thirteen

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   de son balcon, chan peut tout observer.
il voit les lumières des appartements en face du sien s'allumer et s'éteindre, les voitures faire la course dans la rue en contrebas, les adolescents discuter dans un parc avec des bouteilles d'alcool. il entend le murmure incessant du vent entre les arbres, le concert des klaxons et le brouhaha de la ville.

   il aime se poser là ; s'accouder à la balustrade, et regarder le monde autour de lui.
c'est ce qu'il sait faire de mieux.
l'australien reste quelques secondes dans la même position, à machouiller le bout de la cigarette entre ses lèvres. il sort son briquet et fait danser la flamme devant ses yeux, avant de le ranger dans sa poche.
ça fait plus de six mois qu'il a arrêté de fumer.

   il jette sa cigarette et la laisse tomber dans l'obscurité, avant de s'écarter pour rentrer dans son petit appartement.
des mois. des mois et des mois sans nouvelles de minho.
chan sait pertinemment que son cadet ne reviendra pas. il a été trop stupide pour ne pas le suivre, et c'est de sa faute.
il aurait dû saisir sa chance. il a bien essayé de l'oublier, mais sans succès : le châtain reste toujours dans un coin de sa tête.

   quelques fois, chan se surprend à sourire sans raison, une vague de nostalgie le submergeant. il se rappelle les longues nuits blanches passées côte à côte, les dessins que traçaient la fumée dans le ciel, le goût des lèvres de minho (fraise ; elles avaient un parfum de fraise), et les sorties sur l'autoroute, les fenêtres baissées et la musique écrasant leurs tympans.

   il soupire, un léger sourire tracé sur ses lèvres, et regarde par la fenêtre. il éteint la lumière de son séjour et contemple les étoiles.
ses yeux s'arrêtent sur chaque chaque petit point coloré. il tente de les compter, de s'en approcher, de voir plus loin.
"regarde les étoiles, et je les regarderais aussi. comme ça, on aura l'impression d'être ensemble."

   alors c'est ce qu'il fait.
à travers chaque astre, il imagine une destination, une situation différente.
minho est-il à l'autre bout du monde, à l'heure qu'il est ? peut-être est-il entrain de goûter aux plaisirs des pays occidentaux, ou au contraire, peut-être est-il tout près de lui.
chan ne le sait pas, et il ne le saura sans doute jamais.

   tout ce qu'il peut faire, c'est tendre la main vers la voie lactée, et imaginer.
imaginer que son amour d'un hiver, où qu'il soit, contemple les mêmes étoiles que lui.
et croire qu'un jour, un jour peut-être, leurs chemins se croiseront de nouveau.

long nights, daydreams,
sugar and smoke rings ;
i've been a fool,
but strawberries and cigarettes
always taste like you.

end.

SMOKE RINGS | chan + minho.Where stories live. Discover now