10 Bloody Levels

Chapitre 1

Un vent pénible et glacial se mit à parcourir le corps de Yoan une fois passé le palier de chez lui. Il souffle sur ses doigts qui commencent déjà à geler. Il avance alors rapidement vers son vélo et s'agrippe fermement pour pouvoir y grimper, une fois bien installé, il se mit à pédaler rapidement vers le chemin qui mène à son lycée. Une brise d'air frais lui caresse le visage, le lycéen secoue rapidement la tête et continue à pédaler. Une affiche scotchée sur une vitrine attira son attention, Yoan s'arrêta et analysa la feuille de papier collée sur le mur. Son coeur se mit alors à battre plus vite dans sa cage thoracique. Il reconnu de suite son visage.

- 3 ans maintenant... Soupira Mei, se tenant devant l'affiche.

Bizarrement il n'est pas surpris de la voir près d'elle vue qu'ils habitent juste en face. La silhouette présente sur l'affiche ne leur est pas inconnue, il s'agissait de Léo Collin, c'était un de leurs amis. Visiblement il en a eu marre de cette vie, il n'en pouvait simplement plus. Son suicide a alerté toute la ville, surtout les médias, il a choisi une mort au yeux de tous, le pire suicide possible : il s'était jeté d'un pont. La jeune fille soupire et arrache la feuille brutalement.

- Allez on y va! S'exclame son amie en grimpant sur son vélo

Yoan monte devant et reprend sa route vers le lycée. Il pédale plus rapidement suite au nouveau poids qui se trouve dernière lui mais également parce qu'ils commencent à arriver en retard. Une fois à l'intérieur ils se dépêchent tous deux d'aller rejoindre leur cours d'anglais. Les deux lycéens s'installent au fond pour rejoindre leur amis.

- Mei! S'écria Elena, Je t'ai gardé une place !

Yoan salut cette dernière et se place à coté d'Olivier qui discutait avec Antoine à propos de leur partie de jeu-vidéo de la veille. Ils forment tous un groupe de cinq... Cinq personnes fort liés depuis le collège. Le groupe s'est renforcé depuis la mort de Léo, ça a vraiment été un choc pour chacun d'entre eux. Tous lui été attaché d'une manière ou d'une autre. Yoan a été profondément touché par son suicide, évidemment il avait quelques problèmes mais pas au point d'en arriver jusque-là. De sauter d'un pont...

Quand il a apprit la nouvelle, Yoan était chez Antoine, en pleine révision d'un contrôle, la mère d'Antoine arriva à toute vitesse dans la chambre sans toquer. Elle avait l'air tétanisée, son visage tremblait et elle essayait de canaliser sa respiration.

- C'est Léo... Avait-elle dit d'une voix qui trahissait son angoisse

Son fils l'encouragea à parler, quand elle réussit à avouer la nouvelle ça a été un choc brutal pour eux, les deux amis s'étaient regardé, ils étaient blanc comme neige, c'était tout bonnement impossible qu'il avait fait ça, alors qu'à peine hier ils étaient tous les six en train de rire. Pourquoi avait-il fait une chose pareille ? Quel problème avait-il pour justifier son acte ? Que lui est-t-il arrivé ? Le groupe d'amis s'étaient rapidement réunis devant le pont, le lieu où Léo a mis fin a sa vie. Personne n'avait compris, c'est vrai, il avait quelque problème au lycée mais rien de bien méchant pour pouvoir faire ça...

Depuis ce fameux jour, chacun des étudiants essayait de faire leur deuil à leur façon, Yoan essayait de ne pas y penser, il se noyait dans lecture, lisant plusieurs livre, tous différents les uns des autres, passant par du Molière puis finissait avec Victor Hugo.

La lecture lui permettait de se concentrer seulement sur ce qu'il lisait puis petit à petit lui venait une sorte de passion. Il avait appris à s'éloigner du monde dans lequel il vivait, de s'évader grâce au nombreux ouvrages qu'il consultait. Il savait que certaines personnes de la classe parlaient sur son dos en disant qu'il était toujours plongé dans ses livres, qu'il était « coincé du cul » comme dirait certains : mais il s'en fichait totalement. Ceci a renforcé son caractère solitaire. C'était de même pour Olivier, grâce à son intelligence en classe, il décida rapidement de se plonger dans les devoirs, il lisait des livres d'histoires, améliorait son anglais, faisait des problèmes de maths les plus difficiles... Tout cela pour oublier le passé.

Antoine a toujours eu un sale caractère, après l'événement tragique, lui contrairement à son ami Yoan, s'évadait grâce à la violence. Il s'était inscrit dans un club de boxe, il extériorisait sa rage, sa colère, son envie de crier, voulant hurler jusqu'à ce que sa gorge lui supplie d'arrêter. Dans un deuil, il y' a toujours deux attitudes diamétralement opposées chez les adolescents à avoir, certains tombent dans l'oublie en se noyant dans des choses qui leur feront tout simplement oublier comme Yoan ou Olivier, les autres quant à eux tombent dans la colère, dans la rage et l'oubli...c'est ainsi qu'a réagit Antoine il n'a pas pu le supporter.

Quant aux filles, c'était plus compliqué, tout s'était écroulé, comment ne pas sombrer dans le désespoir ? Comment réussir à s'en sortir quand l'un de vos meilleurs amis saute d'un pont ? Elena avait décidé de changer, elle s'intéressait beaucoup plus au garçons, recouvrait son visage de maquillage. Mei, elle, ignorait tout le monde, elle repoussait ses parents qui essayait de l'aider comme si le monde l'a dégoûtait, parfois elle s'énervait et se mettait à crier comme une hystérique, de même, elle restait des journées entières prostrés dans sa chambre... Elle était complètement brisée.

Mais au bout d'un an, petit à petit, ils avaient réussis à faire leur deuil : ce genre de tragédie ne peut que vous rapprocher, c'était le cas de ce petit groupe de cinq lycéens.

C'est ce jour où les véritables ennuies commencent pour eux.

En sortant du cours de onze heures, qui était physique-chimie, le groupe d'amis se réunit de suite à la pause déjeuner, comme à leur habitude. Ils aimaient se regrouper sur le toit de leur lycée pour discuter.

Alors qu'ils mangeaient leur petit sandwich préparer à la hâte le matin, leurs téléphones portables se mirent à vibrer à l'unisson.

Mei fut la première à regarder sa notification. Elle fronça les sourcils, étonnée.

- C'est bizarre... Murmura-t-elle

- T'as un problème petite geek ? Demanda Antoine la bouche pleine de nourriture.

Elena le regarda d'un regard noir.

- Ta mère ne t'as jamais appris qu'il ne faut pas parler la bouche pleine? Fit-elle remarqué à Antoine, écoeurée.

Après Mei, ce fut Elena qui regarda son téléphone. De même, les deux autres garçon suivirent le mouvement. Antoine effectua une mine surpris.

- C'est quoi ce bordel ? Je me souviens pas du tout d'avoir installé cette application sur mon téléphone...

- Toi aussi tu vient de recevoir une notification bizarre? Demanda Mei, intriguée par cette situation.

- C'est quoi ça ? Dit Elena en jetant rapidement un oeil sur son téléphone

Yoan, lui, avait laissé son téléphone dans son sac à dos, près de lui. Il n'avait pas tout de suite entendu le vibreur. Il était bien le seul. Tout le reste du groupe écarquillèrent les yeux. Il pris alors lui aussi son téléphone et découvrit à sa grande surprise qu'il avait également reçu la même notification. Le groupe s'échangèrent un regard plein d'inquiétude.

Ils ouvrirent l'application presque en même temps, une seule image recouvre alors leurs téléphone, la page de bienvenue. Cela semble être une application de jeu, au centre le nom «Ten Bloody Levels» écrit bien en rouge vif pour qu'il soit bien visible, cette couleur fait contraste avec le fond, un homme à peine visible d'une noirceur à faire froid dans le dos, son index posé devant sa bouche. En haut à gauche se trouve un chronomètre, et tout en bas, y est gravé le mot « Jouer ».

- Si ça se trouve c'est un putain de jeu ! S'excita Antoine enthousiaste

- N'importe quoi toi ! Soupira Olivier

- Ça fait flipper la photo... Commenta Mei en verrouillant son téléphone

Yoan, lui aussi fut intrigué par cette mystérieuse application. Il se demanda comment ce jeu est arrivé soudainement sur leur téléphone et pourquoi l'avoir reçu simultanément ? Il avait soudainement la fâcheuse impression que rien n'allait être comme avant, que tout allait changer du tout au tout, et il avait bien raison.

Le début de l'horreur avait déjà commencé...