Chapitre 1

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La pluie ruisselle le long de mes bras maigrelets, mes forces me quittent. Je sens la morsure du froid sur ma peau. Mes cheveux noirs se confondent avec l'obscurité alentour, ils me brouillent la vue, s'engouffrent dans ma bouche, me fouettent le visage. Je l'entend crier mon nom, je l'entend crier. Elle me dit de la lâcher, de la laisser mourir. Malgré ses ordres et ses cris incessants je ne peut me résoudre à le faire. Je veux la faire remonter mais je n'y arrive pas je n'ai pas assez de force, je sens ses mains glisser. Je sais qu'au fond elle ne veut pas mourir, qu'elle ne veut pas quitter ce monde. Ou peut-être est-ce juste une histoire que j'ai inventé de toutes pièces, parce que... parce que j'ai peur qu'elle m'abandonne, j'ai peur de me retrouver à nouveau seule, sans personne à mes côtés. Comme perdue dans la jungle de la solitude, dans la jungle que représente ce monde, sans repères, sans chances de survie. Peut-être qu'au fond c'est plus pour moi que pour elle que je lutte, que je me démène corps et âmes à la faire remonter. Peut-être que pour être heureuse elle a, au contraire, besoin de quitter ce monde... et de me laisser seule. Si elle doit partir c'est bien à cause de moi, parce que je n'ai pas su la protéger. La pluie se fait plus forte. Ma vision se trouble, mes forces s'affaiblissent . Je lui crie que ce n'est pas une solution, que le suicide n'est pas une option. Qu'elle pourrait avoir une belle vie si seulement elle voulait bien tout recommencer. Je pleure et mes larmes se mêlent à la pluie qui inonde déjà mon visage. Mais au fond je me fiche de la pluie, je me fiche du froid, je me fiche de la douleur, de la fatigue, je me fiche de ce monde, plus rien n'a d'importance à ce moment précis. Tout ce que je veux c'est qu'elle soit là, qu'elle reste avec moi. Ses longs cheveux blonds sont devenus ternes, eux qui étaient si éclatants. Tout comme risque de le devenir ma vie si elle disparaît. Un simple décor sans importance qui aura beau briller de mille feux mais ne sera jamais parfait. Ses lèvres se pincent.

- Oublie-moi. Ce n'est pas de ta faute. C'est un choix que je fais, mourir m'est plus doux que de vivre, me dit-elle d'une voix presque inaudible. Hanaé, j'espère que tu pourras un jour me pardonner. Mais n'oublie pas que je t'aime, voyant mon expression dépitée elle se reprend. N'oublie pas que ta grande sœur t'aime... et t'aimera pour toujours; que, quoiqu'il arrive tu auras toujours une place dans mon cœur. Oublie-moi. Continue de vivre comme si je n'avais jamais existé. 

C'est sur ses mots qu'elle me mordit violemment les deux mains et se laissa tomber. C'est sur ces mots qu'elle m'échappa. Que je vis une dernière fois son doux regard azur. Qui, cette fois, était emplie de désespoir et de tristesse; dans les quels se reflétaient  bonheur et soulagement.

- MÉLISSA! je ne pu m'empêcher de crier son nom, même si je savais pertinemment que cela ne servirait à rien, que ça ne la ferai pas revenir. Qu'elle ne reviendrait jamais.

Mélissa, c'était sûrement la dernière fois que je prononçais son nom. Je le savais, ce serai beaucoup trop douloureux. Elle me tourmente. Elle me demande de ne jamais oublier qu'elle m'aime et ensuite de faire comme si elle n'avait jamais existé. Je me laisse glisser le long de la balustrade, et pleurs toutes les larmes de mon corps. Je regarde mes mains pleines de sang, et je vois la marque laissée par ses dents. Un souvenir éternel de ma chère Mélissa.  Mon monde s'écroulait. J'avais beau donner le maximum, faire tous les efforts possibles et imaginables, rien n'y faisait. La seule chose que je pouvais faire c'était regarder l'obscurité me  happer. Je sentis une boule se former dans mon estomac. Lorsque j'eu enfin trouver la force de me lever, je regardai le sol et je fus horrifiée par la scène qui s'offrait à moi. Ma sœur, disloquée, était étalée sur le sol, baignant dans une marre de sang. Une foule s'était amassée autour de son corps sans vie.

Ma vison s'obscurcit, le son de la pluie, les bruits de mes pleurs et des cris poussés par les gens qui avaient vu Mélissa tomber; se retrouvèrent comme étouffés, ils s'éloignaient de plus en plus; ou peut-être étais-ce moi qui m'éloignait ? - je n'en sais rien.Je fut  prise dans un étau, ma respiration se fit haletante. Tous mes sens me quittèrent. 

J'ouvris les yeux et me retrouvais dans un tout autre décors.

Je m'en sortiraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant