Silver Soul | y.min

Chapitre 3

C'était un ciel toujours couvert agrémenté de quelques gouttes de pluie qui accompagnait le garçon dans son trajet vers le café. Un matin comme plein d'autres, en soi. La rue, qu'il trouvait morne et insipide, ne retint pas son intérêt ce jour-là. Soit. Une météo aussi maussade — à son sens médiocre — ne valait pas vraiment la peine d'être observée, du moins pas pour le peu de temps qu'il pouvait se permettre d'accorder à une activité aussi oisive qu'admirer le paysage.

Jimin préférait les extrêmes, les choses vivantes, vibrantes, intenses. Il aurait fallu qu'une tempête se déchaîne sur la ville, que de violentes bourrasque fouettent son visage et fassent s'envoler les parapluies, une pluie diluvienne faisant de la chaussée un torrent. Peut-être le garçon se serait-il alors arrêté, absorbé dans une contemplation admirative, appréciant simplement d'exister là, petit être insignifiant qu'il était au milieu de la fureur des éléments. Peut-être. Mais la rue était toujours aussi fade et monotone et il n'y avait aucun signe d'un quelconque petit orage à l'horizon.

Pour le moment, il était dans la lune, comme il l'était constamment depuis sa découverte la veille. Il ne prêtait pas attention aux autres personnes sur le trottoir depuis plusieurs minutes déjà, quelques instants d'égarement qui lui valurent de heurter le bras de quelqu'un par inadvertance. Le jeune s'excusa promptement avant de repartir tout aussi rapidement. D'ordinaire, il se serait senti honteux et se serait certainement incliné jusqu'à s'en casser le dos. Pourtant, lorsqu'il atteignait un tel degré de préoccupation, ce genre d'incident ne le touchait étonnamment presque plus.

S'il en ressentirait probablement le contrecoup plus tard, il n'y attachait présentement aucune espèce d'importance, entraîné malgré lui par le bouillonnement de ses émotions. Son désir, une avidité qui lui échappait, se faisait impérieux au fur et à mesure qu'il se rapprochait du café, sans qu'il ne s'en rende compte. Il ne l'avait pas remarqué non plus, qu'il marchait de plus en plus vite. L'esprit en effervescence, ses foulées se faisaient moins espacées, plus hâtives. Bientôt, les gens commencèrent à se retourner sur son passage, s'étonnant de voir un étudiant échevelé courir aussi tôt le matin sans raison apparente. Sa marche un tant soit peu maîtrisée devenue allure effrénée, il arriva devant l'établissement presque essoufflé, le cœur battant la chamade. En partie à cause de cet effort matinal inhabituel, sûrement trop rude pour commencer la journée après si peu de repos, mais surtout à cause de l'excitation. Comment une si petite chose pouvait-elle à ce point le perturber ? Il ne possédait pas de réponse à cette question, seulement un besoin qui lui semblait vital. Il entra, ignorant l'écriteau indiquant « fermé », et fouilla vivement la pièce des yeux. Dès que sa cible entra dans son champ de vision, il accourut jusqu'à elle.

- Jin hyung ! Jin hyung !

Déconcerté à l'entente de la voix de son ami, l'interpellé se retourna, passant de l'incompréhension à une réelle surprise.

- Que... Jimin ? Pourquoi tu es là aussi tôt ? s'enquit-il.

- La gourmette !

Légèrement haletant, une certaine urgence transparaissait dans sa voix.

- Hein ? De quoi tu-

- Le bracelet, celui que j'ai trouvé hier, tu l'as toujours ? le coupa-t-il.

- Oui je crois mais-, tenta-t-il une seconde fois.

- Je veux le récupérer ! s'exclama-t-il sans plus d'explications.

- Bon ça suffit ! Arrête de me couper la parole ou je te jure que je le jette ! s'emporta le serveur, irrité par son insolence.

- NON !