c'était sans compter sur Izaya qui comptait bien obtenir des explications quant à tout ceci. Ainsi quand il ouvrit la porte de chez lui, quelqu'un l'attendait.
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Circonstances Particulières [Shizaya] Fanfiction
Fanfiction« Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? » C'est la question qui hantait Shizuo alors qu'il écoutait l'enregistrement qu'il avait reçu.